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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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19 h 30. Le Général lit les Mémoires d’outre-tombe – on connaît sa prédilection pour Chateaubriand – afin de se préparer au travail de rédaction pour lequel il m’a fait apporter des documents. Cependant, je m’avise rapidement que la tranquillité du « repaire » lui plaît.
    Je m’abstiens naturellement de l’interroger sur les « affaires » et maintiendrai cette ligne de conduite durant tout le séjour. Ce n’est pas faute de questions à poser, en particulier sur la transformation de la société qu’il a tentée, un peu tardivement peut-être. En effet, ainsi que tous les grands hommes d’État, le Général était un philosophe soucieux du bien de l’homme dans son adaptation aux conditions du futur.
    Je loue une Mini. Ma première démarche, je la fais à Kenmare, auprès d’un médecin de l’hôpital, afin qu’il dispose du sang nécessaire en cas d’accident, le Général étant d’un groupe sanguin très rare, au point de rendre impossible une transfusion impromptue. Par la suite, le gouvernement irlandais prendra des dispositions analogues, à Cashel et à Killarney, sans que j’aie à intervenir.
    Puis, je pars en reconnaissance dans les environs, à la découverte de promenades convenables.
    Le lendemain de l’arrivée, le dimanche 11, le curé de Sneem vient dire la messe à l’hôtel. Brave homme, très curé de campagne, le père Flavin n’hésitera pas à me dire, le jeudi suivant, que l’air marin du Kerry avait produit, en peu de temps, des effets bénéfiques sur nos teints car, dit-il :
    — Dimanche, vous n’étiez pas brillants.
    Sneem, notre capitale, un village de quelque trois cents âmes, possède sur son territoire le grand hôtel de tourisme de Parknasilla, où les journalistes du monde entier se sont donné rendez-vous, dans l’espoir d’obtenir un reportage sensationnel.
    Conscient de la nécessité pour le Général de pouvoir se détendre en se promenant, je me mets, avec ma Mini, en quête d’une plage où il pourra marcher sans être importuné. C’est ainsi que je découvre Derrynane, à trente kilomètres de Sneem, qui me paraît tout indiquée. Les policiers irlandais réussissent un temps à contenir la meute des journalistes lancés à nos trousses. Et c’est ainsi que le Général peut fouler à grandes enjambées le sable de la plage sur laquelle se précipitent les rouleaux furieux de la mer grondante. Malheureusement, les journalistes, telles les abeilles d’un essaim dispersées par un choc, apparaissent bientôt au sommet des dunes, ce qui met un terme à la promenade si bien commencée. C’est là qu’ont été prises ces photos si émouvantes d’un de Gaulle solide comme un roc, impertubable face à l’immensité de la mer agitée ; l’homme des tempêtes pose ainsi pour l’Histoire, bien malgré lui, dans un cadre approprié on ne peut plus évocateur de son destin.
    Mais le Daily Mail – si mes souvenirs sont fidèles – se signale à cette occasion par sa publication, donnant à voir de Gaulle courbé à angle droit, sur le point de tomber. Une photo prise au moment où le Général, regagnant la route, bute sur un galet et manque de tomber. Je la trouve indigne d’un journal, fût-il anglais, et j’y vois une basse vengeance contre celui qui s’est opposé, avec de bonnes raisons, à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Il se peut aussi que le quotidien, en publiant cette photographie, veuille établir un parallèle, au détriment du Général, entre Churchill à la fin de sa vie et de Gaulle à la sortie du pouvoir ! Je remets cependant ce journal, avec les autres, à Mme de Gaulle ; lorsqu’elle me le rend, la photographie n’y est plus.
    Quelques jours après, l’hebdomadaire Match publie un reportage sur Heron’s Cove. Il aura fallu que son photographe rampe dans les buissons pour tâcher, en vain, de surprendre le Général et sa femme dans leur retraite protégée. Sur l’une des deux photographies de la chambre, on voit une silhouette que la légende indique comme étant celle de Mme de Gaulle. Celle-ci, choquée, remarque :
    — Je ne me charge pas de faire les vitres.
    Le lendemain de la promenade manquée à Derrynane, je me venge des journalistes en organisant un tour de trois heures sur la route côtière du Kerry, « the ring of Kerry » , jusqu’à la célèbre baie de Bantry ; elle a été, longtemps, l’objectif de nos flottes quand nous nous

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