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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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suis donc votre ami !
    Le ton était légèrement amusé. Musa possédait le charme naturel et bon enfant d’un grand nombre d’habitants de cette région, et il n’hésitait pas à s’en servir à l’occasion. Il avait vite compris qu’appartenir à la famille Didius conférait le droit perpétuel de se conduire comme un imbécile.
    Pour enflammer Philadelphia, Chremes projetait de leur donner La Corde de Plaute, pièce qui ne comporte pratiquement pas de cordes, mais une malle fort disputée – dans la version grecque, il s’agissait d’une sorte de cartable, mais quand des Romains adaptent un texte, ils ont tendance à voir grand. Dans la représentation que nous avions envisagée, Tranio et Grumio seraient les deux protagonistes de cette échauffourée comique. Le numéro qu’ils avaient mis au point, très très drôle, était de nature à apprendre deux ou trois choses à un adaptateur débutant.
    À Philadelphia, je me fatiguai aussi pour rien à poser des questions au sujet de la musicienne disparue de Thalia. Et je ne récoltai pas davantage de renseignements sur le dénommé Habib – le mystérieux homme d’affaires syrien qui avait séjourné à Rome, où il avait manifesté un vif intérêt pour les jeux du cirque. Je me demandais si sa femme savait qu’au cours de son voyage, il avait montré autant d’intérêt, sinon davantage, pour la poitrine avantageuse d’une charmeuse de serpents que pour ses supposées affaires – « Oh ! tu n’as pas besoin de te poser de questions à ce sujet, m’assura Helena, elle le sait parfaitement ! ».
    En rentrant au bivouac, j’aperçus Grumio en train de s’entraîner à faire des cascades. J’allai le voir pour lui demander de m’apprendre à tomber d’une échelle, un truc que je pensais utiliser quotidiennement. C’était idiot de ma part. Je ne tardai pas à retomber sur la jambe que je m’étais cassée deux ans auparavant, et j’eus très peur de me l’être fracturée. En tout cas, j’avais réussi à me faire une belle meurtrissure et, laissant Grumio hocher la tête l’air soucieux, je regagnai ma tente en boitant bas.
    Je m’étendis sur le lit en geignant, tandis qu’Helena s’asseyait à l’extérieur avec un livre.
    — À qui la faute ? Alors ne viens pas te plaindre !
    J’admis à contrecœur qu’elle avait raison, que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi. Après un murmure qui exprimait sa sympathie – espérais-je –, elle laissa retomber le panneau fermant l’entrée, et je me retrouvai dans une semi-obscurité. Son attitude un peu trop satirique à mon égard n’était pas de nature à m’empêcher de faire un bon petit somme.
    Il s’était mis à faire chaud, et nous ne produisions aucun effort inutile, conscients que la température irait en augmentant. Il faut se montrer prudent quand on n’est pas habitué aux conditions extrêmes du désert. J’étais tout à fait d’humeur à dormir longuement, mais à l’instant où j’allais m’assoupir, j’entendis Helena héler un passant.
    J’aurais très bien pu n’y porter aucune attention… si la voix masculine qui lui répondit n’avait pas trahi autant d’infatuation. C’était une voix cuivrée aux intonations mélodieuses que je n’eus aucun mal à identifier : elle appartenait au superbe Philocrates, l’acteur qui se considérait comme un cadeau du Ciel pour toutes les filles.

23
    — Ah ! quelle heureuse surprise ! s’était-il exclamé, ravi d’avoir attiré l’attention de ma princesse.
    Les hommes n’avaient pas besoin d’un entretien préliminaire avec son banquier pour trouver Helena Justina à leur goût.
    Je restai où j’étais, mais je m’assis sur le lit et tendis l’oreille.
    De ma cachette, je l’entendis s’approcher. Les bottes de cuir élégantes qui mettaient ses chevilles viriles en valeur crissaient sur les graviers. S’il attachait une importance particulière à ses chaussures, ses vêtements étaient fort élimés. Il les portait cependant comme s’il se fût agi de la pourpre impériale – plus précisément, il les portait comme s’il s’apprêtait à s’en débarrasser dans un but lubrique. Quand on se trouvait assis dans un théâtre, il paraissait incroyablement beau aux spectateurs – difficile de prétendre le contraire. Et complètement idiot. Mais de très près, une certaine mollesse faisait penser à une prune de Damas bien mûre. Et, quoique bien proportionné, il n’en était pas moins

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