Contes populaires de toutes les Bretagne
le
protègent et nous ne pourrons rien contre lui tant qu’ils seront avec lui.
Les géants réfléchirent et imaginèrent une belle ruse. Ils
obtinrent de la fille qu’elle leur obéirait en tous points et ils lui promirent
de belles récompenses.
Quand Yann rentra de la chasse, il trouva sa sœur allongée
sur le lit.
— Je suis malade, dit-elle. Il faut que tu ailles me
chercher un remède. J’ai toujours su que pour ce genre de maladie, il n’y a que
le lait de chèvre qui puisse être de quelque secours.
— Du lait de chèvre ? C’est facile, dit Yann.
Il sortit de la forêt et se précipita vers l’endroit où il
avait rencontré la vieille femme. Il la trouva en train de ramasser du bois
mort tout en gardant la chèvre.
— Ma tante, lui dit-il, reprenez vos chiens et
rendez-moi ma chèvre. Ma sœur est malade et je sais qu’elle mourra si elle ne
boit pas de son lait.
La vieille femme le regarda d’un air étrange.
— Qu’il soit fait selon ton désir, dit-elle. Mais je
souhaite que tu n’aies pas à regretter ton bon cœur.
Yann revint rapidement à la maison de la forêt avec sa
chèvre. Là, une terrible surprise l’attendait : les vingt-quatre géants se
trouvaient devant la porte et ils l’accueillirent avec de grands éclats de
rire.
— Ah ! dirent-ils. Voici donc le fier
chasseur ! Il y a longtemps que nous te cherchions, car nous avons des
comptes à régler entre nous.
Sans autre explication, ils se saisirent de Yann et le
précipitèrent dans un puits dont le fond était rempli d’ossements. Puis ils
bouchèrent l’orifice avec une énorme pierre et s’en allèrent avec la fille.
Yann, au fond du puits, se voyait mal parti. Aussi quelle
imprudence avait-il commise en se séparant de ses chiens. Cela ne serait jamais
arrivé s’il en avait gardé au moins un. Et tout à coup, il pensa qu’il avait
encore le sifflet que lui avait donné la vieille femme pour les appeler. Il le
tira de sa poche et siffla très fort. Aussitôt il entendit des aboiements
joyeux.
Les chiens étaient autour du puits. En un instant, ils
déplacèrent la pierre qui bouchait l’orifice. Brise-Fer la mit proprement en
pièces, tandis que Rapide-comme-le-Vent descendait le chercher au fond de son
puits.
La première chose qu’il fit, ce fut de remercier ses chiens.
Ils étaient tout heureux d’avoir retrouvé leur maître, et lui, il se promit de
ne jamais plus se séparer d’eux. Ensuite, il partit à la recherche de sa sœur.
En revenant à la maison, il eut une autre mauvaise surprise.
Il s’attendait à trouver sa sœur prisonnière des géants, mais au lieu de cela,
il la vit en train de festoyer joyeusement avec les géants. Il y en avait un
qui semblait d’ailleurs bénéficier de ses faveurs, car elle l’embrassait à qui
mieux mieux pendant que les autres applaudissaient bruyamment en levant leur
coupe remplie de vin. Yann comprit alors qu’il avait été trahi par sa propre
sœur. Une violente colère monta en lui.
— Maudite ! cria-t-il. Ta trahison ne te profitera
pas !
Et il lança ses chiens sur la bande. Les choses ne
traînèrent pas. Les géants ne faisaient pas le poids devant ses trois chiens.
Leurs crocs acérés eurent vite raison de leur résistance. La fille et les
vingt-quatre géants furent tués en un instant.
Yann ne s’attarda pas dans cet endroit. Il sortit de la
forêt avec ses chiens et s’en alla sur la route.
Il atteignit bientôt une grande ville, mais en pénétrant
dans la ville, il n’aperçut que des gens tristes. Il leur demanda la raison de
leur tristesse.
— Hélas ! lui répondit-on. Nous sommes tristes
parce que la fille de notre roi va être livrée à un odieux dragon qui la
dévorera. L’histoire remonte très loin. Autrefois, une de nos reines éprouva le
désir de manger un fruit du Jardin des Fées. Une fée lui apporta un fruit, mais
avant de le lui donner, elle posa comme condition que la reine devrait lui
remettre une de ses filles afin qu’elle fût élevée au palais des fées et
qu’elle devînt elle-même une puissante fée. La reine avait promis, mais quand
il fut question de laisser partir la fille, le roi s’y opposa. La vengeance des
Fées fut effroyable. Elles lancèrent sur le royaume quatre monstres qui
semèrent l’épouvante et la dévastation. Il fallut que le roi demandât merci. Il
s’engagea à conduire en personne sa fille aux fées. Mais celles-ci estimèrent
que la satisfaction
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