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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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je ferais ?
    Je croyais qu’il voulait dire : Si je parviens à conquérir Byrria, qu’est-ce que je vais faire d’elle ?
    — Tu t’en remettras, Musa, crois-moi. Demain, tu pourrais très bien tomber soudainement amoureux d’une blonde langoureuse qui a toujours rêvé de s’envoyer en l’air avec un prêtre nabatéen.
    J’en doutais cependant. Mais au cas où il aurait besoin de toutes ses forces le jour suivant, je l’aidai à se mettre debout et le persuadai d’aller se coucher.
    Le lendemain, s’il allait un peu mieux, je tenterais de lui expliquer ma théorie : il vaut mieux montrer toutes les facettes de sa personnalité à la belle qu’on souhaite conquérir, plutôt que de lui réciter de la poésie dans une langue qu’elle ne comprend pas. Si je n’arrivais pas à le persuader, je tenterais de le faire boire en lui chantant des chansons cochonnes.

51
    Canatha. Une cité très ancienne entourée de hautes murailles. Elle avait été bâtie au nord d’une vaste plaine de basalte dont elle dévalait la pente douce. Complètement isolée, elle avait acquis une grande réputation, et il s’en dégageait une atmosphère très spéciale. En dépit de son territoire assez limité, son activité commerciale était intense. Les principales voies commerciales venant de Bostra passaient par Canatha. Même en considérant l’aspect architectural grec qui ne nous surprenait plus, avec l’acropole traditionnelle sur son promontoire, Canatha possédait des attributs très particuliers. On y trouvait notamment des traces d’architecture parthe et nabatéenne, exotiquement mêlées aux caractéristiques grecques et romaines.
    Elle était trop éloignée pour avoir à craindre les exactions des Juifs jaloux, mais d’autres dangers la menaçaient derrière ses solides remparts. Canatha était un avant-poste solitaire dans une région infestée par les pillards. L’ambiance à l’intérieur de la cité me rappelait davantage celle d’une forteresse établie sur une frontière, en Bretagne ou en Germanie, que celle des villes plus à l’ouest de la Décapole, où on pensait surtout à amasser des biens et à se distraire. Ici, la communauté qui ne pouvait compter que sur elle-même était beaucoup plus solidaire. Divers périls ne rôdaient jamais très loin des portes de la ville.
    Notre bande de vagabonds n’échappa pas à un examen approfondi, au cas où nous aurions été susceptibles de créer des troubles. Nous nous soumîmes docilement aux fouilles et répondîmes humblement aux questions. À l’intérieur des murs, l’accueil fut plutôt amical. Canatha aimait les visiteurs et paraissait ignorer la discrimination. Et comme beaucoup de gens l’omettaient de leur itinéraire, les habitants étaient ravis de recevoir la visite d’une troupe de théâtre ambulante.
    Nous leur offrîmes en premier Les Frères pirates, que Chremes tenait à réhabiliter après l’atteinte portée à leur réputation par le magistrat de Bostra. La pièce obtint un beau succès. Nous extirpâmes ensuite de notre répertoire La Fille d’Andros et l’ Amphitryon de Plaute – l’une des farces préférées de Chremes, mettant en scène des dieux fornicateurs. Je m’attendais au pire de la part de Musa à propos d’Amphitryon, mais fort heureusement, l’œuvre n’offrait qu’un seul rôle féminin important, celui d’une femme vertueuse séduite sans le savoir par Jupiter, et il fut naturellement accaparé par Phrygia. Byrria interprétait le personnage d’une nourrice qui n’apparaissait qu’à la fin dans une courte scène. Sans faire de galipettes. Elle avait cependant une belle tirade, où elle décrivait l’enfant Hercule tuant un serpent de ses petites mains grassouillettes.
    Pour pimenter un peu la chose, Helena fabriqua un serpent étranglé en cousant un tube fabriqué dans une vieille tunique, qu’elle bourra ensuite de diverses saloperies. Musa apporta la touche finale en le dotant d’une langue fourchue, faite d’un vieux morceau de ceinture. Byrria manipula cette espèce de marionnette avec la plus grande habileté. Contre toute attente, elle se révélait être une comique. Elle arriva sur scène en courant, le reptile coincé sous son bras, et elle parvenait à le faire gigoter comme s’il était en train de se remettre de son étranglement, avant de l’achever. L’effet produit – pas du tout prévu au programme – provoqua des hurlements de rire, mais nous valut une belle

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