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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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ta mère
? demanda-t-il à Denise à son entrée dans la maison.
     
    Il venait de
constater que les enfants étaient seuls dans la cuisine, placés sous la
surveillance de la fillette.
     
    — Dans votre
chambre, p'pa. Elle est un peu malade. Gérard s'empressa de retirer son manteau
et ses bottes
     
    avant de pousser
la porte de la chambre. Il retrouva une Laurette au teint blafard, étendue sur
le lit, en train de pleurer.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe ? demanda-t-il, soudainement très inquiet de la trouver là, plongée
dans le noir.
     
    — Je suis tombée,
dit-elle, la voix éteinte.
     
    — Où ça ?
     
    — Dans l'escalier
de la cave.
     
    — Qu'est-ce que
tu faisais là ?
     
    — J'étais allée
chercher une chaudière de charbon.
     
    — Cybole, je t'en
ai monté à matin, avant de partir, lui fit remarquer son mari, inquiet.
     
    — J'en ai manqué
et je voulais pas que la fournaise s'éteigne.
     
    — Tu t'es fait
mal ?
     
    Il y eut un long
silence dans la pièce avant que Laurette se décide à répondre à son mari.
     
    — J'ai perdu le
petit, dit-elle dans un souffle. Mes eaux ont crevé. J'ai manqué une marche,
expliqua-t-elle, sur un ton misérable.
     
    — Est-ce que je
peux entrer? demanda Denise de l'autre côté de la porte.
     
    La fillette était
inquiète de voir son père et sa mère réfugiés dans leur chambre à coucher, la
porte fermée. C'était là une nouveauté.      v
     
    — Non. Retourne
dans la cuisine t'occuper de tes frères, lui ordonna son père sans venir ouvrir
la porte.
     
    — Tu veux que
j'aille appeler le docteur Miron? demanda-t-il à sa femme.
     
    — C'est pas
nécessaire. Il est trop tard. Je l'ai perdu, dit-elle en se remettant à pleurer
à chaudes larmes.
     
    — Tu parles d'une
maudite malchance, fit Gérard, secoué, en s'assoyant au pied du lit.
     
    — En plus, je me
suis fait une entorse.
     
    — Laisse-moi
regarder ça, dit-il en se levant pour allumer le plafonnier.
     
    Il regarda avec
soin la cheville droite de sa femme qui avait doublé de volume.
     
    — Laisse-moi voir
si t'as rien de cassé, fit-il en palpant doucement sa cheville enflée. T'as
raison. On dirait ben que c'est juste une entorse. T'as rien mis dessus ?
     
    — Pas encore.
J'avais trop de peine pour le petit, avoua Laurette en s'épongeant les yeux.
     
    — Bon. Attends.
Je vais te préparer une guenille avec du beurre chaud pour ta cheville et après
ça, je vais m'occuper des enfants. Reste couchée.
     
    — Pour le souper
?
     
    — Inquiète-toi
pas. On va se débrouiller.
     
    J
     
    Après avoir
éteint la lumière, le jeune père de famille retourna dans la cuisine, fit
fondre un peu de beurre dont il enduisit un chiffon qu'il déposa dans une
serviette. Il vint panser la cheville de sa femme avec le cataplasme avant de
retourner auprès de ses enfants. Il cuisina le seul mets qu'il était capable de
préparer: une omelette. Tout en mangeant, il décida de surseoir au nouvel
aménagement de l'appartement qu'ils avaient prévu d'effectuer à la fin du
printemps.
     
    Après avoir
absorbé le choc initial, Gérard avait rapidement accepté la venue d'un
cinquième enfant, ce qui avait contribué à remonter le moral de Laurette. Ils
avaient décidé de renoncer à leur salon pour le transformer en chambre à
coucher. Jean-Louis devait hériter de la pièce pourvue d'une fenêtre tandis que
Gilles et Richard se seraient partagés la chambre du fond. Évidemment,
l'accident survenu à la mère remettait tout en question. D'un commun accord, on
décida de discuter plus tard de ces importantes transformations, ce qui déçut
passablement Jean-Louis.
     
    Pour sa part,
Laurette mit plusieurs jours à se consoler de la perte de son bébé. La jeune
mère ne cessait de penser à l'enfant qui ne naîtrait jamais et elle se blâmait
amèrement de son imprudence.
     
    — C'est de ma
faute, dit-elle à sa mère.
     
    — Ben non.
C'était un accident. Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Raisonne-toi un peu,
Laurette ! la sermonna Annette, lasse de la voir aussi déprimée. T'en as déjà
perdu un et t'en es pas morte ! Secoue-toi un peu.
     
    — Si vous saviez
comme ça me fait mal au cœur, reprit sa fille, comme si elle n'avait rien
entendu.
     
    — Je le sais que
c'est dur pour toi, chercha à la réconforter sa mère venue en visite, mais
pense à tes petits.
     
    — C'est le
deuxième que je perds, se lamenta Laurette, l'air misérable.
     
    —

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