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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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meurtrières.
    C’était une vision d’apocalypse.
    L’affolement gagna tout le château.
    Isarn et ses compagnons se lancèrent d’un bond dans les airs afin de rejoindre le chemin de ronde et continuer le combat.
    Cependant, le pont-levis venait d’être rabaissé !
    Les brigands du second groupe se précipitèrent pour porter seccours à leurs compagnons, mais, alors qu’ils franchissaient le pont, celui-ci se redressa, en même temps qu’une herse s’abattait à son embouchure ! Sous les yeux horrifiés d’Aba, certains furent renversés dans les eaux du fossé et blessés par des archers surgis des deux tourelles de saillie, tandis que les autres, hommes et chevaux, étaient pris en tenaille et écrasés entre le pont levé et la herse semée de pointes.
    L’augustin, atterré, manqua tomber à genoux. Il conduisit Aba vers une poterne ouverte derrière la chapelle. Elle donnait accès à un escalier pratiqué dans l’épaisseur du rempart.
    L’augustin hésita.
    Le père Aba le bouscula pour lui faire doubler le pas.
    Ils s’engouffrèrent…

C HAPITRE 16
    Six lieues à vol d’oiseau séparaient Spalatro du nord de Rome. Malgré cette proximité, personne n’espérait de visiteur en cette saison. La venue de Bénédict Gui suscita presque un incident ; lorsqu’on s’aperçut qu’il s’agissait d’un marchand aisé, on se bouscula pour l’inviter à loger chez soi.
    Bénédict se vit l’heureux hôte d’un certain Démétrios et de sa femme Norma.
    Leur maison était petite mais agréablement entretenue. La femme lui aménagea une chambre qui jouxtait le pressoir où travaillait son mari. Elle lui attribua une paire de draps, des serviettes, deux oreillers et un bonnet de nuit. À la demande de Gui, elle lui porta, pour trois sous supplémentaires, un second poêle.
    Resté seul, Bénédict se défit de son manteau trempé et de ses chaussures lourdes de boue et de neige. Il alluma un poêle et laissa ses affaires fumer de vapeur sur le dossier d’une chaise.
    Il glissa sa sacoche sous le lit puis inspecta la fenêtre de la chambre : elle donnait sur la place principale de Spalatro.
    Les mains et le visage lavés grâce au broc d’eau posé près de son chevet, il alla rejoindre ses hôtes.
    — Qu’est-ce qui vous amène dans notre bon village ? lui demanda Démétrios après leur installation autour d’une table dressée par Norma.
    Bénédict répondit :
    — Je m’appelle Pietro Mandez et suis un marchand qui doit à Dieu d’avoir fait fortune dans le commerce du bois précieux d’Orient.
    Le visage de Démétrios s’illumina ; ce mot de « fortune » lui plaisait. Il en grèverait d’autant le tarif de son hospitalité.
    — Pour un homme aisé, fit-il cependant remarquer, vous voyagez sans équipage et avec un bien mince bagage.
    Bénédict hocha la tête :
    — Vous savez ce que les prêtres professent : un pèlerin doit aller sur les routes sans autre bagage que ses péchés.
    Démétrios haussa les sourcils :
    — Vous êtes un marcheur de Dieu ?
    — On peut dire cela.
    La femme apporta un plat de fèves et de lentilles ainsi qu’un pichet de vin, puis retourna à petits pas à son fourneau.
    — Pour vous le dire tout net : je m’intéresse au cas du village de Cantimpré, avoua Bénédict.
    Le sourire s’effaça aussitôt du visage de Démétrios. Il échangea un regard avec sa femme qui s’était retournée au seul nom de Cantimpré.
    Bénédict feignit de n’avoir rien remarqué :
    — L’été dernier, reprit-il, je suis tombé malade. Les médecins d’Ostie m’ont prédit d’atroces souffrances et une mort imminente. Au lieu de me ruiner avec leurs coûteuses potions sans effet, j’ai préféré me rendre en Terre sainte afin d’aller expier les péchés qui me valaient cette terrible maladie. C’est alors que l’on m’a parlé du village miraculeux de Cantimpré où les guérisons étaient nombreuses et qui était, pour moi à l’époque si affaibli, un voyage plus sage que celui de Jérusalem. Je me suis rendu dans cette paroisse du Quercy et le prodige a été accompli : le Seigneur m’a accordé sa grâce et rendu la santé ! Tel que vous me voyez, je suis un miraculé !
    Tout au long du récit de Bénédict, Démétrios avait gardé la tête plongée dans son bol de lentilles et y donnait de francs coups de cuiller. Bénédict passa outre cette nervosité et acheva son histoire :
    — Les habitants de Cantimpré

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