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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’hériter une religion sévère par le sang. En causant de tels dommages aux biens d’autrui, les maraudeurs venus de Judée voulaient exprimer clairement ce qu’ils pensaient de cette coupable tolérance. Ensuite, une armée romaine commandée par Vespasien avait à son tour exprimé clairement aux Juifs ce que nous pensions de leurs actions en détruisant leurs propres biens. Depuis, la Judée se tenait plutôt tranquille, et la Décapole jouissait d’une nouvelle période de stabilité.
    Philadelphia était entourée de collines aux pentes abruptes, sept en tout, mais beaucoup plus desséchées que celles de Rome. Une citadelle s’élevait à un endroit stratégique très escarpé, et toute la ville paraissait en dégringoler pour aboutir à une grande vallée agréablement parcourue de ruisseaux. Ici, pas besoin de citernes. C’était plutôt rassurant. Nous établîmes notre camp et nous abritâmes sous nos tentes, nous préparant à une longue attente pendant que notre chef allait négocier les termes d’une représentation.
    Nous nous trouvions maintenant dans la Syrie romaine. Lors de notre long voyage entre Pétra et Bostra, aidé par Helena, j’avais eu le temps de faire le gros du travail sur les documents que m’avait remis Chremes. Si bien qu’en route pour la Décapole, j’avais eu davantage de temps pour m’intéresser à l’environnement. La route de Bostra à Philadelphia passait pour être une bonne route. En réalité, on voulait dire par là que beaucoup de gens l’empruntaient – ce qui ne signifie pas forcément la même chose.
    La vie dans cette région n’était pas facile pour une troupe de comédiens ambulants. Les campagnards nous haïssaient parce qu’ils nous identifiaient avec les villes grécisées, et les citadins nous considéraient comme des nomades non civilisés. Dans les villages, où se tenaient chaque semaine des marchés, rien de ce que nous avions à offrir n’était susceptible d’intéresser les chalands. Quant aux cités, c’étaient des centres administratifs auxquels nous ne versions pas d’impôts et dans lesquels nous ne votions pas : nous ne les intéressions donc pas davantage.
    Si ces cités nous méprisaient, il y avait également de notre côté à nous, Romains, pas mal de préjugés. Nous nous représentions ces villes fondées par des Grecs comme des lieux où régnait la licence. Malheureusement, comme je ne tardai pas à le constater, Philadelphia n’était pas à la hauteur de cette réputation – et Jupiter sait si j’ai fouiné partout ! Elle avait beau paraître florissante, cette ville était l’image même d’un désert culturel pour un citoyen de Rome.
    J’en conclus que ce phénomène devait être typique. En l’absence des grandes voies caravanières, l’Orient n’eût été pour Rome qu’une zone de protection contre la puissance des Parthes. Et même les routes commerciales ne pouvaient altérer l’impression que les Dix Villes étaient de petites cités plantées au milieu de nulle part. Quelques-unes avaient gagné en importance en étant remarquées par un Alexandre qui se lançait à la conquête du monde – mais leur rôle dans l’histoire avait été établi par Pompée, quand il les avait libérées des perpétuelles agressions des Juifs en fondant la Syrie romaine. Syrie qui n’était importante que parce qu’elle constituait notre frontière avec les Parthes. Parthes qui s’agitaient furieusement de l’autre côté de l’Euphrate, à bien des milles de la Décapole. Jupiter soit loué.
    L’avantage, dans ces villes, c’était qu’on y parlait le grec. Nous allions donc y apprendre enfin quelques nouvelles.
    Comme de bien entendu, dès notre arrivée, Grumio n’avait pas manqué de faire remarquer narquoisement :
    — Maintenant, tu vas enfin pouvoir renvoyer ton « interprète » chez lui.
    — Pourquoi ? Pour empêcher quelqu’un de lui faire boire la tasse ? répliquai-je sèchement.
    Entendre cette réflexion alors que Musa était à peine sec de sa noyade manquée m’avait rendu furieux.
    Helena était intervenue alors avec plus de calme :
    — Musa n’est pas seulement notre interprète. Il est aussi notre compagnon de voyage et notre ami.
    Fidèle à son habitude, le prêtre n’avait fait aucun commentaire sur le moment. Il avait attendu que nous soyons tous les trois de retour sous notre tente. Une fois là, il avait haussé les sourcils d’une façon comique et commenté :
    — Je

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