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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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moyen de faire sortir des Enfers tous ceux qui y étaient tombés par erreur.
    — Oh, Yahyah, quelle booonne surpriiise ! Que fais-tu lààà ?
    Yahyah prit une mine contrite. Après avoir parcouru la Terre sainte pendant toute une année, il n’avait toujours pas découvert d’accès aux Enfers. Pis, les Assassins, les djinns, n’avaient cessé de harceler les « Dix ».
    — J’en suis le seul, l’unique rescapé, dit Yahyah. Les « Dix » sont devenus « Un ». Un « Un » bien impuissant…
    — Oh ! Je suis désolééé. Mais je veux croire que tout celaaa n’a pas été en vain.
    Yahyah s’efforça de faire contre mauvaise fortune bon cœur, puis demanda :
    — Et toi ? Que faisais-tu, le nez dans ce coussin ?
    — C’est ce fooou ! haleta Rufinus. Il a cherché à me tueeer ! Il a voulu m’étouffeeer !
    — Mais qui ?
    — Simooon ! Juste au moment où Saladiiin entrait…
    — Il faut le retrouver, dit Yahyah d’un ton grave. Simon a toujours été un exalté. Capable du moins bon comme du pire.
    — Il a dit qu’il voulait qu’il crèèève !
    Calant Rufinus sous son bras, Yahyah courut vers la salle d’examens, où les médecins du bimaristan al-Nûrî recevaient les malades.
    Pour l’heure, seul l’un d’eux faisait l’objet de tous les soins : Saladin. Le sultan, plus atteint dans sa fierté que physiquement, pestait contre les médecins qui s’évertuaient à l’ausculter.
    — Ce n’est pas de moi qu’il faut vous occuper, mais d’eux !
    Il désignait les nombreux patients, qui attendaient depuis de longues heures allongés sur des nattes. Une rumeur de protestation jaillit de la foule – tout le monde était d’accord pour dire que le sultan valait mieux que quiconque. Alors, se relevant, et après avoir ordonné aux médecins de le laisser tranquille, Saladin s’écria :
    — Menez-moi à ma nièce ! Pour le reste, je vais fort bien, merci…
    Il quitta la salle, sans trop savoir où il allait, mais suivi par une vingtaine d’hommes en armes, d’autant de courtisans et de médecins. « Je vais fort bien », répétait-il en son for intérieur. Et pourtant, il tremblait. Il n’oubliait pas que son oncle adoré, Chirkouh le Volontaire, était mort après avoir pressé sur ses lèvres un citron empoisonné.
    — Yahyah ! Tu es donc de retour ! s’exclama-t-il en voyant le jeune homme qui portait Rufinus dans ses bras.
    Yahyah s’agenouilla aux pieds du sultan, dont il pressa la main sur son front.
    — Hélas, trois fois hélas, je viens en pénitent implorer votre pardon, noble sultan. Car j’ai échoué.
    Courtisans, médecins, patients et soldats entouraient Yahyah, attendant la réponse du sultan.
    — À l’impossible nul n’est tenu.
    — J’aurais tellement aimé sauver votre neveu.
    — Allah est le Clément. Comme je l’ai dit à Cassiopée l’année dernière, je ne crois pas que Taqi soit resté en Enfer. Quant à ce chevalier Morgennes, qui suis-je pour m’opposer aux désirs du Très-Haut ? Allons, relève-toi, mon cher Yahyah, brave d’entre les braves, et accompagne-moi plutôt auprès de ma nièce. Elle sera sûrement heureuse de te revoir.
    Puis le sultan baissa les yeux vers la tête coupée, et lui demanda :
    — Et votre ami Simon, où est-il ?
    Yahyah eut un frémissement, et bredouilla une parole que Saladin n’entendit pas.
    — Il s’est enfuiii, expliqua Rufinus. Après avoir tenté de me tuuuer. D’ailleurs, je crains qu’il ne veuuuille…
    Le sultan était tout ouïe.
    — Attenter à votre vie, conclut Yahyah à la place de Rufinus.
    — Je vois, dit Saladin calmement. Eh bien, il va falloir qu’il fasse la queue, car les prétendants sont nombreux.
    — Malheureusement, nous ne savons pas où il est.
    — Retrouvez-le, ordonna Saladin à ses gardes. Fouillez l’hôpital. Au besoin, fouillez la ville. Envoyez des cavaliers au-dehors, mais ramenez-le-moi. Je le veux pour ce soir !
    Deux mamelouks inclinèrent la tête, puis s’éloignèrent en criant des ordres à des gardes alignés le long des murs et près des portes. Dans le bimaristan se mit à bruire cette rumeur : « Un diable blanc cherche à tuer Saladin ! Il faut absolument l’en empêcher, et le ramener au sultan pieds et poings liés ! »
    Saladin sourit à Rufinus et Yahyah, prit ce dernier par le bras et lui dit :
    — Et maintenant, allons voir Cassiopée.

42.
    « Il soigne son honneur ? Moi le mien !

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