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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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Thalia.
    Elle avait terminé son repas. Pour une femme de sa corpulence, elle mangeait étonnamment peu. Elle n’avait que des muscles, pas un pouce de graisse. Je prenais beaucoup de plaisir à la regarder.
    — Assez bonne. J’ai retrouvé tes tourtereaux.
    — Quel est ton verdict ?
    — Je la trouve à peu près aussi excitante qu’une serpillière usée. Quant à lui, c’est pas l’intelligence qui l’étouffe.
    — Alors, ils sont assortis, intervint Helena.
    Elle passait discrètement son doigt tout autour de son nez à la recherche du bouton.
    — C’est à cause de la ténacité de Sophrona qu’ils sont encore ensemble.
    Je lisais dans les pensées de Thalia. Elle se disait que si tel était le cas, il lui suffisait de récupérer sa musicienne pour régler le problème.
    Mais je savais que la fille n’allait pas accepter de lâcher sa proie facilement.
    — Elle fera tout ce qu’elle pourra pour s’accrocher à ce garçon dont la famille est très riche. J’ai promis de les marier, me risquai-je à préciser.
    Mieux valait laisser passer l’orage.
    Il s’ensuivit une discussion animée entre femmes qui me permit de manger tranquillement en tâchant d’ignorer les propos désobligeants qu’elles tenaient sur mon compte. Helena et Thalia étaient cependant des personnes sensées. Leur indignation s’apaisa rapidement.
    — Il a raison, marions-les…
    — Ça durera pas longtemps !
    Si le mariage durait, le jeune couple aurait alors tout loisir de se moquer de nous.
    À en croire ce que je venais d’entendre, une personne parmi nous avait des vues tellement cyniques sur le mariage qu’elle prédisait une issue malheureuse à celui de Sophrona. Et comme cette personne était celle que j’avais l’intention d’épouser dès que j’aurais réussi à la faire signer en bas d’un contrat, c’était plutôt inquiétant.
     
    Chremes et Phrygia avaient assisté à nos petites querelles domestiques avec un air distant. Je me dis soudain qu’ils étaient peut-être passés nous voir au sujet de la prochaine représentation. S’ils s’étaient mis à deux pour venir m’en parler, je pouvais m’attendre à un surcroît de travail. Alors qu’en ce qui me concernait – puisque Palmyre allait voir la fin de notre association –, j’avais prévu de me la couler douce. J’espérais qu’il allait porter son choix sur une des pièces déjà révisées. Et pourquoi pas ces Oiseaux, si bien remis au goût du jour par Helena ? Leur flamboyance néo-babylonienne plairait, j’en étais certain, aux habitants de Palmyre engoncés dans leurs broderies – je me fis soudain l’effet d’être devenu un critique désabusé ; il était grand temps que je démissionne.
    Comme Chremes et Phrygia continuaient de garder le silence, ce fut Helena qui aborda avec diplomatie la question de la location du théâtre.
    — Oui, j’ai réussi à arranger quelque chose.
    La lassitude dans la voix du directeur me poussait à croire qu’il n’avait pas une bonne nouvelle à nous annoncer.
    — Ah ! très bien ! l’encourageai-je.
    — Merci… (Son hésitation justifiait mes craintes.) Mais il y a malheureusement un petit problème.
    — Il veut parler d’un véritable désastre, précisa Phrygia sans état d’âme.
    Je remarquai que Thalia l’observait avec un sourire narquois.
    — Non, non, pas un désastre ! protesta Chremes. Le fait est que nous ne pouvons pas obtenir le théâtre municipal, qui de toute façon n’est pas digne de nous.
    — Pour ce qui est de notre dignité !… Sauf à Damas, on a joué dans des trous creusés dans le sol, entourés de quelques bancs de bois. Alors leur théâtre doit être dans un triste état pour que tu en parles de cette façon !
    — Oui, mais ils ont des plans pour en construire un tout neuf.
    — C’est pas étonnant, en Syrie, il y a partout des plans pour construire des théâtres, rétorquai-je. Dans vingt ou trente ans, cette province sera devenue le rêve de toutes les troupes ambulantes. Ce sera comme siroter de l’ambroisie sur le mont Olympe. Un jour, ils auront une acoustique parfaite et une architecture majestueuse avec du marbre partout. Dommage qu’on ne puisse pas attendre aussi longtemps ! persiflai-je.
    — Ah ! tu as raison, dit Chremes qui paraissait encore plus abattu que moi ce soir. L’art de la scène est en plein déclin. J’ai essayé de rehausser le niveau, avec ma compagnie, mais la tâche est rude. Le vrai théâtre va bientôt
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