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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Camillus.
    — Excuse-moi, murmura-t-il d’un ton conciliant.
    Malgré moi, je grinçais des dents.
    — Écoute, Falco, je pense que je peux te rendre un service. L’empereur m’a chargé de m’occuper de cette affaire. Je peux engager qui je veux. Après ce qui s’est passé au palais l’autre jour, ça pourrait te plaire de partir très loin de Rome…
    J’avais soudain l’impression qu’Anacrites avait l’oreille collée contre ma porte quand j’avais discuté avec Helena de notre avenir immédiat. Mais comme nous habitions au sixième étage, il était peu probable qu’un de ses sbires ait eu le courage de grimper autant de marches. Cependant, mes doigts se crispèrent sur ma coupe de vin et mes yeux se rétrécirent.
    — Pas besoin de te mettre sur la défensive, Falco.
    Peu de choses lui échappaient, et c’était une pensée peu réjouissante. Puis il ajouta avec un haussement d’épaules :
    — Fais comme tu voudras. Si je n’arrive pas à mettre la main sur l’émissaire qui convient, je pourrai toujours y aller moi-même.
    — Où faut-il aller ? demandai-je malgré moi.
    — Dans le royaume de Nabatène.
    — En Arabie ? À Pétra ?
    — Ça te surprend ?
    — Non.
    J’avais assez souvent traîné mes bottes au Forum pour me considérer comme un expert en politique étrangère. La plupart des phraseurs qui cancanaient sur les marches du temple de Saturne n’avaient jamais mis le nez hors de Rome, ou du moins jamais plus loin que la petite villa du centre de l’Italie où leur grand-père avait vu le jour. Moi, j’étais allé jusqu’aux limites de l’Empire. Je savais ce qui se passait aux frontières. Alors, quand on me disait que l’empereur regardait au-delà, je devinais ses préoccupations.
    Le royaume de Nabatène s’étendait entre la Judée, que Vespasien et son fils Titus avaient récemment pacifiée, et la province impériale d’Égypte. C’était le point de rencontre de plusieurs grandes voies du transport caravanier à travers l’Arabie : épices et aromates, pierres précieuses et perles, bois exotiques et encens. Les Nabatéens contrôlaient ces routes caravanières sûres pour les marchands, mais ils faisaient payer cette sécurité très cher. À Pétra, leur place forte jalousement gardée, ils avaient établi le principal centre commercial. Leurs droits de douane étaient notoires, et Rome étant la cliente la plus vorace pour les marchandises de luxe, Rome payait beaucoup. Je devinais donc le cheminement de la pensée de Vespasien. Il se demandait s’il fallait encourager les riches et puissants Nabatéens à rejoindre l’Empire en mettant leurs comptoirs commerciaux si lucratifs sous notre contrôle direct.
    Anacrites se méprit sur la nature de mon silence ; il crut que je commençais à m’intéresser à sa proposition. Il se mit alors à me caresser dans le sens du poil en insistant sur le fait qu’il s’agissait là d’une tâche que bien peu d’agents seraient capables de mener à bien.
    — Tu veux dire que tu as déjà demandé à une dizaine de personnes qui se sont toutes fait porter pâle ?
    — C’est une mission qui pourrait te sortir du lot.
    — Moi, je crois que si je réussissais, la conclusion serait que ça devait pas être si difficile que ça.
    — C’est vraiment impossible de te mener en bateau ! dit-il en grimaçant un sourire. (Pendant quelques instants, il me plut davantage.) C’est pourtant toi le candidat idéal, Falco.
    — Oh ! oublie-moi ! Je ne suis jamais sorti d’Europe !
    — Tu as des liens avec l’Orient.
    — Tu veux dire parce que mon frère s’est fait tuer là-bas ? demandai-je avec un rire bref.
    — Ça devrait éveiller ton intérêt…
    — Exact ! L’intérêt de ne jamais mettre les pieds moi-même dans ce foutu désert !
    Je conseillai à Anacrites de s’envelopper dans une feuille de vigne et de sauter la tête la première dans une amphore d’huile rance. Puis, après avoir reversé le mauvais vin qui restait au fond de ma coupe dans la sienne, je tirai ma révérence.
    Je n’avais pas besoin de me retourner pour savoir que le chef espion arborait un sourire indulgent. Il était persuadé que j’allais réfléchir à sa fascinante proposition et revenir le solliciter.
    Anacrites n’avait cependant pas compté avec Helena.

4
    Un brusque sentiment de culpabilité me poussa à ramener mon attention vers le bébé éléphant.
    Helena m’observait. Elle ne fit aucun commentaire, mais me

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