Contes populaires de toutes les Bretagne
dans les bois pour
chasser. Il vit Job en mauvaise posture. Il s’approcha et lui dit :
— J’avais oublié de te dire que, pour l’arrêter, il
suffisait de dire : « Hô là, hô ! »
— Hô là, hô ! dit alors Job.
Et le bâton s’arrêta immédiatement. Job remercia le géant et
reprit son chemin.
Comme les deux autres fois, il alla passer la nuit dans la
même auberge, mais ce soir-là, il monta se coucher sans souper. Il avait prévenu
l’aubergiste qu’il ne fallait pas dire à son bâton de faire son travail.
Bien entendu, dès que Job fut couché, l’aubergiste n’eut
qu’une idée en tête, essayer le bâton. Il dit :
— Allons, bâton, au travail !
Aussitôt le bâton commença à envoyer des coups et des coups.
L’aubergiste, qui était l’un des hommes les plus forts de la contrée, essaya de
l’arrêter, mais il en eut le poignet meurtri. Le bâton cassait tout, les
meubles, les bouteilles, les assiettes. Job entendit un bruit épouvantable et
se leva pour aller voir ce qui se passait. Quand il vit son bâton au travail,
il comprit tout de suite que c’était l’aubergiste qui lui avait volé sa toupie
et sa faucille.
Le bâton redoublait de coups. Tout le monde criait dans la
maison. Quand l’aubergiste se cachait parmi les meubles brisés, le bâton le
suivait et le dénichait. L’aubergiste vit enfin Job qui riait franchement.
— Job ! fais arrêter ton bâton, je t’en
supplie !
— À une condition, dit Job, que tu me rendes ma toupie
et ma faucille.
— Je te le promets, dit l’aubergiste.
Alors Joseph fit arrêter son bâton et l’aubergiste, les
vêtements déchirés et les membres rompus lui rendit sa toupie et sa faucille.
Et Job s’en alla tout joyeux.
Arrivé à la maison, au grand étonnement de sa femme, il commença
par remplir une caisse d’or et par faire un vrai festin. Si, par la suite,
quelqu’un venait lui chercher querelle, il le faisait battre par son bâton. Il
devint très riche.
Or, un soir, des voleurs qui demeuraient dans la forêt
voisine, entendirent parler de ses richesses. Ils furent une centaine à venir
pour essayer de le voler. Mais au moment où ils allaient entrer dans la maison,
Joseph dit à son bâton :
— Allons, bâton, au travail !
Et aussitôt le bâton se mit au travail. Les voleurs reçurent
une correction comme jamais ils n’en avaient eu. La plupart eurent les membres
brisés. Ils partirent et se gardèrent bien de revenir à la maison de Job.
Job, depuis ce temps, est heureux. Avec sa famille, il vit
dans un beau château. Il a eu huit enfants.
Voilà l’histoire de Job et du Géant.
Scrignac (Finistère).
Ce
conte, dont une version plus longue et plus compliquée a été recueillie par
J. -M. Lunel, a été collecté en 1906 par des élèves de sixième du
Collège de Morlaix. Malgré la forme quelque peu humoristique sous laquelle il
se présente, on y retrouve un thème mythologique fréquent dans la tradition
celtique, celui du jeune homme un peu naïf qui, par suite de circonstances qui
le dépassent, s’empare de trois objets de l’Autre-Monde (le Géant) et les utilise
à son profit.
SAINT GWENNOLÉ ET LE DIABLE
Le Diable alla trouver un jour saint Gwennolé dans son
ermitage, et il lui dit :
— On vante partout ton habileté. Je n’en crois pas un
mot. Je te lance un défi : travaillons à qui fera la plus belle maison.
Es-tu d’accord ?
— Je le veux bien, dit Gwennolé.
Ils se mirent tous deux à l’ouvrage. Le Diable dressa ses
plans, prit ses mesures, appela sa mère à son secours, et dès que la nuit fut
obscure, il commença à bâtir un grand et fier logis tout en pierres de taille.
On était en plein cœur de l’hiver, les nuits étaient fort longues et le Diable
eut donc tout son temps pour mener son œuvre à bien.
Le lendemain matin, Gwennolé vint voir la maison du Diable.
— Que dis-tu de mon travail ? demanda celui-ci en
se rengorgeant.
— Je n’ai rien à y reprendre, dit Gwennolé, la
construction est solide et de belle apparence mais viens à ton tour te rendre
compte de mon travail.
Comme ils approchaient de l’endroit ou Gwennolé avait
construit sa maison, la lumière devint plus brillante que jamais. Pourtant, le
soleil était encore au-dessous de l’horizon. Arrivé devant la construction de
Gwennolé, le Diable resta stupéfait d’étonnement. L’édifice était long, large,
élevé, flanqué de belles tourelles.
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