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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Sous la froideur apparente, le sang bouillonne. Comparé à cet homme, Adonis n’était qu’un apprenti. Dans un instant, il va te jeter des roses et te réciter des poèmes.
    Musa sourit poliment.
    — Je peux en effet réciter des poèmes, Falco.
    Il n’avait pas de fleurs, mais il vint s’asseoir près du feu, en face d’Helena et de moi, se rapprochant ainsi de la jeune fille qu’il était censé charmer. Il oublia cependant de la regarder. Il s’installa sur le coussin judicieusement placé par Helena avant le repas, pour que les choses puissent éventuellement se développer entre nos deux amoureux transis. Puis il commença à réciter. On devinait tout de suite qu’il allait s’agir d’un très long poème, et il était en dialecte arabe de Nabatène.
    Un très léger sourire jouait sur les lèvres de Byrria, et elle avait baissé ses magnifiques yeux verts. La pauvre fille ne pouvait pas faire grand-chose d’autre.
     
    Musa déclamait en regardant droit devant lui. Et devant lui, il y avait Helena qui écoutait avec une attention soutenue, en gardant une immobilité parfaite. La douce pression de son pouce sur ma glotte me mettait douloureusement en garde de ne pas m’aviser de l’interrompre. Toujours étendu avec la tête sur ses genoux, je fermai les yeux pour me forcer à abandonner notre invité débile à son triste sort.
    Il s’arrêta plus tôt que je ne l’avais espéré. Ce n’était peut-être qu’une pause, mais assez longue pour me permettre d’intervenir sans le vexer. Roulant sur le ventre et souriant à Byrria, je déclarai posément :
    — Je crois que certaine jeune dame vient d’être favorablement comparée à une gazelle aux yeux tendres qui bondit en liberté dans la montagne.
    — Falco ! s’écria Musa avec un rire dans la voix. Est-ce que tu parlerais mieux ma langue que tu le prétends ?
    — Je suis aussi poète à mes heures. Je sais deviner.
    — Tu es aussi notre auteur, Falco. Tu devrais comprendre des vers bien dits. (Byrria s’exprimait avec dureté.) Et pour le reste, Falco ? Qu’est-ce que tu as réussi à comprendre ?
    Sans avoir l’air de rien, elle venait de donner un autre tour à la conversation. La musique produite par ses longues boucles d’oreilles continuait de ponctuer ses paroles et de m’agacer.
    — Penses-tu bientôt identifier le meurtrier d’Ione ?
    Renonçant à perfectionner la technique de séduction du prêtre qui m’apparaissait un cas désespéré, je ne fus pas fâché de changer de sujet.
    — Je n’ai toujours pas trouvé l’amant avec qui Ione avait rendez-vous, et tous les renseignements sont les bienvenus. En ce qui concerne Heliodorus, les motifs de l’assassiner ne cessent de s’accumuler, comme les bernaches au cul d’un bateau. Les plus crédibles concernent Tranio et Grumio, qui auraient contracté de vilaines dettes de jeu. Tu sais quelque chose là-dessus ?
    Byrria hocha la tête négativement. Elle paraissait très soulagée que la discussion ne tourne plus autour de ses relations affectives avec Musa.
    — Tout ce que je sais, c’est qu’Heliodorus jouait de la même façon qu’il buvait. Il y allait à fond mais ne perdait jamais le contrôle de lui-même. Et personne ne le battait jamais.
    Les images qui lui vinrent en mémoire la firent soudain frissonner. Et non seulement ses boucles d’oreilles continuèrent d’émettre un tintement continu, mais les flammes qui s’y réfléchissaient leur faisaient lancer de petits éclairs. Se fût-il agi de ma petite amie, je n’aurais rien eu de plus pressé que de lui caresser le lobe de l’oreille pour la débarrasser de ces maudits bijoux.
    — Forcément, il jouait avec des dés truqués, expliquai-je.
    Son expression devint celle d’une furie.
    — Comment analyses-tu les relations d’Heliodorus avec les jumeaux, Byrria ?
    — Je crois qu’ils étaient capables de lui tenir tête.
    Il était facile de deviner qu’elle les aimait bien. Pris d’une impulsion subite, je demandai :
    — Vas-tu accepter de me dire lequel des deux t’a débarrassée d’Heliodorus, le jour où il t’a agressée ?
    — C’était Grumio, répondit-elle tout naturellement.
    Du coin de l’œil, je crus voir Musa se raidir. Byrria, elle, paraissait très calme. Elle maîtrisait parfaitement la colère qui s’était emparée d’elle lors de la première évocation devant moi de cette tentative de viol. D’ailleurs, elle s’était montrée réservée tout le long de

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