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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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dans une discussion très acrimonieuse avec ce même gouvernement qui pourrait en théorie, par exemple, lui demander pourquoi les Noirs de notre pays ne jouissent pas pleinement du droit de vote ; pourquoi on ne met pas un terme ou on ne punit pas sévèrement le lynchage des Noirs dans l’État du sénateur Tydings et d’autres États ; et comment se fait-il que le sentiment antisémite aux États-Unis, qui semble malheureusement croissant, ne soit pas enrayé. »
    La résolution échoua. Le secrétaire Hull, d’après un historien, « usa de son influence  28  auprès de la commission des relations étrangères pour qu’elle soit enterrée ».

34
    D IELS, EFFRAYÉ
    T andis que le printemps approchait, la température franchissant enfin le seuil des dix degrés, Martha commença à noter un changement chez Diels. Habituellement si maître de lui et aimable, il paraissait sur les nerfs. Et ce n’était pas sans raison.
    Le capitaine Röhm revendiquait l’autorité sur les forces armées et Heinrich Himmler cherchait à renforcer sa mainmise sur les opérations de la police secrète dans toute l’Allemagne, ce qui rendait sa position plus risquée. Diels avait un jour déclaré que son travail exigeait de lui qu’il soit installé « des deux côtés de la clôture en même temps »  1 , mais, à présent, même lui devait reconnaître que sa situation n’était plus tenable. Sa vision des coulisses du pouvoir lui montrait l’intensité des passions en jeu et la nature inflexible des ambitions de chacun. Il savait aussi que tous les acteurs concernés considéraient la prison et le meurtre comme des moyens d’action politiques nécessaires. Il confia à Martha que, même s’il était maintenant officiellement colonel des SS de Himmler, ce dernier et ses subalternes le détestaient. Il sentait sa vie en danger et il dit un jour à Martha et à Bill qu’il pouvait se faire abattre à tout moment. « Nous n’avons pas pris ses paroles trop au sérieux »  2 , précise-t-elle. Il avait tendance à dramatiser, bien qu’elle admît que, « avec le poste qu’il occupait, on devenait facilement hystérique ou paranoïaque ». Mais la pression semblait mettre sa santé à l’épreuve. Il se plaignait, écrit-elle, « de troubles gastriques et cardiaques aigus ».
    Sentant qu’une crise politique ne tarderait pas à éclater, Diels rencontra Hermann Göring, toujours théoriquement son chef, pour lui demander un congé de la Gestapo. Il invoqua pour motif son état de santé. Dans son livre de souvenirs, il décrit la réaction de Göring.
    « Vous êtes malade ?  3  siffla Göring entre ses dents. Vous feriez mieux de vous décider à être très malade.
    – Oui, je suis vraiment malade », répondit Diels.
    Il dit à Göring qu’il avait fait tout son possible pour « remettre le train de l’État sur les rails ». Mais, à présent, il ajouta : « Je n’en peux plus.
    – Fort bien, vous êtes malade, décréta Göring. De ce fait, vous ne pouvez continuer à servir un jour de plus. Vous êtes consigné chez vous, puisque vous êtes malade. Interdiction de recevoir des appels de province, ou d’écrire des lettres. Par-dessus tout, attention où vous mettez les pieds. »
    La prudence dicta une autre solution. De nouveau, Diels quitta le pays  4 , mais cette fois il se présenta dans un sanatorium en Suisse. La rumeur disait, de manière plausible, qu’il avait emporté dans sa fuite un ensemble de dossiers secrets destinés à un ami à Zurich, qui devait tout publier dans le cas où Diels serait abattu.
    Quelques semaines plus tard, Diels rentra à Berlin et, peu après, il invita Martha et Bill dans son appartement. La femme de Diels conduisit les invités dans la salle de séjour, où ils trouvèrent Diels allongé sur un divan, l’air très mal en point. Deux pistolets étaient posés sur une table à côté de lui près d’une grande carte. Diels renvoya sa femme, que Martha décrivit comme une « créature pitoyable, à l’air passif »  5 .
    Le plan, précise Martha, était couvert de symboles et de notes griffonnés avec des encres de différentes couleurs qui représentaient tout un système de postes de surveillance et d’agents de la police secrète. Martha trouva cela terrifiant, « un vaste réseau d’intrigues ».
    Diels, lui, était fier. « Vous savez, c’est en majeure partie mon œuvre, dit-il. J’ai réellement

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