Dans l'ombre de la reine
m’a permis de les considérer comme d’éventuels complices. Je me demandais si vous tentiez de m’avertir, à demi-mot, parce que vous n’en étiez pas sûr. Si tel est le cas, je vous en sais gré, toutefois je regrette que vous n’ayez pas été plus explicite.
— Vous m’attribuez trop d’astuce, dame Blanchard.
— Monseigneur, je ne comprends pas…
— Chère dame Blanchard, lorsque je vous ai montré ce trio en vous encourageant à remarquer que Peter Holme n’était pas du même rang que les autres, je voulais simplement vous inculquer des habitudes d’observation. J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles Lady Dudley était menacée – je vous l’ai dit, ce jour-là. Quiconque se rendait dans cette maison devait rester vigilant, pour sa propre sécurité. Mais j’ignorais alors que Derby, Smith et Holme conspiraient ensemble. Lorsque j’appris la mort de Lady Dudley, je crus que son époux en était l’instigateur. Vous avez deviné ce complot toute seule, dame Blanchard. Je crois que vous possédez un instinct pour ces choses-là. Avez-vous l’intention de rester à la cour ?
— Oui, monseigneur.
De Quadra s’inclina devant moi et déclara :
— J’aurai grand soin de me méfier de vous.
Note historique
Nul ne sait au juste dans quelles circonstances Amy Robsart finit, le cou brisé, au pied d’un escalier de Cumnor Place, dans l’Oxfordshire, le 8 septembre 1560.
Selon de nombreuses rumeurs, son époux, Sir Robin Dudley, avait tout organisé, mais la lettre qu’il écrivit ensuite, en proie à la panique, à son cousin Thomas Blount, semble l’innocenter.
Il se peut que la théorie avancée en 1956 par le professeur Ian Aird dans l’ English Historical Review soit correcte. Le professeur Aird observe que si Lady Dudley souffrait bien d’un cancer, elle a pu subir des effets secondaires induisant une fragilité osseuse ; ainsi son cou se serait rompu spontanément, ou en conséquence d’une chute qui n’aurait pas été fatale pour un individu en bonne santé.
En revanche, nombre de personnes à la cour envisageaient avec une horreur absolue la perspective d’une union entre la reine et Dudley. Si le danger existait qu’Amy meure et le libère, alors la tentation de hâter sa fin en suscitant un scandale existait tout autant.
On sait de source sûre que la reine éprouvait de l’aversion pour Lady Catherine Grey et que, furieuse en découvrant que celle-ci avait épousé Lord Hertford en secret, elle les fit enfermer tous les deux à la Tour.
Sir Thomas Smith exerça une influence croissante sous le règne d’Élisabeth et, au début des années 1560, alla à Paris en qualité d’ambassadeur (le poste ne fut pas toujours facile). Malgré leur loyauté commune envers leur souveraine, Smith se querella une fois avec Sir William Cecil pour un motif inconnu. Le comte de Derby demeura toujours fidèle à Élisabeth, mais Cecil se méfiait de lui, peut-être en raison de ses vives sympathies pour le catholicisme.
J’ai pris la liberté d’inventer des explications pour ces deux mystères.
Sur l’auteur
Fiona Buckley est le pseudonyme de Valerie Anand, auteur britannique à succès. Outre les enquêtes de dame Ursula Blanchard, on lui doit la série Bridges over Time qui conte les péripéties d’une même famille du XI e au XIX e siècle en Angleterre. Très concernée par la condition de la femme en Inde, et de manière générale dans les pays en voie de développement, Fiona Buckley œuvre dans plusieurs associations. Elle vit aujourd’hui près de Londres, dans le comté de Surrey.
Quatrième de couverture
Deux ans après son couronnement, Élisabeth I re d’Angleterre, que l’on croyait inexpérimentée, est devenue une souveraine au jugement implacable, respectée de la Cour et de l’Europe entière. Mais derrière les révérences et les serments se cachent bien des ambitions et des amours secrètes, et Élisabeth doit s’entourer des soutiens les plus sûrs… Parmi eux, Ursula Blanchard, une jeune veuve sans le sou promue dame d’honneur, devient bientôt son plus fidèle agent. Dans cette première aventure, Ursula doit faire taire d’inquiétantes rumeurs : le favori de la reine, le beau Lord Dudley, est soupçonné de vouloir tuer sa femme pour devenir prince consort. Dans une Cour où la moindre parole malheureuse conduit au billot, la jeune dame d’honneur devra user de toute sa finesse et de sa
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