Dans le jardin de la bête
de Dodd. En certaines occasions, ils avaient versé des pourboires à leurs domestiques qui dépassaient ce que Dodd payait chaque mois pour le loyer. « Mais 26 , jura-t-il à Hull, nous ne retournerons pas ces amabilités par des réceptions de plus de dix ou douze personnes avec quatre serviteurs au plus et ceux-ci modestement vêtus » – ce qui veut dire, sans doute, habillés de pied en cap mais en renonçant aux hauts-de-chausses des Belges. Les Dodd employaient trois domestiques, avaient un chauffeur et louaient les services d’un suppléant ou deux pour des réceptions rassemblant plus de dix convives.
Les placards de l’ambassade 27 , d’après l’inventaire officiel des possessions de l’État inclus dans le « rapport de poste » annuel, contenaient :
Grandes assiettes plates 27 cm : 4 dz
Assiettes creuses 24,15 cm : 2 dz
Assiettes à hors-d’œuvre 24,15 cm : 2 dz
Assiettes à dessert : 2 dz
Assiettes à salade 13,4 cm : 2 dz
Assiettes à pain/beurre 13,2 cm : 2 dz
Tasses à thé 8,89 cm : 2 dz
Soucoupes 14,5 cm : 2 dz
Tasses à bouillon 8,89 cm : 2 dz
Verres à liqueur 6,35 cm : 2 dz
Soucoupes 12,5 cm : 2 dz
Plats pour le service : 2 dz
Plats, dimensions diverses : 4 dz
Verres à vin : 3 dz
Coupes à champagne : 3 dz
Coupes à dessert : 3 dz
Petits verres droits : 3 dz
Grands verres droits : 3 dz
Rince-doigts : 3 dz
Assiettes pour rince-doigts : 3 dz
« Nous n’utiliserons pas les plats en argent 28 , le vin ne coulera pas à flots, et des tables à jouer ne seront pas disposées partout, expliqua Dodd à Hull. Nous nous efforcerons toujours de nous assurer la présence d’un érudit ou d’un scientifique ou d’un spécialiste de littérature afin d’avoir des discussions instructives ; et il est entendu que nous nous retirerons entre vingt-deux heures trente et vingt-trois heures. Sans qu’il soit nécessaire de le crier sur les toits, tout le monde sait que nous ne resterons pas ici s’il s’avère que nous ne pouvons pas joindre les deux bouts avec le traitement que je perçois. »
Dans une lettre à Carl Sandburg, il expliqua : « Je ne pourrai jamais me faire 29 à cette habitude générale de trop manger, de boire cinq sortes de vins sans rien dire, tout en ne cessant de parler pendant trois longues heures. » Il pensait décevoir les jeunes fonctionnaires fortunés, qui organisaient des dîners somptueux à leurs frais. « Ils ne peuvent me comprendre, et je les plains. » Il souhaitait à Sandburg de terminer son livre sur Lincoln le plus vite possible, puis se lamenta : « Mon Vieux Sud à demi achevé sera sans doute enterré avec moi. »
Il concluait sa lettre sur une note mélancolique : « Une fois de plus : salutations de Berlin ! »
Au moins, sa santé était bonne, malgré ses inévitables rhumes des foins, indigestions et autres dérangements intestinaux. Mais comme si cela présageait des événements futurs, son médecin à Chicago, le Dr Wilber E. Post – dont le cabinet était situé, comme de juste, au People’s Gas Building, la Maison populaire du gaz – lui adressa un bilan qu’il avait établi à la suite de son dernier examen approfondi dix ans plus tôt, et qui devait servir de référence pour ses examens ultérieurs. Dodd avait des antécédents migraineux, écrivait Post, avec maux de tête aigus 30 , vertiges, fatigue, baisse de moral et irritabilité du système intestinal », ce dernier problème devant être soigné de préférence par « l’exercice physique au grand air et en étant dégagé de toute pression et fatigue nerveuses ». Sa tension artérielle était excellente, systolique de 100, diastolique de 60, ce que l’on attendrait plus d’un athlète que d’un homme ayant dépassé la soixantaine. « La caractéristique clinique notable est que M. Dodd reste en bonne santé quand il a la possibilité de prendre suffisamment d’exercice en plein air, en suivant un régime relativement fade et non irritant, sans trop de viande. »
Dans une lettre annexée à ce compte rendu, le Dr Post concluait : « Je suis convaincu que vous n’en aurez pas besoin, mais cela peut s’avérer utile le cas échéant. »
Ce vendredi soir, un train spécial, un Sonderzug 31 , fonçait à travers le paysage nocturne de Berlin en direction de Nuremberg. Le train emportait les ambassadeurs d’une brochette de
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