Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
D'Alembert

D'Alembert

Titel: D'Alembert Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joseph Bertrand
Vom Netzwerk:
théologiques, s'était très prudemment enfui près de Frédéric. «Nous ne pouvons pas en élever un», disait d'Alembert. La confraternité académique et la courtoisie due entre gens de lettres disparaissaient dans ces temps troublés devant les haines de parti. Fréron pour les amis de d'Alembert, pour d'Alembert même, personne dans le parti n'en voulait douter quoique la postérité en doute fort, était un personnage venimeux, un vil spadassin littéraire, l'opprobre de la nation, capable de toutes les infamies et souillé par tous les vices :
    ... ... ... ... ... ...
... ... ... ... ... ...
Cet animal se nommait Jean Fréron.
On ne peut citer les vers qui précèdent.
Tolomas était un jésuite !
L'indignation contre les pieuses fureurs des jansénistes, qui, pour vaincre et détruire les ennemis de la foi, croyaient toute arme permise et toute persécution légitime, avait jeté d'Alembert dans la lutte. Dans l'ardeur du combat il croyait, à son tour, tout permis contre ceux qu'il traitait, sans faire de distinction, de plate et odieuse canaille.
La géométrie respecte toujours la logique ; les géomètres l'oublient quelquefois.

CHAPITRE IV - D'ALEMBERT ET L'ACADÉMIE FRANÇAISE
    La préface de l'Encyclopédie fut un événement. Les salons les plus brillants, fort indifférents aux problèmes de dynamique et à la précession des équinoxes, s'empressèrent d'accueillir et d'attirer ce jeune savant, si profond, si universel, si habile à bien dire.
D'Alembert rencontra chez le président Hénault la célèbre Mme du Deffant. Il allait volontiers où il se sentait désiré. Chaque jour bientôt il la voyait ou lui écrivait. Dans ce monde nouveau il sut plaire à tous, à Voltaire comme à Montesquieu, à Mme de Stahl comme à la duchesse du Maine.
Le comte des Alleurs, un des habitués de la maison, parle dans une de ses lettres du prodigieux et aimable d'Alembert, le sublime géomètre.
D'Alembert, pour plaire à sa spirituelle amie, déployait toutes les ressources de son esprit. Sur un point seulement il était intraitable : il ne voulait pas être protégé et dérangeait par ses maladresses volontaires les plans arrangés pour le servir. Mme du Deffant lui promettait une place à l'Académie française ; d'Alembert l'acceptait volontiers, mais à la condition de ne faire la cour à personne, de parler librement sur tous les sujets, et peut-être, sans l'avouer, de se montrer d'autant plus raide ou plutôt plus taquin-la raideur n'était pas son genre-qu'on pouvait davantage lui être utile.
Mme du Deffant, protectrice déjà de plus d'une candidature, n'avait rien rencontré de pareil : Il choisit bien son temps pour jouer les Alceste !
Tant qu'il voudra quand on l'aura nommé. L'Encyclopédie est en vue, il suffit d'y brûler quelques grains d'encens. Un mot dans un tel livre peut faire un ami et ne doit rien coûter à une conscience raisonnable !
Le président Hénault, auteur d'une histoire chronologique de France, était académicien ; Mme du Deffant était son amie après avoir été un peu plus, mais bien peu, s'il faut l'en croire.
    Lorsque, n'étant plus jeune, elle résolut, tout en restant philosophe, de rendre son genre de vie plus édifiant, d'éloigner les occasions et de renoncer aux habitudes compromettantes, elle ajoutait, en l'annonçant : «Quant au président Hénault, je ne compte pas lui faire l'honneur de renoncer à lui». Elle l'aimait assez pour vouloir dans l'Encyclopédie une louange pour son livre, ou s'intéressait assez à d'Alembert pour désirer dans sa
candidature le protecteur zélé que cette louange devait assurer.
D'Alembert ne voulait rien comprendre : le talent du président ne mérite pas l'honneur d'une citation, il n'en aura pas. «Ni Dieu ni vous, écrit-il à sa protectrice, ni vous toute seule, ne pourrez réussir à m'y décider.»
«Pensez-vous de bonne foi, madame, que dans un ouvrage destiné à célébrer les grands génies, je doive parler de l'abrégé chronologique ?
C'est un ouvrage utile et assez commode, mais voilà tout.
«En vérité, c'est là ce qu'on en dira quand le président ne sera plus, et quand je ne serai plus, moi, je suis jaloux qu'on ne me reproche pas d'avoir donné des éloges excessifs à personne.»
Ne voilà-t-il pas tout à coup que les grandes réunions fatiguent d'Alembert ; il ne veut plus accepter d'invitation chez Mme du Deffant que pour dîner avec elle en tête-à-tête : il est insupportable ! Il

Weitere Kostenlose Bücher