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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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Saint-Dizier sans avoir été aperçu. À 10 h 50, l’avion atterrit à Cork dans le sud-est de l’Irlande. Au pied de la passerelle, trois personnalités sont présentes, le Taoiseach [1] , M. Lynch et sa femme, le ministre des Affaires étrangères, M. Aiken. Je traduis les souhaits de bienvenue du président et du gouvernement de la république d’Irlande :
    — L’Irlande tout entière est honorée de votre venue.
    Le Général répond qu’il est heureux de se trouver en Irlande, un pays noble, patrie de ses ancêtres maternels, les Mac Cartan.
    Le Général foule pour la première fois le sol irlandais. Un fin crachin, poussé par une petite brise marine, balaie le paysage que je ressens immédiatement comme étant celui de l’exil. J’ignore qu’il apportera une certaine sérénité au Général.
    Le chauffeur, Paul Fontenil, ayant pris possession de la voiture louée, nous faisons route vers le Kerry, province du sud-ouest. L’ambassadeur suit avec son épouse.
    Nous atteignons sans difficulté notre destination : le village de Sneem, sur la baie de Kenmare. Dans une petite crique, à l’écart du village, Heron’s Cove – la crique du Héron –, au lieu-dit Reen Na Furrira.
    La résidence est une ancienne demeure privée, convertie en un hôtel modeste, mais admirablement située sur une barre rocheuse s’avançant dans la baie. Du portail, sur la route côtière, au porche de l’hôtel, l’allée traverse un parc à la végétation presque tropicale, surprenante à cette latitude : azalées, rhododendrons, fougères arborescentes prolifèrent à l’envi. Le Gulf Stream, qui vient frapper de plein fouet les trois profondes baies du Kerry – Bantry, Dingle, Kenmare – orientées au nord-ouest, est la cause du climat exceptionnellement doux et humide, et de la prolifération de la végétation sur une étroite bande côtière, à l’exception des « montagnes » qui la bordent.
    La position de l’hôtel m’apparaît d’emblée comme pratiquement inviolable ; de plus le parc, pour petit qu’il soit, offre des promenades agréables à l’abri des regards indiscrets : c’est de bon augure pour la tranquillité qu’on recherche.
    Xavier de La Chevalerie et Miss Kilmartin, la secrétaire de l’ambassadeur, nous y attendent. Aidés du gérant, ils ont passé une partie de la nuit en réaménagements intérieurs. Un déjeuner rapide rassemble tout le monde, avant que les d’Harcourt ramènent à Dublin les hôtes de la nuit.
    Désormais, nous sommes seuls, livrés à nous-mêmes. Le voyage a été voulu et décidé par le Général, mais je ne puis m’empêcher de maudire les événements qui ont fait de nous presque des proscrits en Irlande : du moins, c’est ainsi que je ressens alors notre position.
    Une promenade d’une vingtaine de minutes, à la découverte du parc, ne me permet pas de percer les sentiments du Général, probablement très mélancoliques. Il se borne à louer la végétation et le dessin des allées  mais il me semble satisfait d’avoir réussi la surprise de sa sortie de France et de retrouver une certaine liberté.
    L’hôtel est vraiment modeste, particulièrement dans son service de table. Verres très ordinaires et nappes en papier. Les chambres sont ce qu’elles sont : le Général refusera le lit spécial que le gouvernement irlandais a fait préparer pour lui.
    Le lendemain Mme de Gaulle me dit :
    — Je ne suis pas difficile, mais je voudrais bien que l’on me change mon lavabo.
    Ce qui sera fait aussitôt.
    De sa propre initiative, le gérant de l’hôtel améliore le service de table par l’achat d’un service de cristal de Waterford, ce qui donne un peu d’élégance au couvert. Ce même gérant me confiera, quelques jours plus tard, quand il me connaîtra mieux, que le grand chambardement ordonné par La Chevalerie l’a plongé dans un abîme de perplexité : il devinait qu’il s’agissait de la venue d’une personnalité très importante, et cette personnalité ne pouvait être que le pape…
    Pourquoi le pape ? Sans doute, parce que les Irlandais, fervents catholiques, le considèrent comme la personnalité par excellence !
    Les premiers jours, je vois peu le Général et Mme de Gaulle ; si ce n’est à l’occasion des repas et d’une brève promenade, ils restent dans leur appartement. Très vite, ils s’installent dans une routine : petit déjeuner à 8 h 30, déjeuner à 13 heures, dîner à

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