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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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leurs flûtes de Pan ! Leurs masques sont nuls et leurs nymphes ne peuvent exciter personne.
    Tandis que nous prenions notre mal en patience, je demandai :
    — Davos, as-tu déjà vu Philocrates gonfler une outre à vin et la lancer dans l’eau, comme aiment à le faire les enfants ? Sais-tu s’il aime tellement les objets flottants ?
    — Pas à ma connaissance. En fait, c’est les clowns qui font ça d’habitude.
    Encore une fois, j’avais cru que ce vague indice allait m’éclairer, quand il ne faisait que rendre la situation plus confuse.
     
    Heureusement, les pièces sur les satyres sont courtes. Après quelques viols simulés, ils galopent hors de scène dans leur culotte en peau de chèvre. Arriva donc l’entracte qui permettait de faire circuler des plateaux de nourritures diverses. Nous nous précipitâmes sans perdre un instant vers le crétin élu qui avait incarcéré nos collègues. Il s’agissait d’un salopard du type autoritaire. Quelquefois, je perds ma foi en la démocratie. Pas quelquefois, souvent.
    Nous n’avions pas beaucoup de temps pour faire valoir nos arguments. Précédée d’un cliquetis de tambourins, une ribambelle de danseuses trop grasses, et fagotées dans des tuniques hélas transparentes, envahissaient déjà la scène pour titiller les spectateurs. Dans le bref instant qu’il nous accorda, nous ne parvînmes pas à convaincre le magistrat qui s’empressa de faire signe à des gardes de nous expulser.
    Davos et moi préférâmes gagner la sortie sans l’aide de personne. Nous nous rendîmes alors directement à la prison, où le gardien accepta finalement de se laisser soudoyer – mais ce pot-de-vin représentait la moitié de la recette des Oiseaux à Scythopolis. Anticipant les difficultés que nous venions de rencontrer, nous avions demandé aux machinistes de charger les chariots et les chameaux et de prendre la route. Une fois les prisonniers libérés, nous nous arrêtâmes un moment au forum pour discuter bien fort de notre départ pour Capitolias, puis nous rejoignîmes le reste de la troupe au triple galop sur la route de Hippos.
    Nous continuâmes d’avancer le plus vite possible sans cesser de maudire les porcs qui vivaient à Gadara.
    L’Athènes de l’Orient, tu parles !

40
    Hippos s’élevait également sur une colline, du côté de la rive orientale du lac de Tibériade. Le point de vue était magnifique, mais la cité souffrait d’un inconvénient majeur : établie à une grande distance du lac, elle ne possédait pas le moindre ruisseau. Il n’était donc pas facile de se procurer de l’eau pour un usage domestique. De l’autre côté du lac, Tibériade avait été construite sur la berge même, ce qui était nettement plus pratique. Les habitants d’Hippos haïssaient cordialement ceux de Tibériade – et les traces de cette hostilité passionnée étaient beaucoup plus visibles que celle de la soi-disant rivalité entre Pella et Scythopolis.
    Comme Hippos devait sans cesse trouver de nouvelles solutions pour lutter à la fois contre sa pénurie d’eau et contre ses voisins, on aurait pu croire qu’il ne lui restait pas assez de temps pour soutirer leur argent aux marchands de passage, ou penser à de grandes réalisations architecturales… Et pourtant, avec la ténacité qui caractérise le peuple de cette région, ils parvenaient à mener toutes ces tâches de front. Depuis la porte monumentale de la cité que nous franchîmes à pied – au cas où nous aurions dû fuir de nouveau, nous avions choisi d’établir notre camp à l’extérieur des remparts –, partait la rue principale, large ruban de basalte noir bordé d’élégantes colonnades. Elle parcourait toute la longueur de la crête, le long de laquelle était bâtie la ville, et offrait des points de vue superbes sur le lac.
    Peut-être à cause de notre propre nervosité, nous trouvâmes la population irascible. Les rues grouillaient de visages basanés à demi dissimulés par des capuchons, et le peu qu’on en voyait indiquait clairement que mieux valait ne pas leur demander où se trouvait le marché. Quant aux femmes, elles avaient la posture de toutes celles qui doivent passer des heures à se mesurer à des jarres pleines d’eau. Petites et minces, cette corvée régulière les avait dotées de bras musclés. Le rôle des hommes paraissait être de traînasser en arborant un air sinistre. Ils étaient tous armés de poignards, bien visibles ou dissimulés, et

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