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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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froisser les habitants.
    Croyant comprendre où il voulait en venir, je m’écriai :
    — Oh ! je m’attends au pire, Chremes !
    — J’ai rencontré par hasard un des officiers, et il a accepté de mettre à notre disposition un petit amphithéâtre que les troupes ont construit pour leur usage personnel.
    J’étais horrifié.
    — Par tous les dieux ! T’es-tu déjà trouvé dans un théâtre de garnison ?
    — Et toi ?
    Fidèle à ses principes, il répondait à une question par une autre.
    — Souvent !
    — Oh ! je suis certain qu’on pourra…
    — On pourra pas grand-chose, confirma Phrygia qui apparemment savait de quoi elle parlait. Pas mettre un décor – donc pas d’entrées, pas de sorties, pas de trappes allant dans les dessous. Et nulle part où dissimuler la machinerie si on veut faire voler des choses ou des gens. On va en outre se crever pour une bande d’abrutis qui vont réclamer des obscénités et qui les diront eux-mêmes si on ne s’exécute pas.
    — Calme-toi, conseilla Helena. Remarque, je te comprends. Intéresser des soldats pendant toute une pièce…
    — Ça va être un cauchemar, assurai-je. On devra s’estimer heureux s’ils ne nous jettent pas de pierres.
    — Voilà justement où tu interviens, m’informa Chremes tout à fait sérieusement.
    — J’en doute. (J’avais déjà prévu de charger mon char à bœuf et de reprendre la route de Damas le soir même.) J’arrête les frais moi aussi.
    — Marcus Didius, écoute-moi. Je sais que notre idée va te plaire. (J’en doutais fortement.) J’ai demandé leur avis aux autres, et nous avons fini par tomber d’accord. Pour retenir l’attention des soldats, on a besoin d’une pièce courte, un peu dramatique mais pas trop, et surtout différente.
    — Alors quoi ? demandai-je, sans comprendre pourquoi Helena se cachait derrière son étole pour ricaner.
    Quant à Chremes, il me sembla le voir rougir.
    — Alors on s’est demandé si tu nous laisserais répéter ta fameuse pièce au fantôme.
     
    Voilà comment ma subtile création, Le Fantôme qui parlait, fut montée pour une représentation unique dans l’amphithéâtre de la garnison romaine de Palmyre, par une chaude nuit d’août. Si vous pouvez penser à quelque chose de pire, je serais très content de l’apprendre. Les soldats vinrent y assister en nombre. Pour une seule raison : on leur avait dit qu’ils allaient voir une fille en tenue suggestive qui dansait avec un serpent.
    Ils en virent bien davantage. Et nous aussi.

65
    Il y avait d’abord un petit détail à régler… Mon idée de pièce avait soulevé tellement de moqueries chez les comédiens que j’en avais interrompu l’écriture avant d’en être arrivé à la moitié. Tous les auteurs doivent connaître ce sentiment de panique, quand une date est irrémédiablement fixée pour la remise d’un manuscrit qu’ils se sentent incapables de terminer à temps… Mais je me sentais désormais si professionnel que je ne tardai pas à me ressaisir. On voulait un drame court et percutant : le meilleur moyen serait donc d’improviser.
    J’appris très vite que ma pièce n’aurait pas à animer toute la soirée. Le cirque ambulant de Thalia nous avait rejoints. Ce fut du moins ce que je crus comprendre en trouvant un lionceau sous notre tente. Il était joli, mais restait encore un peu pataud. Son fol entrain n’en était pas moins inquiétant. Je découvris ensuite plusieurs chariots. Il y en avait même deux réunis ensemble, d’où sortait une structure étonnante empaquetée dans des couvertures et des peaux.
    — Par Jupiter, c’est quoi cet engin ?
    — Un orgue à eau.
    — Mais tu n’as pas d’organiste !
    — J’en avais pas, mais tu m’en as trouvé une, Falco.
    — Si j’étais toi, je ne parierais pas là-dessus.
    Parmi les nouveaux arrivés, je reconnus deux ou trois types minables de la troupe romaine de Thalia.
    — Mon partenaire est également arrivé, claironna-t-elle.
    Il s’agissait du serpent qu’elle appelait tout simplement « le gros ».
    — Il est où ?
    — En compagnie de son nouveau gardien. (Elle avait l’air de sous-entendre qu’elle savait quelque chose qui nous avait échappé…) Vous voulez le voir ?
    Nous la suivîmes jusqu’à un chariot garé à l’autre bout du campement, le lionceau gambadant joyeusement derrière nous.
    — Qu’est-ce qu’il faut faire, quand on est gardien de serpents ? demanda poliment Helena pendant le trajet, tout en
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