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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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maigre et décharné. Le cheval, arrivé près de lui, s’arrêta comme pour
l’inviter à monter sur son dos. Il reconnut alors que c’était son propre cheval
qu’il avait cru mort. Il eut beaucoup de joie à le retrouver. Il monta sur son
dos en disant :
    — Bénédiction sur toi, mon brave cheval, car je suis
rendu de fatigue !
    Il continua sa route et parvint à un endroit où il y avait
un grand rocher placé sur deux autres rochers. Le cheval frappa du pied sur le
rocher de dessus qui bascula aussitôt et laissa voir l’entrée d’un souterrain.
Alors une voix sembla surgir du souterrain et dit :
    — Descends de ton cheval et entre.
    Il descendit de cheval, et tenant celui-ci par la bride, il
s’engagea dans le souterrain. Une odeur épouvantable le fit suffoquer. Le
souterrain était fort obscur et il ne pouvait avancer qu’à tâtons. Au bout d’un
moment, il entendit derrière lui un vacarme comme il doit y en avoir en enfer
lorsque tous les diables se mettent à hurler.
    — Il me faudra sans doute mourir ici, pensa-t-il.
    Néanmoins, il continua son chemin sans se laisser intimider.
Il vit devant lui une petite lumière, et cela lui redonna du courage. Le
vacarme allait toujours croissant derrière lui, et il semblait se rapprocher.
Izanig pressa le pas en direction de la petite lumière qui grandissait à vue
d’œil au fur et à mesure qu’il avançait. Et bientôt, il se trouva hors du
souterrain. Mais devant lui, il y avait plusieurs chemins, et il se demandait
bien lequel il allait prendre. Il se décida à suivre celui qui faisait face au
souterrain et continua sa route droit devant lui. Il y avait beaucoup de
barrières sur ce chemin, très hautes et difficiles à franchir. Mais avec son
cheval, il réussit cependant à les passer. La route descendait à présent, et à
mesure qu’il avançait, tout lui paraissait devenir d’un vert lumineux comme
jamais il n’en avait vu. Il voyait le ciel vert, le soleil vert, et enfin, au
fond, un château vert.
    — Voici donc le Château-Vert, se dit-il, et c’est là
que se trouve ma sœur Yvona. J’approche enfin du terme de mon voyage.
    Il arriva auprès du château. Il était si beau, si
resplendissant de lumière que ses yeux en étaient éblouis. Il entra dans la
cour. Il vit un grand nombre de portes, mais toutes étaient fermées. Il parvint
à se glisser dans une cave par un soupirail, puis, de là, il monta un escalier
et se trouva dans une grande salle magnifique et remplie de lumières de toutes
couleurs. Il n’y avait personne. Izanig appela, mais en vain, car personne ne
lui répondit. Il y avait six portes qui donnaient sur cette salle, et en
approchant de l’une d’elles, Izanig fut très surpris de voir qu’elle s’ouvrait
d’elle-même. Il passa ainsi dans une autre salle, encore plus belle et plus
lumineuse. Et trois portes donnaient sur cette salle. L’une d’elles s’ouvrit
quand il arriva à proximité, et il pénétra dans une troisième salle. Alors, il
aperçut sa sœur endormie sur un lit de soie brodée d’or et d’argent.
    Il resta un instant immobile à la regarder dormir, tant elle
était belle, avec ses cheveux blonds et sa peau plus blanche que la neige. Il
admira ses lèvres rouges comme la couleur de certaines fleurs qu’on cueille au
printemps lorsque le soleil a brillé toute la journée. Il hésitait à la
réveiller. Pourtant, il se décida et s’approcha du lit. Yvona dormait toujours
et ne bougeait pas. Alors Izanig se pencha sur elle et lui donna un baiser.
    Yvona se redressa, ouvrit les yeux et dit :
    — Oh ! c’est toi, mon frère chéri ! que je
suis contente de te revoir !
    Et ils s’embrassèrent tendrement. Izanig demanda à
Yvona :
    — Et ton mari, ma sœur, où est-il donc ?
    — Il est parti en voyage, frère chéri.
    — Il y a longtemps qu’il est parti ?
    — Non, dit Yvona, il est parti depuis quelques
instants.
    — Es-tu vraiment heureuse avec lui ? demanda
Izanig.
    — Je suis très heureuse avec lui, frère chéri.
    Ils bavardèrent ainsi jusqu’au soir en se promenant à
travers le château. Quand la nuit tomba, le mari d’Yvona arriva. Il reconnut
son jeune beau-frère et témoigna de la joie de le revoir.
    — Tu es donc venu nous voir, beau-frère ?
    — Oui, répondit Izanig, mais cela n’a pas été sans mal.
    — Je le crois, car tout le monde ne peut pas venir ici.
Mais tu t’en retourneras plus facilement, car je te ferai prendre

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