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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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victime d’une tentative d’assassinat…
    — Mon Dieu, quel draaame ! J’espère qu’il s’en remeettra.
    — Pas moi. Je veux qu’il crève dans d’atroces souffrances.
    — Oh ! Ce n’est pas très gentiiil de vouloir une chooose pareille. C’est l’oncle de Cassiooopée, tu ne peux pas lui souhaiter çaaa.
    — Je le lui souhaite un millier de fois.
    — Tu es fâââché, à cause d’Emmanueeel. Tu vois en lui un rivaaal, parce qu’il vous a sauvééés.
    — Ce n’est pas lui qui nous a sauvés, c’est Gargano.
    — Aloors, peut-être que tu es fâââché parce que tu te sens coupaaable…
    — Coupable ? De quoi, grands dieux ?
    — De t’être empooorté cooomme tu l’aaas fait, chez les Taaartares.
    — C’étaient des démons. Quelqu’un devait les tuer. Nous avons eu le dessous, ce n’est pas ma faute.
    — Vous étiez deeeux, contre des millieeers.
    — C’est bien ce que je dis.
    — Tu devrais t’aliiiter, tu es encore malaaade. Je le vois à tes yeux, ils brûûûlent de fièèèvre.
    — Le mal dont je souffre ne peut être guéri.
    — Tu sooouffres d’aimer et de ne paaas être aimé en retooour. C’est un mal baaanal.
    La face de Simon s’empourpra sous l’effet de la colère, tandis que Rufinus continuait :
    — Caaassiopée n’est pas amouuureuse de toooi. Alors tu t’imagines que c’est la fiiin du mooonde. Mais ce n’est pas le caaas !
    — Toi, tu commences à m’échauffer les oreilles.
    — C’est paaarce que je diiis la vériiité ! Mooontre-toi diiigne d’elle, arrêêête de te plaaaindre…
    Simon s’avança brusquement vers la table, attrapa Rufinus par les cheveux et l’amena vers son lit, où il lui enfouit la face dans un oreiller. Au début, la tête poussa force gémissements. Alors il appuya de plus belle, et commença de compter jusqu’à cent. À trente, Rufinus gémissait beaucoup moins. À soixante, il ne disait plus rien.
    — Cent ! s’exclama Simon. Et enfin le silence !
    Il se frotta les mains, ravi de s’être débarrassé de cette odieuse tête parlante, puis sortit dans le couloir.
    C’est le moment que choisit un oiseau pour entrer dans la chambre. Après s’être posé sur le bord de la fenêtre, il regarda de droite et de gauche, en poussant quelques « tchiip » amicaux. Comme tout était silencieux et calme, il voleta jusqu’à la petite table – où il picora quelques grains de raisin, avant d’aviser la drôle de tête tonsurée qui dépassait de l’oreiller. D’un coup d’ailes, il alla s’y poser. La tête ne bougeait pas.
    — Tchiip ! chanta l’oiseau.
    — Il est partiii ? demanda Rufinus, d’une voix étouffée.
    — Tchiip ! Tchiip !
    — Galliiine, ch’est toooi ?
    L’oiseau tourna la tête dans tous les sens puis, trouvant son perchoir trop bruyant à son goût, repartit dans le jardin.
    — Vaaa ferfer Galliiine !
    Mais l’oiseau n’était déjà plus là. Rufinus attendit donc un court instant, clignant des yeux dans l’obscurité où ce fou de Simon l’avait plongé, épiant les sons – à l’affût du moindre signe indiquant que son bourreau revenait… Mais il y avait trop de raffut, trop de cris poussés par il ne savait qui. À tout hasard, il appela :
    — Au fecooours ! Caffiooopée !
    Cette fois, il y eut un grand vacarme au-dehors, et Rufinus se dit qu’il était inutile de s’égosiller. « Personne ne peut m’entendre. Attendons donc un peu… »
    Il patienta, chantonnant pour passer le temps. Intérieurement, il souriait. Intérieurement – car s’il avait souri pour de vrai, les plis de l’oreiller lui seraient rentrés dans la bouche. Or, s’il y avait bien une chose que Rufinus détestait, c’était qu’on le bâillonne. En revanche, s’il souriait, c’était parce que Simon, dans son brutal accès de fureur, avait oublié un détail : il n’avait pas besoin de respirer. Quand le calme fut revenu, Rufinus se remit à crier :
    — Au fecooours ! À moooi !
    La porte s’ouvrit, et quelqu’un entra. Rufinus essaya vainement de se tasser sur lui-même, tâchant de se faire le plus humble possible – au cas où ce serait Simon.
    — Alors, Rufinus, dit un jeune homme. On traîne au lit ?
    — Au fecooours !
    Une main le saisit délicatement par la base du cou, et le retourna face à la lumière. C’était Yahyah – l’ancien esclave de Massada parti un an plus tôt avec les « Dix » à la recherche d’un

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