Contes populaires de toutes les Bretagne
impossible de découvrir le Château-Vert, et
qu’ils ne reverraient jamais leur sœur Yvona.
Izanig avait écouté ce que disaient ses frères.
— Je vais aller, moi aussi à la recherche du Château-Vert,
et je ne reviendrai que lorsque j’aurai revu ma sœur.
Les aînés se moquèrent d’Izanig.
— Comment pourras-tu, tout seul, trouver un chemin que
nous n’avons même pas pu découvrir à cinq ?
— C’est ainsi, dit Izanig, je veux tenter l’aventure.
On lui donna un vieux cheval fourbu, et il partit.
Comme l’avaient fait ses frères, il alla dans la direction
du soleil levant. Partout où il passait, il s’informait auprès des gens et
demandait si on connaissait le Château-Vert, mais personne ne put lui donner
une réponse. Il arriva un jour à la lisière d’une grande forêt et demanda à un
bûcheron qui se trouvait là s’il pouvait lui indiquer la route du Château-Vert.
— Je ne connais pas le Château-Vert, répondit le
bûcheron, mais, dans cette forêt, il y a une allée que l’on appelle l’allée du
Château-Vert. Elle conduit peut-être au château dont tu parles, mais je ne sais
rien de plus, car je ne suis jamais allé de ce côté.
Izanig fut joyeux d’entendre cette nouvelle. Il remercia le
bûcheron et pénétra dans la forêt. Il n’était pas encore très loin qu’il
entendit un bruit au-dessus de sa tête, comme si c’était un orage qui passait
sur la cime des arbres, avec du tonnerre et des éclairs. Il en fut très
effrayé, et son cheval aussi, de telle sorte qu’il eut beaucoup de mal à le
maintenir. Mais le bruit et les éclairs cessèrent bientôt et le temps redevint
calme et beau. Cependant la nuit approchait, et Izanig était inquiet, car la
forêt était remplie de bêtes fauves de toutes sortes. Izanig monta sur un arbre
pour voir s’il n’apercevait pas le Château-Vert ou une quelconque habitation.
Mais il ne voyait que des bois à perte de vue. Il se remit en marche.
La nuit était maintenant complète. Il faisait si noir
qu’Izanig avait bien de la peine à se diriger. Il monta sur un autre arbre pour
examiner les alentours et, quelque part, un peu plus loin, il aperçut la lueur
d’un feu. Il descendit de son arbre et s’en alla dans cette direction.
Il arriva ainsi dans une clairière où se trouvait une
vieille femme, aux dents longues et branlantes, et toute barbue, qui
entretenait un grand feu en y jetant des morceaux de bois.
— Bonjour à toi, ma tante, dit Izanig. Pourrais-tu
m’indiquer le chemin du Château-Vert ?
— Oui, vraiment, mon enfant, répondit la vieille. Je
sais où est le Château-Vert, mais ce n’est pas facile d’y aller. Il vaut mieux
que tu attendes ici jusqu’à ce que mon fils aîné soit rentré. Il te donnera des
nouvelles du Château-Vert, car il y va tous les jours. Il est en voyage, pour
l’instant, mais il ne va pas tarder à arriver. Peut-être même l’as-tu entendu
dans le bois ?
— Je n’ai vu personne dans le bois, dit Izanig, mais
j’ai entendu le tonnerre et le bruit du vent.
— C’était sûrement lui, car, ordinairement, on l’entend
partout où il passe. Tiens ! le voilà qui arrive, l’entends-tu ?
Izanig entendit en effet un vacarme pareil à celui qu’il
avait déjà entendu dans la forêt, mais encore plus effrayant.
— Cache-toi sous ces branches d’arbres, dit la vieille,
car lorsqu’il arrive, mon fils a toujours faim, et j’ai peur qu’il n’ait envie
de te manger.
Izanig se cacha du mieux qu’il put sous les feuilles. Alors
il vit un géant descendre du ciel. Dès qu’il eut touché la terre, le géant huma
l’air et dit :
— Il y a une odeur de chrétien, ici, ma mère. Il faut
que j’en mange, car j’ai grand-faim.
La vieille prit un gros bâton et le montra au géant :
— Tu veux toujours manger n’importe quoi. Mais gare à
mon bâton si tu fais le moindre mal à mon neveu, le fils de ma sœur, un garçon
bien gentil et bien sage, qui est venu me voir !
Le géant trembla de peur à la menace de sa mère et il promit
de ne pas faire de mal à son cousin. Alors la vieille dit à Izanig qu’il
pouvait se montrer et elle le présenta à son fils. Le géant dit :
— C’est vrai qu’il a l’air bien gentil, mon cousin, mais
comme il est petit, ma mère !
— Ce n’est pas tout, dit la vieille. Non seulement je
veux que tu ne lui fasses aucun mal, mais il faut encore que tu lui rendes
service.
— Quel service
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