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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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lasse et le cœur lourd après une nuit agitée. Cependant, ma fenêtre révélait un temps splendide, et le soleil restaure le courage. Je pris sur moi, me levai de bonne heure et affrontai les obligations de la journée. L’une des premières consistait à recevoir la femme de chambre dont m’avait parlé Katherine Knollys.
    À mon grand soulagement, celle-ci tenait tant à retrouver une place qu’elle ne discuta pas le montant de ses gages. Fran Dale n’était plus dans sa prime jeunesse ; n’ayant ni économies ni famille, elle regrettait déjà son refus de vivre dans le Yorkshire avec son ancienne maîtresse. En fait, elle s’apprêtait à revenir sur sa décision quand j’apparus, tel un présent du Ciel. Je l’engageai, dois-je l’avouer, pour une somme modique, et m’efforçai de considérer la chose comme une bonne affaire et non comme une folle dépense. J’avais un peu d’argent de côté, qui me restait de la petite épargne de Gerald et de son dernier salaire. Je préférais ne pas penser à ce qu’il adviendrait une fois ce pécule épuisé.
    Ensuite, Lady Katherine Knollys me présenta à Kat Ashley, la première dame d’honneur, qui se révéla moins imposante que je ne m’y attendais.
    Sa façon de s’exprimer dénotait l’instruction et elle était certes bien vêtue, toutefois son visage joufflu et ses yeux bleus un peu saillants m’évoquaient une patronne d’auberge ou une commère de village. Elle était au service d’Élisabeth depuis que celle-ci était enfant, et la reine l’employait sans doute par amour plutôt que par convenance. Oui, la jeune fille que j’avais discernée la veille, dans les yeux mordorés, était humaine et capable d’affection.
    Néanmoins, ce matin-là, quand Lady Katherine et dame Ashley me firent entrer dans une galerie afin de commencer mon service, la jeune fille affectueuse s’était effacée derrière une souveraine courroucée. Elle allait et venait entre deux haies de courtisans qui restaient cois ; ses jupes en satin bruissaient, les talons de ses souliers fins claquaient sur le sol à damier blanc et noir, ses poings s’ouvraient et se fermaient dans un scintillement de pierreries. Elle s’arrêta devant un messager en livrée à l’air terrorisé.
    — Cessez donc de trembler ! Vous n’êtes fautif en rien ! Nous ne vous couperons pas la tête pour avoir apporté de mauvaises nouvelles. Mais si cette oiselle impertinente se tenait devant moi, je serais fort tentée de réclamer la sienne !
    Tournant les talons, elle m’aperçut auprès de mes compagnes. Tandis que nous faisions la révérence, Élisabeth garda son regard fixé sur moi.
    — Ah ! Notre nouvelle recrue, perplexe et alarmée. Nous devons vous informer de nos soucis, dame Blanchard. Nous venons d’apprendre que Marie Stuart, reine d’Écosse de plein droit et de France par le mariage, ne se satisfait pas de ces honneurs grandioses, mais s’imagine aussi reine d’Angleterre. Malgré la protestation transmise par notre ambassadeur, elle persiste à se faire annoncer par les trois titres avant d’entrer dans la chapelle. Que dites-vous de cette effronterie, hein ?
    Elle lança la question d’un ton tranchant, comme l’aurait fait un homme.
    — En toute sincérité, je suis choquée de l’apprendre, madame, hasardai-je.
    Elle hocha la tête et se radoucit, mais pas pour longtemps. Un homme d’âge mûr, en pourpoint de velours prune tendu sur sa bedaine, requit la permission de parler. Élisabeth se tourna vers lui.
    — Oui, comte d’Arundel ? Nous écoutons.
    — Madame, la reine Marie n’a que dix-sept ans et éprouve une très grande piété. Peut-être n’est-ce là que l’expression de son ardeur juvénile pour sa foi, et du désir de voir celle-ci s’épanouir à nouveau dans des terres d’où elle est bannie.
    En face de moi se trouvait un jeune homme blond en pourpoint et hauts-de-chausses azur, des collants fauves moulant ses longues jambes musclées. Il croisa mon regard et leva les yeux au ciel, comme pour soupirer : « Pardieu, quelles inepties ! » À côté de lui, un homme plus âgé, vêtu avec sobriété, lui assena un coup de coude réprobateur.
    Près de moi, un gentilhomme aux traits durs, hâlé par le soleil, marmonna : « Crétin pompeux ! » en considérant Arundel d’un œil noir. Je lui lançai un regard curieux et il m’adressa un petit salut.
    — Sir Robin Dudley, Maître des écuries de la reine,

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