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D'Alembert

D'Alembert

Titel: D'Alembert Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joseph Bertrand
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pour l'Académie, à y voir siéger l'auteur d'Éponine. Chapelain-Lemierre et Cotin-Chabanon finirent tous deux par forcer la porte : le meilleur des deux-c'était Chapelain-ne passa que le second.
Cette double victoire remportée sur d'Alembert le justifie du reproche adressé par un écrivain qu'on n'a pas encore complètement oublié, Sénac de Meilhan, qui a écrit :
    «L'intrigue et la cabale mirent dans les mains de d'Alembert, qui survécut à Voltaire, le sceptre de la littérature.»
Rien n'est juste dans cette phrase et rien n'est vrai, sinon que d'Alembert a eu le chagrin d'assister à la mort de Voltaire.

CHAPITRE V - D'ALEMBERT ET LA SUPPRESSION DES JÉSUITES
    Un personnage alors considérable-c'était le maréchal Vaillant-me disait un jour : «Je passe l'été dans une petite commune de Bourgogne ; là, quoique voltairien, chaque dimanche ma présence à l'église édifie les fidèles : vous me direz que c'est de l'hypocrisie !-Ah ! Maréchal ! répondis-je sans hésitation...-Vous voulez dire, continua-t-il, que ce n'est pas de l'hypocrisie : vous me feriez plaisir en m'expliquant pourquoi.»
Je fus embarrassé ; il s'y attendait et nous rîmes tous deux.
D'Alembert, incrédule convaincu et plus voltairien que Voltaire, affectait quelquefois, dans ses écrits et souvent dans ses discours académiques, des formes respectueuses qui contrastent avec le ton de sa correspondance. Pour l'accuser cependant d'hypocrisie, il faudrait ne l'avoir jamais connu. En ne compromettant ni l'Académie ni lui-même, il faisait preuve de tact et de prudence. Il riait de sa sagesse. Après avoir prononcé l'éloge de Bossuet, il reçut de l'archevêque de Toulouse des louanges très méritées ; il se frottait les mains et se réjouissait d'avoir si gravement joué à l'orthodoxie. S'il a pris trop de plaisir à ce jeu, le péché n'est pas grave. D'Alembert, très sérieux au fond, affectait de ne pas l'être. Voltaire lui a reproché quelquefois un langage trop éloigné de sa pensée.
«Vous me faites, lui répond un jour d'Alembert, une querelle de Suisse que vous êtes, au sujet du Dictionnaire de Bayle. Premièrement je n'ai pas dit : «Heureux s'il eût plus respecté la religion et les moeurs !» Ma phrase est beaucoup plus modeste. Mais, d'ailleurs, qui ne sait que dans ce maudit pays où nous écrivons, ces sortes de phrases sont style de notaire et servent de passeport aux vérités qu'on veut établir ? Personne n'y est trompé...»
    Il faut connaître la situation. «On vient, écrivait peu de temps après d'Alembert, de publier une déclaration qui inflige la peine de mort à tous ceux qui seront convaincus d'avoir composé, fait composer et imprimer des écrits tendans à attaquer la religion.»
«La crainte des fagots est très rafraîchissante», ajoute d'Alembert.
C'est à ceux qui les préparaient que fait allusion ce mot de ralliement si connu : Écrasons l'infâme. Il avait cours entre amis seulement et les portes fermées ; on ne confiait pas les lettres à la poste. Quand on ne peut combattre en rase campagne, les embuscades sont permises. Qu'un croyant aspire au martyre, il joue son jeu et vise au paradis. Un mécréant n'a pas d'ambitions si hautes.
D'Alembert ne craignait pas sérieusement d'être brûlé, mais il ne voulait pas s'exposer comme Diderot à habiter à Vincennes, ni comme Voltaire à s'exiler hors de France. Son coeur le retenait à Paris. Il ne voulait compromettre ni ses intérêts ni son repos. Voltaire cependant excitait son zèle ; il ne lui demandait que cinq ou six bons mots par jour. Lui-même d'ailleurs conseillait la prudence et en donnait l'exemple. «Je voudrais, disait-il, que chacun des frères lançât tous les ans des flèches de son carquois contre le monstre, sans qu'il sût de quelle main les coups partent. Il ne faut rien donner sous son nom. Je n'ai pas même fait la Pucelle. Je dirai à maître Joly de Fleury que c'est lui qui l'a faite.»
Voltaire, pas plus que d'Alembert, ne se souciait de boire la ciguë. Il consentait pour éloigner ce calice à communier dans l'église de Ferney.
À Abbeville, où le chevalier de la Barre venait d'être supplicié, il aurait mis chapeau bas devant toutes les processions.
D'Alembert publia en 1765 un livre intitulé : Histoire de la destruction des Jésuites, par un auteur désintéressé.
    En l'imprimant en Suisse, on avait, suivant le conseil de Voltaire, soigneusement caché le nom de l'auteur. On

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