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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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prêts à les planter dans toute personne qui s’exprimerait avec l’accent de Tibériade. Hippos n’était qu’un sombre ramassis de gens soupçonneux. Pour moi, c’était le genre de cité où poètes et philosophes auraient dû voir le jour, pour y acquérir d’une façon naturelle le ton de doute cynique convenant à leurs œuvres. Bien sûr, Hippos n’en possédait pas un seul.
    Dans une ville comme celle-là, même le détective privé le plus endurci se sent fébrile au moment de poser la moindre question. Je n’étais cependant pas venu jusqu’ici pour laisser tomber mon enquête. Je devais me renseigner sur l’organiste. Rassemblant mon courage, j’interrogeai plusieurs personnages basanés. Quelques-uns s’empressèrent de cracher – pas tous dans ma direction. D’autres se contentèrent d’afficher un visage vide et de regarder au loin. Je finis par en conclure qu’il devait s’agir d’un dialecte local signifiant : « Non, je suis vraiment désolé, beau Romain, mais je n’ai jamais vu cette charmante jeune fille, pas plus que je n’ai entendu parler du Syrien dissolu qui l’a enlevée… »
    Absolument personne ne me menaça d’un poignard.
    Je fis donc un trait sur cette nouvelle destination possible pour Sophrona et Habib – en supposant que c’était bien avec lui qu’elle avait joué la fille de l’air –, et j’entrepris le long trajet vers notre bivouac. Tout au long du chemin, je ne cessai de regarder furtivement par-dessus mon épaule, pour voir si quelqu’un m’avait pris en filature. Je devenais aussi nerveux que la population locale.
     
    Heureusement, ayant déjà parcouru la moitié de la distance, je rencontrai Ribes, le joueur de lyre, ce qui me permit enfin de changer le cours de mes pensées.
    Ribes était un garçon au teint terreux qui croyait que son rôle de musicien consistait à flemmarder, les cheveux hirsutes, en racontant comment il emploierait les grosses sommes qu’il allait gagner avec des chants populaires qu’il n’avait pas encore composés. Pour l’instant, je ne l’imaginais pas harcelé par des comptables égyptiens désireux de le soulager d’un maximum d’argent. Il portait le genre de ceinture qui, pensait-il, le faisait passer pour un dur, et l’expression de son visage n’était pas sans rappeler un campagnol lunatique. Ma première réaction avait bien été de l’éviter, mais il m’avait vu.
    — Alors, la musique, ça va bien ? demandai-je poliment.
    — C’est prometteur, m’assura-t-il.
    Il ne chercha pas à s’enquérir de mes travaux d’écriture.
    Nous marchâmes côte à côte pendant un certain temps, tandis que j’essayais vainement de me tordre la cheville pour rester en arrière.
    — Tu es en train de mener une enquête ? questionna-t-il très sérieusement.
    — Je recherche seulement une fille.
    Ma réponse eut l’air de le troubler. Sans doute parce qu’il connaissait Helena. Voilà un aspect du problème qui ne m’avait jamais inquiété.
    — J’ai réfléchi à ce que tu nous avais dit, ajouta Ribes après quelques enjambées de plus. À propos d’Ione…
    Il laissa sa phrase en suspens. Je me forçai à paraître intéressé, et pourtant, parler à Ribes m’excitait autant que de me curer les dents sans cure-dents lors d’un banquet, quand la femme de l’hôte ne regardait pas.
    — Tu as réfléchi à quelque chose qui pourrait m’éclairer ? l’encourageai-je.
    — Je sais pas.
    — Personne d’autre n’ayant pu me fournir le moindre renseignement…
    Ribes parut soudain plus content de lui.
    — Oui, je crois savoir quelque chose… (Heureusement, étant détective privé depuis six ans, j’avais appris à devenir patient.) Ione et moi étions amis. Je veux pas dire que… Enfin, on n’a jamais… Mais elle aimait parler avec moi.
    Voilà la meilleure nouvelle apprise depuis des semaines. Les hommes qui avaient couché avec la joueuse de tambourin me seraient complètement inutiles. De toute façon, ils ne s’étaient pas précipités pour me raconter leurs petites histoires. Je regardais soudain ce faible roseau d’un autre œil. Il était très possible qu’Ione se soit confiée à lui, car à part ses oreilles, il paraissait avoir bien peu à offrir.
    — Et que t’a-t-elle dit, Ribes, qui soit susceptible d’être important pour élucider son meurtre ?
    — Est-ce que tu as appris qu’à une époque, elle était très proche d’Heliodorus ?
    C’était peut-être là le

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