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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Mikaël, se détacha du groupe et alla examiner ce qui se passait.
    — Oh là ! cria-t-il à ses compagnons. Tirez dur,
mes amis ! si nous tenons ce morceau, je crois que notre pêche est
finie !
    En effet, au fond du filet, il y avait un énorme poisson et
il se débattait en vain. Les jeunes gens redoublèrent d’efforts, et bientôt ils
purent voir le monstre qui se roulait sur le sable et qui soufflait avec
violence. On décida qu’on l’emporterait sur une sorte de civière faite avec des
filets repliés.
    On se mit en marche, mais on n’avançait pas sans peine,
tellement la charge était lourde. Et de plus, le poisson gigotait comme un
forcené. On enfonçait dans le sable, et les pantalons mouillés mordaient dans
la peau.
    Enfin, au bout d’une demi-heure, après avoir fait plusieurs
haltes, ils atteignirent le pont de Porh-en-Dro. Là, il y avait une brouette.
On y mit le poisson, car il serait ainsi plus facile à transporter. On était
sur la grande route, il n’y avait plus qu’à pousser la brouette. Ce fut donc
avec un grand soupir de soulagement que les pêcheurs se débarrassèrent de leur
fardeau qui devenait de plus en plus lourd.
    Mais le poisson était encore bien vivant. À peine
l’avaient-ils déposé à terre qu’il leur échappa des mains et se mit à trotter
sur le pont. Ce n’était plus un poisson, c’était un homme de grande taille qui
retournait en riant vers la côte. Alors les pêcheurs s’écrièrent :
    — C’est Kollé Porh-en-Dro !
    Et ils s’enfuirent dans toutes les directions, peu soucieux
de rester auprès de celui qui jouait de si mauvais tours.
    Un autre soir, en hiver, à Beaumer, toutes les lumières
étaient déjà éteintes. Il y avait là autrefois une petite caserne où résidaient
les douaniers qui surveillaient la côte. On n’entendait plus que le bruit sourd
des vagues. Cependant tout le monde ne dormait pas. Deux hommes s’avançaient le
long de la mer : c’étaient deux des douaniers qui, selon la règle,
faisaient leur ronde pour voir si quelque bateau n’abordait pas, chargé de
tabac et d’alcool.
    Ils avaient déjà traversé la falaise nommée En Iniseguen [6] ,
non loin de Beaumer, et marchaient tranquillement en devisant sur la belle
plage de sable fin qui s’étend de Beaumer à Porh-en-Dro. Tout à coup, un cri de
détresse vint frapper leurs oreilles.
    — Noang ! Noang ! criait la voix.
    L’un des douaniers s’appelait Noang. Quand il entendit son
nom, il jeta bas ses armes et courut vers la mer pour aller porter secours au
malheureux qui paraissait se noyer. Il était sur le point de se précipiter dans
les flots quand son compagnon l’arrêta en disant :
    — Attends ! attends qu’il y ait un second
cri !
    Noang attendit quelques instants. L’appel de détresse ne se
renouvela pas. Noang et son compagnon avancèrent à la limite de l’eau. Tout à
coup ils aperçurent un homme de grande taille qui marchait sur la mer et ils
l’entendirent pousser de grands éclats de rire.
    — Tu vois ! dit son compagnon à Noang. Un peu
plus, tu devenais la victime de ce maudit Kollé Porh-en-Dro ! On m’a déjà
parlé de lui, et c’est pourquoi je me suis méfié. Je suis sûr qu’il t’aurait
tué en te noyant.
    Et les deux douaniers se hâtèrent de rentrer à Beaumer.
    Quelques jours plus tard, dans la maison des Guennek, tout
le monde était dans la peine. On avait en effet perdu la vache noire, la plus
belle de l’étable, et personne ne savait ce qu’elle était devenue. Pourtant
chacun s’était mis en campagne. Mais les recherches avaient été vaines, et à
neuf heures du soir, la vache n’était toujours pas rentrée à l’étable.
    Désespéré, Guennek résolut de la chercher encore, dût-il y
passer toute la nuit. Il allait et venait sur les landes lorsqu’enfin il
aperçut une forme qui bougeait dans l’ombre. Il s’approcha. Oui, c’était bien
elle ! il avait retrouvé sa vache noire, c’était bien la sienne. Elle
broutait tranquillement au carrefour de trois chemins.
    Il est inutile de dire combien Guennek fut heureux d’avoir
retrouvé sa vache noire. Il regagna donc le village de Beaumer, et après avoir
attaché la coureuse dans l’écurie, il s’en alla dormir.
    Tout à coup, au milieu de la nuit, des meuglements horribles
réveillèrent la famille en sursaut. On aurait dit que les vaches
s’entretuaient. Guennek sauta rapidement au bas de son lit et se précipita

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