Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
Vom Netzwerk:
devins vite bonne cavalière. C’était beaucoup plus amusant que de monter en croupe. Gerald m’encourageait. Il encourageait toujours mes initiatives, et moi les siennes.
    Quatre ans plus tard, quand la reine Élisabeth accéda au trône et envoya Gresham à Anvers, nous partîmes aussi, accompagnés de notre petite Meg, de sa nourrice Bridget Lemmon et de John Wilton. Sitôt sa décision prise de quitter le Sussex, Gerald lui avait offert de l’engager comme valet. John avait accepté et s’était embarqué dans notre petit navire matrimonial.
    Et puis le navire s’était échoué sur le noir rocher de la maladie, me laissant veuve à Anvers, avec une enfant en bas âge, deux serviteurs, un logis assez coûteux et juste de quoi tenir deux mois.
    Sir Thomas, ayant eu vent de notre mariage clandestin, avait questionné Gerald à ce propos ; mais je lui avais plu dès le début et il s’était ému de ma jeunesse malheureuse. Il me témoignait toujours de la bonté, cependant, désormais, il ne savait que faire de moi. J’avais ma fierté. « Je vais écrire à ma famille », annonçai-je sans hésitation.
    En fait, j’écrivis aux Blanchard et aux Faldene, sollicitant leur aide, pour Meg sinon pour moi. Elle était âgée de quatre ans et très jolie. Mon beau-père désirerait peut-être agir en faveur de sa petite-fille, pensai-je.
    Je me trompais. Meg et moi pouvions bien mourir de faim, messire Blanchard et son fils Ambrose n’en avaient cure. Ils ne voulaient plus jamais entendre parler de nous. Dans la lettre où messire Blanchard exprimait ces sentiments peu délicats, il affirmait qu’il se montrait encore bien bon en répondant à mes « supplications larmoyantes ».
    La réponse des Faldene fut différente. Ils se disaient prêts à fermer les yeux sur mon ingratitude et à me reprendre avec le fruit du péché (Meg étant née d’une union légitime, le péché en question était sans doute d’avoir soufflé Gerald à Cousine Mary). Et j’eusse dû me résoudre à une vie de servitude, si les qualités de Gerald n’avaient attiré l’attention du secrétaire d’État, Sir William Cecil. Sir Thomas, qui lui avait déjà vanté ses mérites, conçut l’idée de lui écrire afin de lui exposer ma difficile situation. Le navire qui rapporta la réponse des Faldene à Anvers contenait aussi l’offre de suivre les traces de ma mère en m’installant à la cour, comme dame d’honneur de la reine.
    Cela présentait des inconvénients : cette allocation de trente livres par an, par exemple. Les suivantes de la reine avaient d’ordinaire des familles pour suppléer à leurs besoins. Je ne pourrais pas non plus garder ma fillette auprès de moi. Toutefois, cela valait mieux que de retourner chez les Faldene, et j’acceptai.
    Je me rendis d’abord dans le Sussex, car je voulais me recueillir sur la tombe de ma mère et, par la même occasion, louer une chaumière pour Bridget et Meg. J’imaginais que cela serait plus facile dans une région que je connaissais.
    Je fus hébergée par la sœur de John Wilton, dont le mari possédait une petite ferme. Je ne voulus pas aller à Faldene House, bien que le cimetière en fût proche et qu’il parût étrange de voir la demeure sans m’y présenter. Après tout, j’avais été élevée là-bas, quoique de mauvaise grâce. Je n’évitai pas complètement ma famille, néanmoins. Je déposais un bouquet de jacinthes sauvages sur le dernier lieu de repos de ma mère, envahi par les mauvaises herbes, quand Tante Tabitha traversa le cimetière. Elle s’arrêta net à ma vue, puis me rejoignit d’un pas vif.
    — Eh bien, eh bien, Ursula ! Que fais-tu ici ? Comptais-tu nous rendre visite ?
    — Je pensais vous épargner ce désagrément, dis-je d’un ton calme.
    Elle me fixa comme si elle pouvait encore me houspiller et je la regardai droit dans les yeux, déterminée à ne pas me laisser intimider.
    — Et ceci, je suppose, est l’enfant.
    Je tenais Meg par la main. Je lui dis de faire sa révérence et la présentai à ma tante, qui la toisa avec mépris et demanda :
    — Tu l’emmènes à la cour ?
    — Non, je vais prendre d’autres dispositions.
    — Autant la laisser chez nous. Nous veillerons à l’élever dans la vraie foi et nous lui apprendrons à se rendre utile.
    — La vraie foi ?
    Je m’aperçus alors qu’un léger parfum d’encens s’accrochait à ses vêtements. Je le connaissais car, du temps où je vivais

Weitere Kostenlose Bücher