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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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réclamer.
    — Pauvre homme ! tu ne sais pas à quoi tu
t’exposes. C’est sûr, le Géant te mangera.
    — Eh non, dit Job, il ne me mangera pas car je n’ai pas
peur de lui.
    — Tiens, lui dit la vieille, puisque tu veux absolument
y aller, prends ces ciseaux : quand tu verras le Géant, tu remueras les
ciseaux devant lui pour qu’il les voie, et tu ne manqueras pas de lui
dire : « je coupe de la toile, je peux couper le diable, et toi aussi
si tu ne me donnes pas satisfaction ! ».
    Job s’en alla, réconforté et désaltéré. Il marcha encore
longtemps. À la fin, il arriva dans le bois et chercha la demeure du géant. Il
vit une porte qui avait été construite dans le rocher. Il frappa et une femme
vint lui ouvrir, qui lui dit :
    — Malheureux imprudent ! c’est ici la demeure du
géant. Il n’est pas là pour l’instant, mais il va bientôt rentrer, prends bien
garde qu’il ne te mange !
    — Je le sais, dit Job.
    — Mais pourquoi es-tu venu ici ?
    — Ah ! madame, le géant m’a pris mon chanvre et je
veux qu’il me le rende ou qu’il me dédommage.
    — Bon, dit la femme. En attendant, cache-toi sous le
lit.
    À peine était-il caché sous le lit que le Géant entra. Il
renifla très fort et fronça les sourcils.
    — Je sens de la chair fraîche ici, dit-il.
    — Non, lui dit la femme, ce sont nos enfants.
    — Bien, alors, dit le Géant.
    Et il s’en alla s’asseoir près du feu. C’est alors que Job
sortit de dessous le lit. Il se plaça devant le géant, fit remuer ses ciseaux
et dit :
    — Je coupe de la toile, je peux couper le diable, et
toi aussi si tu ne me rends pas mon chanvre.
    Le Géant eut peur, parce qu’il croyait que les ciseaux
avaient un pouvoir magique. Il ouvrit un tiroir et prit une toupie. Puis il dit
à Job :
    — Je n’ai plus ton chanvre, mais je vais te faire un
cadeau. Chaque fois que tu voudras manger, tu n’auras qu’à dire ces mots à la
toupie : « Toupie, fais ta journée ». Alors tu n’auras à
t’inquiéter de rien et il te viendra un grand festin.
    Job s’en alla tout heureux avec sa toupie. En route, comme
il avait faim, il dit à la toupie de faire sa journée. Aussitôt, les mets les
plus rares et les plus délicats s’étalèrent devant lui : il y eut du
poulet, du faisan, du rôti, du vin, des liqueurs et bien d’autres bonnes
choses. Quand il eut mangé et bu assez, il repartit. Et tous ceux qui passaient
par là mangeaient et buvaient.
    La nuit venait et Job était fatigué. Job entra dans une
auberge et demanda une chambre pour dormir.
    — Volontiers, lui répondit-on.
    Avant d’aller se coucher, Job confia sa toupie à
l’aubergiste et lui dit :
    — Surtout, ne t’avise pas de dire à la toupie de faire
sa journée.
    — Non, non, sois sans crainte, répondit l’aubergiste.
    Job monta se coucher. Mais pendant le reste de la soirée,
l’aubergiste se demanda ce que Job avait bien voulu dire. Ne pas dire à une
toupie de faire sa journée, qu’est-ce que cela pouvait signifier ? À la
fin, poussé par la curiosité, il prit la toupie et dit :
    — Toupie, fais ta journée !
    Aussitôt la table se trouva chargée des mets les plus fins
et les plus savoureux. Et il y en avait, et il y en avait ! L’aubergiste
n’en revenait pas. Ce soir-là, d’après les gens qui se trouvaient là, il y eut
un grand festin où l’on mangea et but abondamment. Quant à l’aubergiste, il
décida de garder la toupie pour lui et s’arrangea pour donner à Job une autre
toupie qui lui ressemblait.
    Job partit le lendemain matin, sans s’apercevoir qu’on lui
avait changé sa toupie. Il arriva dans sa maison et dit à sa femme :
    — Maintenant, on n’a plus besoin de travailler. J’ai un
trésor.
    — Quoi ? se récria la femme, une toupie ? si
c’est tout ce que tu as, ce n’était pas la peine d’aller si loin pour une si
petite chose.
    — Attends un peu, dit Job.
    Il mit la toupie sur la table et dit :
    — Toupie, fais ta journée !
    Mais, à sa grande stupéfaction, la table resta vide. Fuyant
la colère de sa femme, Job sortit de la maison. Il se dit que le Géant lui
avait joué un mauvais tour mais que cela ne se passerait pas comme cela. Il
reprit le chemin de la demeure du géant. À un carrefour de trois routes, il
rencontra le Diable qui lui dit :
    — Job, si tu veux, je te donnerai ma fille en mariage.
Elle est jolie et en plus il ne te manquera rien.
    Job était bon

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