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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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m’ont expliqué que leurs bénédictions leur venaient de l’âme du père Evermacher qui avait si longtemps vécu auprès d’eux. Ils m’ont dit qu’il était enterré à Spalatro. Je viens donc aujourd’hui, tout naturellement, me recueillir sur la tombe du prêtre qui est à l’origine de ma résurrection !
    Démétrios releva le front.
    — Je vois, dit-il en se versant du vin. En effet, le père Evermacher est enseveli avec nos morts. Après avoir passé sa vie d’adulte à Cantimpré, il a émis le souhait d’être couché dans son village natal auprès de sa mère.
    Il fronça les sourcils et força sa voix dont le débit s’accélérait :
    — Mais pour ce qui est des miracles de Cantimpré, ce n’est pas ici qu’il faut en parler, l’ami ! On nous a assez rebattu les oreilles avec ces fadaises !
    — Des fadaises ?
    — Si Evermacher accomplit des prodiges depuis le Ciel dans son ancienne paroisse, ici, il n’en est rien !
    Il but son vin à la régalade et reposa le gobelet sur la table d’un coup sec :
    — Il y a chez nous des gens qui se souviennent d’Evermacher. C’était un brave homme. Lorsque sa mère est morte, il a fait élever une statue de sainte Monique sur sa tombe et a payé la rénovation de notre petite église. Il était sérieux, sans doute compétent, mais tous les anciens de Spalatro s’accordent pour dire qu’il n’avait pas l’étoffe d’un saint !
    Bénédict voulut répliquer, mais Démétrios ne se laissa pas interrompre.
    — Je dirais même que notre existence à Spalatro a empiré depuis que la dépouille de ce prêtre y est enfouie ! Vous êtes la première personne que je vois ici, en six ans, se targuer d’avoir été le témoin d’un miracle à Cantimpré. Je ne remets pas votre parole en question, messire Pietro Mandez, mais sachez que nous sommes nombreux dans cette paroisse à douter de ces histoires.
    Démétrios se servit un nouveau gobelet de vin qu’il siffla d’une traite avant de lancer :
    — Et si vous retournez à Cantimpré, dites-leur qu’ils peuvent le reprendre, leur Evermacher !
    Norma déposa sur la table des cuisses de lapin et renouvela le broc de vin que son mari avait liquidé seul. Elle semblait très affectée par la conversation.
    — Je vous garantis, dit Bénédict d’une voix posée, que je suis la preuve vivante des bienfaits de Cantimpré. Je veux rendre hommage à son ancien prêtre, rien de plus.
    Démétrios approuva, un sourire en coin :
    — Je vous conseille de ne pas trop raviver le souvenir d’Evermacher à Spalatro. Tout le monde a nourri de grandes attentes après les premières nouvelles de Cantimpré, et Evermacher les a toutes déçues.
    Bénédict promit de n’y point manquer.
    — Vous avez un prêtre à Spalatro ? demanda-t-il.
    — Nous sommes trop proches du diocèse de Cardonna, aussi est-ce un diacre de là-bas qui vient chez nous pour conduire les offices de la semaine.
    — Est-il présent ces jours-ci ?
    — Vous pourrez le voir demain matin. C’est le jour où il entretient la flamme de la table de l’hostie.
    Le repas se poursuivit en bavardages divers, aussi éloignés que possible de Cantimpré et d’Evermacher. Toutefois, lorsqu’il fut l’heure de se quitter, Démétrios aborda une dernière fois le sujet :
    — À votre place, je ne mentionnerais même pas votre guérison à Cantimpré. Vous feriez renaître de fausses espérances…
    Bénédict acquiesça puis dit qu’il allait prendre un peu d’air.
    Il visita Spalatro.
    Il fit la connaissance d’autres villageois, auprès de qui il ne s’ouvrit pas de Cantimpré, mais apprit diverses informations sur le village.
    La paroisse comptait une cinquantaine d’âmes. Depuis que la grand-route la reliait à Rome en moins de deux heures, tout le monde ici avait cessé de travailler aux champs. Un tisserand s’était installé et employait les femmes, Démétrios pressait des olives venues de nulle part que l’on revendait en ville en assurant qu’elles étaient importées de Grèce.
    Bénédict eut le temps d’observer la petite église et de retourner dans le cimetière où il inspecta soigneusement la tombe d’Evermacher.
    C’était une double sépulture qui les accueillait, sa mère et lui. Bénédict découvrit la statue de sainte Monique mentionnée par Démétrios. Hormis cela, le caveau était dépourvu d’ornements particuliers, un rectangle dessiné dans la terre de huit pieds de côté,

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