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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chrétien. Il ne voulait pas aller en enfer à
la fin de sa vie. Aussi il envoya au Diable une telle volée de coups de trique
que celui-ci s’enfuit en se frottant les fesses.
    Enfin Job arriva chez le Géant. Il leva sa trique et voulut
le frapper comme il avait fait au Diable. Le Géant lui demanda ce qu’il lui
prenait. Job répondit :
    — Vous m’avez trompé. Cette toupie est une toupie
ordinaire.
    Le Géant prit la toupie et l’examina attentivement sans rien
dire. Il alla chercher une faucille et la tendit à Job.
    — Tiens, dit-il, prends cette faucille à la place.
Chaque fois que tu diras à la faucille ces paroles : « coupe, coupe
et coupe encore », il te viendra un écu au bout de ta langue.
    Pendant le chemin du retour, Job dit à sa faucille :
    — Coupe, coupe et coupe encore !
    Effectivement, il sentit qu’il avait un écu au bout de sa
langue. Il répéta les paroles si souvent qu’il ne pouvait plus rien mettre dans
ses poches. Alors, il pensa à la vieille femme qui lui avait donné les ciseaux.
Il alla chez elle, entra dans la maison et la récompensa du service qu’elle lui
avait rendu.
    Cependant, la nuit le surprit de nouveau et il entra dans la
même auberge que lors de son premier voyage. Avant de monter se coucher, il
confia sa faucille à l’aubergiste.
    — Surtout, dit-il, ne t’avise pas de dire à la
faucille : « coupe, coupe et coupe encore ».
    — Non, non répondit l’aubergiste, sois sans crainte.
    Mais dès que Job fut endormi, l’aubergiste ne put résister à
sa curiosité. Il pensait bien que la faucille était un objet magique comme la
toupie. Il dit à la faucille :
    — Coupe, coupe et coupe encore !
    Aussitôt il sentit que sa langue était plus lourde que
d’habitude et quelle ne fut pas sa surprise en voyant tomber un écu d’or à
terre. Il garda la faucille, bien entendu, et remit à Job une autre faucille
qui lui ressemblait.
    Le lendemain, après avoir bien mangé, Job repartit sans
s’apercevoir qu’on lui avait changé sa faucille. Une fois arrivé à la maison,
il dit à sa femme :
    — Maintenant, prépare une grande caisse pour mettre
tout l’argent que je vais tirer de ma bouche.
    La femme alla chercher un grand coffre de bois. Alors Job
dit à la faucille :
    — Coupe, coupe et coupe encore !
    Mais il avait beau ouvrir la bouche et répéter ces paroles,
rien ne venait au bout de sa langue. La femme de Job lui fit une scène
abominable. Heureusement, il lui restait de l’argent dans les poches pour
acheter de la viande et du pain.
    Le lendemain matin, de bonne heure, Job partit en direction
de la demeure du Géant. Cette fois, il était bien décidé à se venger des
affronts qu’il venait de subir. Il avait emmené son grand bâton afin de donner
au Géant une correction dont il se souviendrait. À un carrefour de trois
routes, il rencontra encore le Diable. Cette fois, celui-ci n’était pas
seul : il avait avec lui une quinzaine de personnages qui lui ressemblaient.
Le Diable dit à Job :
    — As-tu bien réfléchi ? Veux-tu te marier avec ma
fille, oui ou non ?
    — Non ! répondit Job.
    — Alors, dit le diable à ses compagnons, emportez-moi
ce maudit chrétien et qu’on le fasse bien souffrir.
    Mais Job était plus dur que cela. Il n’avait pas l’intention
de se laisser faire. Il prit son grand bâton et leur administra à tous une
correction dont ils doivent se souvenir s’ils vivent encore.
    Enfin il arriva à la demeure du Géant. Il entra et le trouva
assis au coin du feu. Très en colère, Job lui dit :
    — Tu te moques de moi parce que tu es plus fort, ou du
moins le crois-tu ! De deux choses l’une : ou tu me rends mon
chanvre, ou je te fends le crâne !
    Le Géant lui répondit :
    — Je ne vois pas ce que tu as à me reprocher. Je t’ai
dédommagé pour ton chanvre et ce n’est pas ma faute s’il t’est arrivé des
ennuis. Néanmoins je veux te prouver ma bonne volonté. Voici un bâton qui te
rendra service, je t’assure. Quand tu voudras t’en servir, tu n’auras qu’à
dire : « allons, bâton, au travail ! »
    Job se dit que peut-être le Géant avait raison. Il le
remercia et s’en alla. Sur le chemin, il dit au bâton :
    — Allons, bâton, au travail !
    Et voilà que le bâton se mit à lui administrer une volée de
coups. Et il frappait, frappait toujours plus fort, et Job ne savait comment
s’en débarrasser. Heureusement pour lui, le Géant arrivait

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