Contes populaires de toutes les Bretagne
n’était pas suffisante. Elles retirèrent trois des
monstres, mais laissèrent le quatrième. Chaque année, on doit lui amener une
jeune fille pour lui servir de pâture. Déjà les plus belles filles de notre
ville ont été dévorées par le monstre, et aujourd’hui c’est au tour de la fille
de notre roi de se sacrifier.
— Mais, dit Yann, n’a-t-on pas essayé de tuer le
monstre ?
— Bien sûr que si. Mais tous ceux qui se sont risqués à
lutter contre lui ne sont jamais revenus. C’est un énorme dragon qui a sept
têtes et sept cornes, et sa vue seule glace de terreur tous ceux qui se
risquent dans les alentours.
— Eh bien, dit Yann, voici une occasion pour moi. Je
vais aller voir cela de plus près.
Les habitants de la ville essayèrent de le retenir en lui
disant qu’il courait à sa perte. Il ne les écouta pas et s’en alla, en
compagnie de ses chiens, vers la colline où se trouvait le dragon.
Comme il arrivait à mi-chemin, il aperçut la princesse qui
était affalée contre un arbre, à l’entrée d’un bois. Son visage était pâle et
la terreur ravageait ses traits.
— Prenez courage, lui dit Yann, je vous promets que le
monstre ne vous fera pas de mal.
La princesse se retourna vers lui. Elle murmura :
— Comment se fait-il que vous soyez là ? N’est-ce
pas assez d’une victime ?
— Il n’y aura pas d’autre victime que le monstre, dit
Yann.
Et il reprit son chemin vers le sommet de la colline. Le
dragon guettait à l’entrée d’une sombre grotte. Quand il aperçut Yann, il se
mit à agiter furieusement ses têtes et ses cornes.
— C’est le moment, dit Yann. Allons, Chasseur ! à
toi l’honneur.
Le brave chien s’élança. Il enfonça ses crocs dans le dos du
dragon, tandis que celui-ci poussait des rugissements et lançait des flammes
par toutes ses gueules.
Puis ce fut au tour de Rapide-comme-le-Vent : il
s’élança contre le monstre, le mordant aux têtes, aux oreilles et à la longue
queue pleine d’écailles. Il harcela sans répit le dragon, le fatiguant et le réduisant
à merci.
Brise-Fer et Yann achevèrent la besogne. En quelques coups
de dents, le chien arracha les cornes et broya les têtes, et avec son épée,
Yann perça le cœur du monstre. Un filet de sang noirâtre inonda le sol. Le
terrible dragon était mort.
La princesse, qui avait assisté de loin au combat,
s’approcha en tremblant.
— Étranger, dit-elle, vous m’avez sauvée sans me
connaître. Personne dans mon pays, n’a eu un tel courage. Si vous le voulez, je
serai votre épouse.
— Je ne peux pas vous épouser pour l’instant, dit Yann,
car j’ai des affaires à régler, et je ne peux rester ici. Mais je ne refuse
pas.
— Alors, dit la princesse, prenez ce mouchoir qui est
brodé à mon chiffre. Si vous le montrez à mon père, le roi, il saura
reconnaître celui qui a sauvé sa fille et qui a débarrassé le pays d’un
terrible fléau.
Yann prit congé de la princesse. Mais avant de partir, il
coupa les sept langues du monstre et les emporta avec lui. Ce n’était pas vrai
qu’il avait des affaires à régler, mais, depuis qu’il avait tué sa sœur, il
était plongé dans le remords. Il n’osa même pas revenir à la maison dans la
forêt. Alors, il eut une idée : il alla trouver la vieille femme qui lui
avait donné les chiens.
Il la rencontra dans un bois où elle ramassait du bois mort.
— Ma tante, dit-il, j’ai commis une bien vilaine action
en tuant ma sœur. Il est vrai qu’elle m’avait trahi et qu’elle avait accepté
que je meure, mais c’est égal, je n’aurais pas dû le faire. Je ne sais pas ce
que je vais devenir maintenant.
— Tu auras toujours aussi bon cœur et cela te jouera
encore de vilains tours, dit la vieille femme. Aussi vais-je te donner le moyen
de faire revivre ta sœur, mais en la rendant meilleure qu’elle ne l’était.
Voici une petite fiole qui contient de l’eau de la Fontaine de Vie. Tu vas
verser un peu de cette eau sur le corps de ta sœur, puis tu feras chauffer un
grand four à pain et tu la mettras dedans. Elle en sortira vivante et purifiée
de toutes ses méchancetés.
Yann remercia la vieille femme, et toujours suivi de ses
trois chiens, il retourna à la maison de la forêt. Les corps de sa sœur et des
vingt-quatre géants se trouvaient toujours là. Il versa quelques gouttes de
l’eau de la Fontaine de Vie sur le corps de sa sœur, il fit chauffer le four à
pain et la mit
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