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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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l’extérieur du pays, entretiennent certains griefs ; et le gouvernement allemand tel qu’il est constitué à l’heure actuelle semble être, pour quelque raison, presque totalement isolé de tous les autres pays, même si je me suis gardé de laisser entendre qu’il était en quelque façon responsable. Je lui ai dit que son gouvernement ferait peut-être bien, toutefois, d’analyser les circonstances de son isolement et de déterminer où se situe le problème ou la responsabilité. »
    Hull souligna également que les relations des États-Unis avec les précédents gouvernements allemands avaient « toujours été agréables », faisant valoir que « c’était seulement sous le règne du présent gouvernement que les ennuis dont on se plaignait étaient apparus, à notre grand regret tant personnel qu’officiel ». Il prenait soin de noter que c’était certainement pure « coïncidence ».
    Le problème serait entièrement réglé, laissait entendre Hull, si seulement l’Allemagne « agissait afin que cessent ces attaques personnelles dont il était fait état dans les comptes rendus qui parvenaient régulièrement aux États-Unis en provenance d’Allemagne, suscitant un âpre ressentiment chez un grand nombre de gens ici ».
    Hull précisait : « Tout le long de la conversation, nous avons fait clairement allusion à la persécution des Juifs. »
    Une semaine plus tard, le secrétaire Hull lança ce qui se révéla être la dernière salve sur la question. Il avait enfin reçu la traduction du mémorandum que von Neurath avait remis à Dodd. C’était à présent au tour de Hull d’être furieux. Il envoya son propre mémorandum à remettre en personne à von Neurath par l’intermédiaire du chargé d’affaires américain à Berlin, John C. White, qui dirigeait l’ambassade en l’absence de Dodd.
    Après avoir reproché à von Neurath le « ton d’une âpreté inhabituelle  25  dans les échanges diplomatiques » qui imprégnait le document allemand, Hull lui fit un cours concis sur les principes constitutionnels des États-Unis.
    « Il est bien connu, écrivait-il, que le libre exercice de la religion, la liberté d’expression et de la presse, et le droit de se réunir pacifiquement, ne sont pas seulement garantis à nos concitoyens par la Constitution des États-Unis, mais sont des croyances profondément ancrées dans la conscience politique du peuple américain. » Or, faisait valoir Hull, von Neurath avait décrit dans son mémorandum des incidents au sujet desquels l’Allemagne estimait que le gouvernement américain devait passer outre à ces principes. « Il apparaît, par conséquent, que les points de vue de nos deux gouvernements, relatifs aux questions de la liberté d’expression et de réunion, sont inconciliables et que toute discussion concernant ces différences ne saurait améliorer les relations que le gouvernement des États-Unis souhaite préserver sur une base aussi amicale que l’exige l’intérêt commun des deux peuples. »
    Et c’est ainsi que la bataille du simulacre de procès prit fin, les relations diplomatiques restant glaciales mais intactes. Une fois encore, les membres du gouvernement américain s’étaient gardés de faire toute déclaration publique en soutien au procès ou de critiquer le régime hitlérien. La question demeurait : de quoi avait-on peur ?
    Millard E. Tydings, sénateur du Maryland, tenta d’obliger Roosevelt à se prononcer contre la persécution des Juifs en introduisant au Sénat une résolution qui aurait demandé au président « de communiquer sans équivoque au gouvernement du Reich allemand  26  la surprise et la douleur profondément ressenties par le peuple des États-Unis en apprenant les discriminations et l’oppression dont sont victimes les citoyens juifs du Reich ».
    Une note du Département d’État sur cette résolution rédigée par l’ami de Dodd, R. Walton Moore, secrétaire d’État adjoint, jette une lumière sur la réticence du gouvernement. Après avoir examiné la résolution, le juge Moore conclut que cela risquait de mettre Roosevelt « dans une situation embarrassante »  27 . Moore s’expliquait en ces termes : « S’il refuse d’accéder à la demande, il sera en butte à des critiques considérables. D’un autre côté, s’il obtempère, non seulement il s’attirera le ressentiment du gouvernement allemand, mais risque de se trouver impliqué

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