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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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vite.

42
    Officiellement, Abila n’était pas l’une des dix villes de la célèbre Décapole. Mais comme plusieurs autres, elle prétendait en faire partie, pour bénéficier d’un certain prestige et se sentir protégée contre les pillards, grâce à l’accord tacite de protection mutuelle qui existait dans la vraie fédération. Mais si des bandits débarquaient et demandaient à voir leur certificat d’appartenance, ils devraient probablement abandonner leurs prétentions et se soumettre docilement au pillage.
    Abila possédait pourtant toutes les caractéristiques des plus belles cités de la Décapole : un site superbe, un ruisseau au débit suffisant, de solides remparts, une acropole grecque, des quartiers aux caractéristiques plus romaines, un ensemble impressionnant de temples honorant des divinités au goût de chacun, et un théâtre. L’architecture locale faisait appel à un riche mélange de marbre, de basalte et de granit du plus beau gris. Le haut plateau sur lequel la ville était construite était souvent balayé par un vent tourbillonnant. Les habitants nous observèrent d’un air pensif. Ils ne se montrèrent pas franchement hostiles, mais l’atmosphère nous mit tous mal à l’aise.
    Ayant dû renoncer à visiter Dium, ce voyage raté allongea d’autant notre trajet, et nous n’étions pas arrivés à Abila au meilleur moment de la journée. D’habitude, nous cheminions une grande partie de la nuit pour éviter la forte chaleur du jour, et nous nous arrangions pour entrer dans une ville le matin. Ensuite, sans perdre un instant, Chremes partait étudier les possibilités de donner une représentation, tandis que nous restions entre nous à dire du mal de lui.
    La piste défoncée que nous avions suivie pour atteindre Abila nous avait retardés au point que nous y arrivâmes au début de l’après-midi pleins de courbatures. Un des chariots s’étant retrouvé avec un essieu cassé, nous étions restés bloqués pas mal de temps dans un endroit idéal pour servir de repaire à des brigands.
    Dès que nous fûmes à pied d’œuvre, nous plantâmes nos tentes pour nous y retirer le plus vite possible. Personne n’avait plus l’énergie pour le moindre projet. Fidèle à son habitude, Musa s’obstina à allumer un feu. Quel que soit son état de fatigue, il refusait toujours de se reposer avant d’avoir allumé le feu et fait provision d’eau. En le voyant s’activer, pour me donner bonne conscience, je me sentais à chaque fois obligé de participer aux corvées. Cette fois-ci, je donnai à manger au bœuf et, pour me remercier de mes soins, cet animal ridicule me marcha sur le pied. Helena Justina nous trouva quelque chose à manger, mais personne n’avait faim.
    Nous avions trop chaud et étions bien trop énervés pour dormir ; nous restâmes donc assis en tailleur à discuter.
    — Je commence à me sentir déprimée, avoua Helena. Nous n’allons bientôt plus avoir de villes à visiter, et nous n’avons rien résolu. Où va-t-on aller ensuite ? Capitolias, Canatha et Damas, je suppose ? Et ce sera terminé.
    De nouveau alerte, elle faisait les questions et les réponses, comme si elle croyait que Musa et moi allions fixer longtemps l’espace devant nous d’un air léthargique. Ce que nous fîmes.
    — Damas est une grande ville, dis-je enfin. On peut raisonnablement espérer y trouver Sophrona.
    — Qui te dit qu’elle n’est pas à Dium ?
    — Alors elle a probablement attrapé la peste, et Thalia elle-même n’y pourrait rien.
    — De toute façon, il faut continuer à la chercher, Marcus.
    Helena Justina détestait les efforts inutiles. Moi, en tant que détective privé, j’y étais habitué depuis longtemps.
    — Ma chérie, n’oublie pas que nous nous trouvons aux confins de l’Empire et que nous avons besoin de gagner notre subsistance. Alors nous allons accompagner la compagnie dans ces trois dernières villes, et si Sophrona n’y est pas, il faudra réfléchir à ce que nous allons décider pour Dium ravagée par la peste.
    C’est le genre de décision auquel est parfois confronté un voyageur. À mon avis, la seule décision qui s’imposait était de prendre un bateau rapide pour regagner Rome au plus vite. Je me gardai bien de la mentionner, parce que nous étions tous les deux si frustrés et tristes que le simple fait de parler de battre en retraite nous aurait poussés à empaqueter nos affaires et à partir sur-le-champ. L’humeur est

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