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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Pense à
Pauline, à Marie-Ange et même à ta belle-sœur Colombe. Elles sont mariées
depuis longtemps et elles ont pas encore d'enfant. Toi, t'es chanceuse, t'en as
déjà quatre...
     
    Le temps fit tout
de même son œuvre. Encore une fois, Annette eut raison. Laurette eut tant à
faire avec ses quatre enfants qu'elle finit par surmonter peu à peu son
chagrin.
     
    Chapitre 20
     
    Jean-Louis
     
    Les semaines puis
les mois se succédèrent dans une banale mais rassurante routine. Denise termina
avec soulagement sa première année à l'école Sainte-Catherine et il fallut
inscrire Jean-Louis à l'école Champlain pour le mois de septembre suivant.
     
    L'été 1940 ne fut
pas uniquement marqué par de grandes chaleurs. La conscription des
célibataires, décidée par le gouvernement de Mackenzie King, poussa des
centaines de jeunes à se marier pour y échapper. Les observateurs prédisaient
que l'enrôlement de tous les hommes de dix-huit à quarante-cinq ans était
inéluctable et allait se produire dans un avenir rapproché.
     
    Pour Laurette,
comme pour certaines autres mères, tout ça n'était que de la politique et ne
l'intéressait pas le moins du monde aussi longtemps que sa famille n'était pas
menacée. Pour l'instant, elle était surtout préoccupée par le départ prochain
de son préféré pour l'école. Cette séparation lui était particulièrement
pénible.
     
    Le petit garçon
de six ans n'avait jamais quitté les jupes de sa mère pour participer aux jeux
des enfants de son âge qui se déroulaient quotidiennement dans la grande cour,
au-delà de la clôture des Morin. Il ne se tenait jamais bien loin d'elle,
quémandant de temps à autre une caresse.
     
    — Taboire, tu le
couves trop ! ne cessait de répéter Gérard à sa femme. Lâche-le un peu qu'il
aille s'épivarder avec les autres dehors.
     
    — Quand il va
s'être fait mal, c'est pas toi qui vas être poigné pour le soigner, rétorquait
Laurette, toujours prompte à prendre la défense de son fils aîné. Il est
délicat, cet enfant-là.        * „
     
    — Laisse-le au
moins aller jouer avec Gilles dans la cour. .
     
    — Il peut y aller
quand il veut, mais il aime pas ça. Gilles est ben trop jeune pour lui. Il aime
mieux jouer tout seul dans son coin. C'est un enfant tranquille, qu'est-ce que
tu veux que j'y fasse ?
     
    Gérard hochait la
tête et renonçait à persuader sa femme. Jean-Louis était le plus souvent assis
sur l'une des marches de l'escalier qui menait à l'étage, chez les Gravel, et
s'occupait à des riens. Pendant ce temps, son frère Gilles, âgé de deux ans,
s'amusait à creuser la terre de la cour avec de vieilles cuillères.
     
    Pour souligner
les débuts de Jean-Louis à l'école, Laurette tint à lui offrir des vêtements
neufs. Le jour de la rentrée des classes, elle laissa Denise se préparer seule
pour s'occuper presque exclusivement de son Jean-Louis. La fillette quitta
l'appartement avec Colette Gravel, empruntant un chemin qu'elle connaissait
maintenant par cœur.
     
    Lorsque le petit
garçon prit la direction de l'école Champlain en compagnie de sa mère et de ses
deux jeunes frères, il était vêtu comme un petit prince et soigneusement
coiffé. Il portait une chemise blanche et une petite cravate bleue, de la même
couleur que sa culotte. A son dos était sanglé un sac d'école brun tout neuf.
     
    Laurette le fit
entrer dans la cour de l'école, sise au coin des rues Logan et Fullum, près
d'un terrain vague.
     
    Quelques
centaines de jeunes avaient déjà envahi les lieux en ce premier jour de classe.
Six enseignants déambulaient tranquillement au milieu d'eux afin de les
empêcher de se chamailler. Jean-Louis semblait terrifié par le spectacle qu'il
avait sous les yeux et n'avait pas quitté sa mère d'un pouce.
     
    Plusieurs mères
de famille, regroupées au fond de la cour, avaient tenu à accompagner leur fils
à sa première journée d'école. Laurette remarqua que son fils était, de loin,
le mieux vêtu. La plupart des petits garçons portaient un vieux chandail ou une
chemise à manches courtes le plus souvent décolorée par de multiples lavages.
     
    Quand le
directeur de l'établissement apparut devant la porte arrière de l'institution
en agitant une grosse cloche, le silence tomba immédiatement sur les lieux. Les
instituteurs poussèrent devant eux les élèves éparpillés dans la grande cour
asphaltée de manière à ce qu'ils se regroupent devant

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