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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bonheur si vous avez de beaux enfants, et si
aucun n’est comme moi, petit et laid. Car vous êtes grands et forts, et vous
devez avoir des enfants qui vous ressembleront.
    Il rit.
    — Mais prends garde, princesse, de ne pas recommencer à
te moquer des Korrigans. J’ai de nombreux frères, et si tu les insultes, ils ne
te pardonneront pas, eux, et au lieu d’avoir des enfants comme toi, tu auras
des Korrigans.
    Port-Louis (Morbihan).
     
    Ce conte
est presque une histoire morale où il est démontré qu’on ne doit pas se moquer
des gens laids ou petits. Mais le thème de la fécondation par un fruit, noix ou
pomme, est très fréquent dans les récits légendaires bretons ainsi que dans la
tradition littéraire ancienne du Pays de Galles et de l’Irlande. C’est donc un
souvenir mythologique qui s’actualise ici dans un conte à tendances
moralisatrices.
KOLLÉ PORH-EN-DRO
    Sur la grève de Carnac, il y avait jadis une grotte
profonde : c’est là que vivait Kollé Porh-en-Dro, le taureau de
Porh-en-Dro, qui jouait de si vilains tours aux humains. On s’en souvient
encore dans toutes les maisons de la côte, et ce n’est pas sans raison qu’on a
donné son nom à une roche bien connue dans le pays. Demandez à quelqu’un s’il
sait ce que signifie le nom de Karreg Kollé Porh-en-Dro  :
il se signera avant de vous répondre que c’est la Pierre du Taureau de
Porh-en-Dro, l’endroit où il se trouvait le plus souvent, et d’où il partait
pour ennuyer les hommes et les femmes qui s’attardaient sur la côte ou dans la
campagne, les soirs où il n’y avait pas de lune.
    Or, une certaine nuit d’automne, la tempête grondait :
le bruit des vagues qui déferlaient sur la plage se mêlait sinistrement aux
sifflements du vent. Au village de Légenesse, tout le monde dormait, et les
bonnes gens se reposaient après une dure journée de labeur. Tout à coup, on
entendit une grosse voix crier :
    — Au goémon ! au goémon ! Il y a du goémon plein
la côte !
    Les habitants se réveillèrent au son de cette voix qu’ils
reconnaissaient bien : c’était celle de Grégoire, le vagabond, qui avait
coutume de passer au bord de la mer une bonne partie de ses nuits. Ils se
levèrent donc en toute hâte, bien contents de l’aubaine, et s’en allèrent au
rivage, leur fourche à la main. Effectivement, quand ils arrivèrent à la
falaise, ils virent une grosse quantité de goémon. Ils attendaient cela depuis
si longtemps qu’ils remercièrent Dieu de leur avoir apporté tant d’algues à la
fois. Chacun se mit donc à l’œuvre. La besogne était facile : il n’y avait
qu’à ramasser. À mesure que le goémon était entassé, une grosse vague arrivait,
chargée de nouvelles algues.
    Pendant trois quarts d’heure, tout alla pour le mieux. Les
hommes n’en revenaient pas de cette moisson inespérée. Ils se réjouissaient
d’avoir leur provision de goémon pour toute l’année. Mais soudain, sans qu’on
pût savoir comment, le goémon qu’ils avaient amassé disparut.
    Frappés de stupeur, les travailleurs se regardèrent. Puis
ils se mirent à fouiller les rochers, au bas de la falaise. Rien, il n’y avait
plus rien.
    Alors, on entendit de formidables éclats de rire et des
battements de mains. Debout sur un rocher, au milieu des lames, un homme d’une
taille gigantesque frappait ses mains l’une contre l’autre. On ne distinguait
pas très bien ses traits, mais on l’entendait rire. Et cela dura un bon bout de
temps. Après quoi il disparut comme s’il s’était jeté dans la mer.
    Et jamais plus on ne retrouva le goémon. C’est ainsi que
Kollé Porh-en-Dro se fit connaître aux habitants de Légenesse.
    Un autre soir, des jeunes gens se trouvaient, à onze heures
du soir, près d’un gros rocher nommé Karreg Vernardé .
Ils étaient occupés à pêcher au filet, pour se délasser de leur travail de la
journée.
    Ils tiraient tous leur filet en silence, par peur d’effrayer
les poissons. Mais ils avaient beau tirer, rien ne venait et il semblait que
les poissons, qu’ils remarquaient pourtant à travers les mailles, parvenaient à
s’échapper et à retourner dans la mer. Ils tiraient, pleins de courage,
espérant toujours retirer de quoi manger pendant plusieurs jours, mais plus ils
tiraient, moins le filet venait. Bientôt tout effort fut inutile : le
filet ne pouvait plus être retiré.
    Croyant qu’il était accroché à une roche, l’un des pêcheurs,
nommé

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