Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
contient
nous appartiendront.
    Elle disparut aussi vite qu’elle était venue.
    Le jour suivant, Yann passa son temps comme la veille, en se
promenant dans le château et les jardins. Jamais il n’avait vu d’aussi
merveilleuses fleurs, jamais il n’avait senti d’odeur plus délicieuse que celle
qui émanait de ces fleurs. Yann se demandait avec une certaine anxiété ce qui
allait lui arriver durant la nuit, mais il avait confiance en la parole de la
princesse.
    Le soir, Yann dîna de bon appétit, et il se rendit aussitôt
après dans la chambre.
    Comme les deux nuits précédentes, les trois personnages
arrivèrent vers minuit. Ils s’assirent à la table et commencèrent à jouer aux
cartes. Mais l’un d’eux dit au bout d’un moment :
    — Je suis sûr qu’il y a un chrétien ici !
    Il chercha et trouva Yann dans le lit.
    — Encore lui ! dirent-ils. Comment se fait-il
qu’il soit encore vivant ?
    Cette fois, ils l’écartelèrent et le hachèrent menu comme
chair à pâté. Puis ils le firent cuire sur un feu d’enfer, dans une grande
marmite, et ils l’avalèrent gloutonnement jusqu’au dernier morceau, sans même
oublier les os.
    Au chant du coq, ils partirent en disant :
    — À moins qu’il ne soit sorcier, c’en est fait de lui
et nous ne le reverrons plus jamais. Heureusement, car s’il était encore
revenu, nous aurions perdu tout pouvoir sur ce château. Mais comment
pourrait-il revenir alors que nous l’avons mangé tout entier…
    Aussitôt qu’ils eurent franchi la porte, la princesse arriva
dans la chambre. Cette fois, elle était visible de la tête aux pieds. C’était
une ravissante jeune fille, la plus belle qu’on eût jamais vue. Elle se mit à
chercher partout dans la chambre afin de trouver un petit morceau du corps de
Yann. Mais, les trois affreux personnages avaient eu le soin de tout manger, et
elle commençait à se désespérer lorsqu’elle découvrit, dans un recoin, l’ongle
de son petit orteil. Elle fut très contente et se mit à frotter l’ongle avec
son onguent. Elle frotta tant et si bien que bientôt le corps de Yann fut
entièrement reconstitué.
    — Ah ! que j’ai bien dormi, dit Yann en étirant
ses membres.
    — Victoire ! dit la princesse. Nous sommes sauvés.
Le sortilège qui pesait sur nous est maintenant dissipé. Tout ce qui est ici
t’appartient, ô jeune homme courageux.
    En même temps, on vit surgir de partout des hommes et des
femmes de toute condition. Ils venaient remercier Yann de les avoir délivrés.
Puis ils s’en allèrent dans toutes les directions pour retourner dans leur
pays.
    Quant à Yann, il épousa la princesse et demeura dans le
château.
    Pluzunet (Côtes-du-Nord).
     
    Ce conte
constitue un des épisodes d’un récit recueilli par J. -M. Luzel au
XIX e  siècle. Le thème est celui du héros libérateur
d’un pays ou d’un château sous le coup d’un sortilège. On reconnaît évidemment
le thème du Château de la Douloureuse Garde dans le récit médiéval du Lancelot
en prose, ainsi que celui du royaume du Graal, frappé de stérilité et que doit
rénover le héros sans peur et sans tache. J’ai publié, dans la Tradition
celtique en Bretagne armoricaine , p. 262-266, un conte intitulé le Château dans les
Airs , dont il
existe deux versions en Cornouaille et dans le Vannetais bretonnant, et qui
présente certaines analogies avec notre récit.
JOB ET LE GEANT
    Job était un pauvre fermier des environs de Scrignac. Il
travaillait dur et gagnait péniblement sa vie et celle de sa femme. Il
cultivait surtout le chanvre.
    Or, dans les souterrains d’une forêt voisine, il y avait, en
ce temps-là, un géant qui, lorsqu’il sortait, ravageait et pillait tout ce
qu’il trouvait. Une nuit, le Géant passa sur les terres de Job et lui enleva
tout le chanvre qu’il comptait rentrer à la maison le matin même. Toute sa
récolte disparue, le pauvre homme était ruiné. Il se dit que cela ne pouvait
être ainsi.
    C’est pourquoi, le lendemain, en dépit des larmes de sa
femme qui voulait absolument le retenir, il se mit en route de bonne heure. Il
voulait aller trouver le Géant et lui redemander son chanvre. Le temps était
chaud, et Job eut soif. Il entra dans la chaumière d’une vieille femme qui lui
donna de l’eau à boire.
    — Où vas-tu ? lui demanda la vieille femme.
    — Ah ! ma tante, répondit Job, je vais chez le Géant
qui m’a volé mon chanvre afin de le lui

Weitere Kostenlose Bücher