Contes populaires de toutes les Bretagne
en boule
de feu est sans doute une divinité de l’orage. La mère du Géant est la Mère des
Vents, ou des Tempêtes. D’une façon générale, le voyage du héros est un voyage
initiatique comparable au voyage du Chaman qui s’en va, en esprit, jusqu’à la
demeure des divinités : un élément est significatif, la traversée du
torrent sur un cheveu, détail qu’on retrouve dans les traditions chamaniques et
qui montre tout ce que les contes populaires doivent aux anciens rituels
magiques que pratiquaient les druides, eux-mêmes probablement les équivalents
des chamans de l’Asie actuelle.
YANN, LE CHASSEUR
Il était une fois un chasseur du nom de Yann. Il se
nourrissait de gibier et louait ses services à ceux qui voulaient bien de lui.
Un jour qu’il s’en allait à l’aventure et qu’il passait au milieu d’une forêt,
il rencontra un cavalier tout habillé de rouge et monté sur un cheval blanc.
Le cavalier s’approcha de lui et lui dit :
— Que fais-tu par ici ?
— Ma foi, dit Yann, je cherche un maître.
— Es-tu bon tireur ?
— Certes, dit Yann, c’est mon métier.
— Très bien, dit l’homme en rouge. Veux-tu être le
gardien de mon bois ?
— Je le veux bien.
— C’est donc convenu, dit l’homme. Voici cinq sous que
je te donne. Si tu ne les donnes pas tous les cinq à la fois, tu auras toujours
cinq sous dans ta poche, aussi souvent que tu y mettras la main. Mais
attention, ne t’en sépare jamais. Puis, quand tu voudras dormir, couche-toi à
terre, n’importe où tu te trouveras, et tu seras dans un bon lit de plume.
— Cela me plaît ainsi, dit Yann.
Puis ils s’en allèrent chacun de son côté.
Yann entra dans une auberge, il y mangea et il y but et paya
avec trois sous. Mais quand il remit la main à sa poche, en sortant de
l’auberge, il y avait de nouveau cinq sous. Il se mit à parcourir le bois, son
fusil sur l’épaule. Il y avait beaucoup de gibier dans ce bois, et Yann se
disait qu’il ne manquerait pas de nourriture. Seulement, le bois semblait
n’avoir pas de fin. Il avait beau marcher dans toutes les directions, aller
toujours plus loin, il n’arrivait pas à sortir du bois. Et il ne rencontrait ni
habitation, ni aucun être humain.
Un jour, cependant, après avoir erré pendant longtemps, il
se trouva dans une grande avenue, dont les côtés étaient remplis de belles
fleurs aux parfums délicieux et où les oiseaux de la forêt semblaient s’être
tous réunis pour chanter et voltiger. Il suivit l’avenue, qui était fort
longue, et découvrit à l’extrémité une grande porte de fer.
— C’est peut-être ici que demeure le maître de la
forêt, se dit-il. Je voudrais bien le rencontrer et lui parler, car il me
semble qu’il y a déjà des années que je garde son bois. Et pourtant, je ne l’ai
vu qu’une seule fois.
Il frappa à la porte de fer. Le bruit résonna longtemps
comme lorsque une cloche est frappée par un maillet. Alors la porte s’ouvrit,
mais toute seule, car il n’y avait personne. Yann se trouva dans une immense
cour, et devant lui se dressait un château magnifique. Il remarqua une porte
ouverte. Il entra encore. C’était une vaste cuisine, mais là aussi, il n’y
avait personne.
— Ce château est peut-être abandonné, se dit Yann.
Pourquoi ne m’y installerais-je pas ?
Il s’aperçut alors qu’il y avait un bon feu dans le foyer,
et qu’un agneau y cuisait à la broche. Yann fut bien étonné, mais quand il
jugea que l’agneau était cuit à point, comme personne ne paraissait, il le
retira du feu et se mit à manger de bon appétit. Il trouva aussi des flacons
remplis d’un vin excellent et fit un repas comme il n’en avait point fait
depuis longtemps.
Quand il eut fini, il aperçut avec stupeur une main prendre
un chandelier sur la table. On ne voyait absolument que la main. Yann se
demanda s’il ne rêvait pas. Mais la main lui fit signe de le suivre. Il examina
soigneusement la main et reconnut que ce devait être une main de femme, très
fine et soignée, avec de belles bagues à ses doigts. Il se leva et suivit la
main. Tenant toujours le chandelier, la main le conduisit dans une chambre très
spacieuse où il y avait un beau lit. Puis elle posa le chandelier sur la table
et disparut.
— Voilà qui est bien étrange ! se dit Yann. Mais
après tout, je n’ai qu’à me laisser vivre. Advienne que pourra !
Il se coucha dans le beau lit et s’endormit presque tout
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