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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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me le faisait savoir en hurlant de rire.
    Elle finit par se calmer. La situation était sérieuse.
    — Je crois que je connais le motif de la dispute. J’avais la preuve entre les mains depuis le début.
    — Oui, ton livre de chevet. La fameuse collection de plaisanteries sordides que Grumio avait reçue de sa famille ; son trésor, son talisman !
    Helena respira profondément.
    — Voilà pourquoi Tranio se conduit souvent de cette façon étrange. Il s’en veut de l’avoir donnée en gage à Heliodorus.
    — Et voilà aussi pourquoi Heliodorus est mort. Il a refusé de la rendre.
    — Marcus ! Tu crois qu’un des clowns l’a tué uniquement pour ça ?
    Ils avaient dû se disputer tous les deux avec le scribe à ce sujet. C’était sans doute pour cette raison que Grumio était venu le voir, le jour où il l’avait empêché de violer Byrria. Je me rappelais maintenant qu’elle m’avait dit les avoir entendus se quereller au sujet d’un manuscrit.
    — Alors, que se serait-il passé à Pétra, d’après toi ? L’un des clowns a fait une dernière tentative à la Haute Place pour persuader Heliodorus de lui rendre le parchemin, mais en ayant tout du long l’intention de le tuer ?
    — Peut-être pas. Je ne suis pas sûr que ce qui est arrivé avait été préparé… Et si c’était le cas, j’ignore si les deux clowns étaient complices. Ils prétendent qu’à Pétra ils étaient tous les deux complètement soûls dans leur chambre, au moment du meurtre. Il est évident qu’au moins un des deux était resté lucide… Quant à l’autre, difficile de savoir s’il ment ou s’il était effectivement ivre mort. Si l’un des deux a seulement feint de boire pour se préparer un alibi…
    — C’est qu’il y a eu préméditation ! m’interrompit Helena. La situation semble s’éclaircir, mais le motif me paraît extravagant ! Marcus, toi qui es un créateur, dit-elle sans aucune ironie, est-ce que la perte d’un texte ancien auquel tu tiens te mettrait dans un tel état que tu pourrais aller jusqu’à tuer pour le récupérer ?
    — Ça dépend, répliquai-je lentement. Si j’avais mauvais caractère, si ce texte constituait un peu mon gagne-pain ; et surtout si le texte était tombé entre les mains d’un scribe mal intentionné… Quoi qu’il en soit, il va falloir tester cette théorie.
    — Il ne nous restera plus beaucoup d’occasions.
    — Exact, mais c’est pas tout, ma chérie. Ce soir a lieu la première de ma pièce, alors je ne veux plus penser à ces meurtres. Tu verras, tout finira bien par s’arranger.
    Oui, tout. Mon histoire de fantôme ; Sophrona ; la découverte du meurtrier. Tout. Sans être un optimiste né, j’étais presque certain de ce que j’avançais.
    Mais cet optimisme ne se communiqua pas à Helena.
    — Oh ! ne plaisante pas, Marcus, c’est un sujet trop grave. Toi et moi n’avons jamais pris la mort à la légère.
    — Ni la vie, ajoutai-je.
     
    J’avais roulé sur moi-même pour la coincer sous moi, en prenant bien garde de ne pas toucher à son bras blessé. Je saisis alors son visage entre mes mains pour mieux l’étudier. Il était plus mince et plus placide depuis sa maladie, mais toujours éclairé par de profonds yeux marron où se lisait une grande intelligence.
    — Oh ! ma chérie. J’ai tellement eu peur de te perdre.
    — Je suis toujours restée consciente. Consciente de tout ce que tu as fait pour moi. Je t’aime, murmura-t-elle, d’une voix qui restait un peu coincée au fond de sa gorge.
    Nous nous connaissions si bien qu’il suffisait du plus petit changement de ton, d’une légère tension dans nos corps pour que nous comprenions le désir de l’autre. Et à ce moment-là, nous avions tous les deux envie de faire l’amour.
    Dehors, tout paraissait tranquille. Les comédiens répétaient toujours, ainsi que Thalia et ses artistes. À l’intérieur de la tente, deux ou trois mouches indiscrètes bourdonnaient contre le toit en peau de chèvre. Tout le reste était au repos. Enfin, presque tout.
    — Moi aussi, je t’aime.
    Cette fois elle n’avait pas eu besoin de me supplier de l’embrasser. Et j’étais entièrement concentré sur ce baiser. Le moment vint de trouver le pot d’onguent anti-bébé. Nous en étions conscients tous les deux. Mais ni Helena ni moi ne souhaitions rompre ce moment d’intimité. Nos regards se rencontrèrent et nous rejetâmes silencieusement l’idée.
    Oui, nous nous connaissions bien.
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