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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dont jouaient les ménestrels… Ses récits m’avaient donné une furieuse envie de visiter Antioche, mais pour l’instant je devais me contenter de sa presque homonyme. Antioche-sur-Chrysorhoas avait aussi beaucoup à offrir, même si, personnellement, elle ne m’offrit pas de débauche avec ou sans ménestrels.
    Petite cité entourée de remparts, Gerasa s’était développée hors de ses murs, jusqu’à devenir un grand centre urbain arrosé par le Chrysorhoas – un simple ruisseau, comparé au Tibre ; tout juste s’il pouvait accueillir deux ou trois pêcheurs de menu fretin et quelques femmes battant leur linge. Pillée par les Juifs au cours de leur rébellion, puis de nouveau par les Romains – sous prétexte que l’un des chefs de la révolte juive était originaire de Gerasa –, la ville avait récemment été pourvue de nouveaux remparts surmontés de nombreuses tours de guet. Deux de ces tours défendaient la brèche qui permettait au fleuve de franchir la muraille, en formant une cascade haute de dix pieds. En attendant l’autorisation de pénétrer dans la cité, nous avions tout loisir de la contempler, un peu plus loin sur notre droite, et nous entendions distinctement le grondement de l’eau.
    — Ça m’a l’air parfait ici, pour les accidents ! lançai-je à la cantonade.
    Seul Musa prêta attention à mes paroles et acquiesça avec le sérieux dont il se départait rarement. Il me faisait penser à un fanatique prêt à tenter notre meurtrier, quitte à se sacrifier sur l’autel de la Vérité.
    Nous dûmes longtemps patienter à la porte sud, en attendant le bon vouloir du service des douanes. Gerasa était judicieusement située à l’embranchement de deux importantes voies commerciales. Le revenu qu’elle tirait du passage des caravanes était si important qu’elle avait survécu à deux pillages en règle, en procédant aux travaux de restauration qui s’imposaient. D’après le plan que nous vîmes plus tard, suspendu à l’endroit qui allait devenir la place principale de la cité, de fantastiques travaux de construction étaient en cours, et de nombreux autres prévus. Ils avaient commencé vingt ans plus tôt et allaient se poursuivre pendant plusieurs décennies. Les enfants qui grandissaient ici n’avaient jamais vu une seule rue dont une partie ne fût barrée par des maçons. Sur l’acropole, plusieurs petits temples étaient également en cours de restauration. Notre attente à la porte sud avait été rythmée par le bruit des maillets qui frappaient en cadence dans le sanctuaire de Zeus. Sans aucun état d’âme apparent, des entrepreneurs démolissaient avec le sourire de belles villas de la périphérie, pour faire place à un ambitieux forum de forme elliptique.
    Dans n’importe quelle autre ville de n’importe quel coin de l’Empire, j’aurais pensé que ces ambitieux projets ne verraient jamais le jour, mais Gerasa possédait magnifiquement l’art de se draper dans des colonnades. Notre propre interrogatoire de bienvenue nous donna un aperçu du genre de contribution – un autre mot pour pot-de-vin – que les habitants exigeaient des caravanes en provenance du royaume de Nabatène.
    — Nombre de chameaux ? aboya le douanier qui avait l’air de vouloir mener l’affaire rondement.
    — Douze.
    Ses lèvres se retroussèrent sur un sourire méprisant. Il avait l’habitude qu’on lui réponde plusieurs centaines. Il continua la lecture de son parchemin.
    — Des ânes ?
    — Aucun transportant des marchandises à vendre. Seulement des objets personnels.
    — Détaille-moi les chameaux. Quelles quantités de myrrhe dans des vaisseaux d’albâtre ?
    — Pas de myrrhe.
    — De l’encens ? D’autres aromates ? De la balsamine ? Un des quatre types de cardamome ?
    — Non.
    — Combien de cargaisons d’huile d’olive ? Quatre peaux de chèvres par cargaison ! lança-t-il plein d’espoir.
    — Pas d’huile d’olive.
    — Pierres précieuses, ivoire, carapaces de tortue, perles ?
    Pour essayer de gagner du temps, nous ponctuâmes son énumération de hochements de tête.
    — Des bois précieux ?
    — Rien de tout ça.
    Il commençait à se faire une idée, mais continua à nous énumérer des épices sans même avoir besoin de consulter sa liste :
    — Poivre, gingembre, cannelle, safran ?
    — Non.
    Il fit tout de même une nouvelle tentative :
    — Viande séchée ?
    — Pas du tout.
    — Nombre d’esclaves ? Outre ceux réservés à votre

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