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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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toute liberté. Il entra sans hésiter dans une maison, et, sans hésiter non plus, je l’y suivis.
    La porte était une simple ouverture carrée dans le mur de torchis. Elle ouvrait sur une cour minuscule, sans péristyle et sans puits. Le sol était de terre battue. Un tabouret gisait renversé dans un coin, des couvertures pendaient d’un balcon. Les couvertures paraissaient propres, mais il s’en dégageait la triste odeur de la pauvreté.
    Je me dirigeai vers les voix anxieuses que j’entendais. Entrant sans y avoir été invité, je trouvai le jeune homme avec des traces de larmes sur le visage, et sa jeune amie pâle mais déterminée. Ils me dévisagèrent d’un air interloqué. Je leur souris. Le garçon paraissait incapable de réagir, la fille se mit à hurler. À hurler désagréablement.
    D’après mon expérience, le scénario était on ne peut plus banal.
     
    — Ainsi, tu es Sophrona !
    Pas du tout mon genre. Ce qui valait mieux, étant donné les circonstances.
    — Sors d’ici ! cria-t-elle.
    Elle devait avoir compris que je n’avais pas fait tout ce chemin pour lui annoncer un héritage aussi soudain qu’inattendu.
    Elle était grande – plus grande qu’Helena – et plus efflanquée que je ne me l’étais imaginé. Elle me rappelait vaguement quelqu’un, mais je n’arrivais pas à dire qui. Certainement pas ma princesse. Elle avait des cheveux noirs et raides qu’elle attachait très simplement. Ses yeux étaient immenses. Des yeux d’un très joli marron, bordés de longs cils. Ceux qui n’attachent qu’une importance toute relative à l’intelligence auraient dit qu’ils étaient beaux. Elle avait déjà expérimenté leur pouvoir sur les hommes, et elle l’essaya sur moi. Sans succès. J’avais envie de lui coller mon poing sous le menton en lui disant d’arrêter son cirque. Mais à quoi cela m’aurait-il avancé ? Il était d’ailleurs trop tard pour lui ôter cette déplorable manie. Sophrona demanderait très certainement à être représentée sur sa pierre tombale avec cette expression irritante, qui me faisait personnellement penser à une biche souffrant d’un rhume de cerveau.
    Elle avait une vingtaine d’années et ne portait pas de voile. Une tunique bleue recouvrait son grand corps maigre, agrémentée de beaucoup trop de bijoux de pacotille, et elle s’était chaussée de sandales ridicules. Sincèrement, son accoutrement eût mieux convenu à une gamine de treize ans. C’était sans doute le but recherché. Sophrona avait conquis le fils d’un homme riche en faisant sa petite chatte.
    — Ça ne te regarde pas, qui elle est ! intervint Khaled avec exaltation.
    Je retins un grognement. Je n’aime pas beaucoup les garçons costauds qui s’expriment avec exaltation alors qu’ils ont leurs bras autour d’une fille que j’ai l’intention de leur enlever. S’il était prêt à la défendre contre un étranger dont les motifs pouvaient être parfaitement innocents, la situation risquait d’empirer quand j’aurais exposé le véritable but de ma visite impromptue.
    — D’abord qui es-tu ? aboya-t-il encore.
    — Didius Falco. Un ami de la famille.
    C’était vraiment de pauvres amateurs. Ils ne leur vint même pas à l’esprit de me demander de quelle famille.
    — Je vois que vous êtes amoureux l’un de l’autre, déclarai-je d’un ton pessimiste.
    Ils acquiescèrent tous les deux avec un air de défi que j’aurais trouvé charmant s’il n’avait été aussi inopportun.
    — On m’a raconté votre histoire. (C’était loin d’être la première fois qu’on m’engageait pour mettre fin à des liaisons mal assorties. J’avais donc acquis une certaine technique.) Mais j’aimerais bien entendre votre propre version.
    Comme tous les jeunes gens sans aucun sens moral, ils étaient fiers d’eux, et ils ne se firent pas prier pour obtempérer. Ils s’étaient rencontrés dans la ménagerie de Thalia, au cours du séjour de Habib à Rome. Il avait emmené son fils adolescent dans un but purement éducatif. Tout d’abord, Khaled s’était montré parfaitement raisonnable. Il était rentré en Syrie avec papa sans lui poser le moindre problème. Puis Sophrona avait tout envoyé balader pour le rejoindre. Il faut dire que les jeunes gens dont le père est très riche ont un côté romantique auquel il est difficile de résister. Sophrona se débrouilla donc à atteindre Damas sans se noyer en route. Elle ne se fit même pas violer pendant
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