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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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probable que bientôt, si je voulais l’un, il me faudrait garder les deux. D’un jour à l’autre, ils me demanderaient mon consentement. Tous les signes concordaient. Une fois, je les avais même aperçus en train d’échanger un baiser.
    Cependant, les employer supposait de les rémunérer, et je devais aussi maintenir un train de vie seyant à une dame de la cour. Je me rendais compte que l’argent de Dudley ne durerait pas toujours, si généreux qu’il eût été. Car il savait se montrer grand seigneur – quand il n’avait pas trop à perdre. Il avait repoussé mon offre de rembourser Escargot, que j’avais abandonné à Withysham :
    — Ce n’était pas un très bon cheval. N’y pensez plus !
    Je me voyais soulagée de ce souci-là, toutefois mon avenir financier me préoccupait toujours et quand Cecil me proposa du travail, j’acceptai avec joie. Par bonheur, il ne s’agirait plus de pourchasser des criminels à travers le pays. Il me suffirait d’ouvrir les yeux et les oreilles à la cour. Je n’aurais plus à me transformer en implacable chasseresse. Comme je l’avais appris à mes dépens, ce rôle comportait sa part d’amertume.
    Certes, j’éprouvais une sombre satisfaction à l’idée que les meurtriers de John fussent pendus. Leur description, proclamée sur les places publiques par les messagers de Cecil, incluait celle du pie-fauve de Will Johnson, et c’était le cheval qui, en quelques heures, avait causé la perte des trois hommes.
    Néanmoins, je m’inquiétais pour les Mason et les Westley, dont j’ignorais encore le sort, et – si étrange que cela pût être – pour Oncle Herbert. Mon oncle et ma tante n’avaient pas fui avec Matthew, mais étaient demeurés à Faldene dans une attitude mi-stoïque, mi-bravache. Tante Tabitha s’était vu épargner une arrestation, mais quoiqu’il eût été prêt à me laisser assassiner, j’étais mal à l’aise à la pensée de mon oncle, affligé par la goutte, dans une geôle de la Tour. Cependant, je n’aurais plus à subir de tels tourments intérieurs, et Cecil me payait rubis sur l’ongle.
     
    Je souhaitais vivement, pour mon édification personnelle, échanger quelques mots en privé avec de Quadra. Ce n’était pas facile car je ne voulais pas donner à l’entretien un caractère officiel, mais l’ingénieux Brockley le laissa entendre à l’un des serviteurs de l’ambassadeur d’Espagne, et ce fut de Quadra qui vint vers moi, avec discrétion, dans l’antichambre de la salle à manger où nous attendions d’entrer pour le dîner.
    — Vous désirez me parler, dame… Blanchard ou de la Roche ?
    — Blanchard, je vous prie. Vous souvenez-vous, monseigneur, qu’avant mon départ pour l’Oxfordshire vous m’avez montré trois hommes, dans le parc de Richmond ? L’un était le comte de Derby, le deuxième Sir Thomas Smith, et le troisième m’était à l’époque inconnu.
    Comme il était de petite taille, nos yeux se trouvaient à la même hauteur. J’observai avec attention son visage calme, au teint olivâtre, mais son expression était indéchiffrable. De Quadra gardait le silence.
    — Je sais son nom, à présent : Peter Holme.
    Nous parlions français, mais beaucoup à la cour connaissaient cette langue. Je poursuivis tout bas afin d’éviter d’être entendue dans la pièce bondée.
    — Ces trois-là ourdissaient un complot.
    Un page s’arrêta près de nous, fixant un groupe de courtisans comme s’il attendait que l’un d’entre eux lui fît signe pour lui confier une tâche. Je me tus et de Quadra m’entraîna un peu plus loin.
    — Dame Blanchard, c’est là une de mes méthodes pour apprendre des détails dont je ne suis pas officiellement informé.
    Je ne fis pas mine d’être choquée. Quiconque a espionné derrière une tapisserie perd tout droit à de telles délicatesses. Je me bornai donc à sourire.
    — Pour une fois, continua-t-il, j’éviterai les sous-entendus. Je ne suis pas censé savoir ce qui est arrivé à Lady Dudley et qui en sont les responsables, mais je suis au courant. Voulez-vous me parler à ce sujet ?
    — Oui, monseigneur. Dites-moi, quand vous m’avez désigné ces trois hommes, aviez-vous déjà conscience qu’ils tramaient quelque chose ? Avez-vous attiré mon attention sur eux car vous aviez eu vent de leurs plans concernant Lady Dudley ?
    — Pourquoi cette question ?
    — Parce que c’est le fait de les avoir vus ensemble qui

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