D'Alembert
a accepté, d'écrire lui-même à M. d'Alembert.
Le père Béraud, savant astronome, correspondant de l'Académie des sciences, écrivit de Lyon le 21 février 1755 à M. d'Alembert pour lui assurer que la harangue du père Tolomas, qu'il a entendue, ne contenait aucune attaque personnelle contre lui.
Le père Tolomas lui-même, le 25 février 1755, écrivit à d'Alembert pour se plaindre des préventions qu'on lui a données. Il ne s'est permis aucune personnalité, il a dans son discours défendu les collèges avec modération, il l'a déposé entre les mains de M. le Prévôt des marchands de Lyon.
D'Alembert, dans une lettre du 17 mars 1755, adressée à M. Bourjelat, écuyer du roi (frère Bourjelat, comme il le nomme en parlant à Voltaire), persiste dans sa réclamation contre l'injure du père Tolomas, parce que, dit-il, la Société ne lui a pas rendu justice.
Il n'a pas répondu à la réponse de son secrétaire parce qu'il se croit quitte désormais de tout envers elle. Il n'aurait pas cru qu'au XVIIIe siècle, dans une des premières villes de France, il pût y avoir une Société littéraire qui autorise chacun de ses membres à outrager de la manière la plus indigne un homme de lettres qui n'a jamais insulté qui que ce soit ; il lui demande de rendre publique sa lettre à la Société, la réponse qu'il en a reçue, celle des deux jésuites et la présente. Il doit ce procédé aux dignes membres de la Société de Lyon qui, n'ayant pu lui faire rendre justice et ne voulant pas attester que la harangue qu'ils ont entendue ne contenait rien d'injurieux, ont pris le parti de se retirer.
Si ces lettres, comme le demande d'Alembert, ont été réunies et publiées en 1755, la brochure qui les contient est actuellement introuvable. Le discours manuscrit de Tolomas n'existe non plus ni dans les archives de la municipalité de Lyon, ni à la bibliothèque de la ville. Le dossier de l'affaire d'Alembert-Tolomas, à la bibliothèque de Lyon, contient 25 pièces. Nous en citerons deux seulement :
«Monsieur et cher confrère,
«Dans le moment que votre lettre, le mémoire y joint et les jettons qui m'ont surpris comme chose que je ne croyais pas avoir méritée dans les règles, M. Bourjelat était avec moi ; il m'a fait part du silence affecté de M. de Malesherbes sur ce qui nous concerne ; lui qui l'avait prévenu il y a quelques semaines, il lui a répondu aux autres articles les moins importants de ses lettres et a laissé celui-là.
De plus, il m'a montré une lettre de M. d'Alembert qui lui mande que s'il avait eu l'honneur d'être de la Société royale de Lyon, il aurait eu celui de lui écrire pour le prier de rayer de la liste le nom de Tholomas ou le sien. Ce sont ses termes.
«Enfin il est constant et nous en avons des nouvelles certaines, le discours du père Tholomas a fait une grande sensation à Paris, et nous avons tout lieu de présumer qu'il nous fait perdre la protection de M. de Malesherbes et même celle de M. d'Argenson, protecteur de l'Encyclopédie. Au surplus, M. Bourjelat est toujours très disposé à nous aider de tous les bons offices qui seront en son pouvoir. Il a déjà tâché de remédier au premier effet que produit le programme envoyé à MMrs de l'Encyclopédie en protestant que le corps n'avait rien de commun dans cette affaire ; il paraît néanmoins qu'on y fait entrer pour beaucoup notre Compagnie. J'aurais, sitôt qu'il me sera possible, l'honneur de conférer avec vous plus amplement sur cette affaire.
«GOIFFON.»
Goiffon dans une seconde lettre se montre beaucoup plus vif ; il a pris son parti. C'est avec M. de Malesherbes qu'il veut se ménager, et la bienveillance de M. d'Argenson qu'il ne veut pas perdre. Il a d'ailleurs entendu la harangue et, toute réflexion faite, la trouve injurieuse ; il prie en conséquence la Société d'accepter sa démission.
Cinq autres membres prirent le même parti. L'un d'eux est le célèbre Montucla, historien des mathématiques ; il hésita longtemps, car sa lettre est du 5 juin 1755.
«Je suis extrêmement mortifié de n'avoir à vous écrire depuis que vous êtes secrétaire de la Société royale de Lyon que pour le sujet pour lequel je le fais aujourd'hui.
Il m'aurait été doux de conserver davantage le titre de votre associé ; mais mes liaisons avec M. d'Alembert et l'amitié dont il m'honore ne me permettent pas de me réputer davantage d'un corps dont il a de justes motifs de se plaindre.
Je vous prie,
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