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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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lui.
     
    Jean-Louis se mit
alors à pleurer, suppliant sa mère de le ramener à la maison. Pris de panique,
il ne voulait pas rester. Laurette dut se fâcher pour lui faire entendre
raison.
     
    — Arrête de
brailler comme un veau ! lui ordonna-t-elle d'une voix cassante. Ça va faire !
Regarde. Il y a personne qui pleure autour de toi. Là, tu vas faire comme les
autres. À midi, quand tu reviendras, oublie pas de faire ce que je t'ai montré.
Regarde ben comme il faut avant de traverser les rues. Cours pas surtout.
     
    Au même moment,
trois institutrices âgées d'une quarantaine d'années apparurent comme par enchantement
au fond de la cour. Chacune tenait en main une liste. La plus âgée d'entre
elles s'approcha des enfants qui se tenaient avec leur mère en affichant un
sourire chaleureux.
     
    — Bonjour, je
suis madame Clément, dit-elle. Ceux que je vais nommer vont venir avec moi.
Vous allez voir, il y a toutes sortes de choses intéressantes dans l'école.
     
    L'institutrice
nomma l'un après l'autre une trentaine de noms parmi lesquels se trouvait celui
de Jean-Louis Morin. Ce dernier, la tête basse, la suivit, jetant tout de même
de nombreux regards suppliants derrière lui, au cas où sa mère se serait
laissée attendrir et l'aurait rappelé à elle.
     
    Lorsque l'enfant
revint à la maison ce midi-là, il n'eut qu'un seul commentaire :
     
    — J'aime pas ça,
l'école. C'est plate.
     
    — Eh ben, mon
petit gars, t'es mieux de t'habituer parce que je te garantis que t'en as pour
un bon bout de temps à y aller, lui dit sa mère. Tu viens juste de commencer,
ajouta-t-elle pour le rassurer, tu vas finir par aimer ça. Regarde Denise, elle
aime ça, elle.
     
    Le petit bonhomme
regarda sa sœur en train de manger et ne décela aucun enthousiasme dans le
visage de cette dernière. De fait, Denise n'aimait pas beaucoup l'école et ses
résultats scolaires de l'année précédente n'avaient pas été particulièrement
bons.
     
    — Les autres
m'achalent, finit-il par laisser tomber, au bord des larmes.
     
    — Pourquoi?
     
    — Ils trouvent
que je suis habillé drôle. Il y en a qui ont tiré sur ma cravate à la
récréation.
     
    — C'est juste des
jaloux, mon Jean-Louis, dit doucement sa mère. Tu vas Pôter, ta cravate, cet
après-midi.
     
    Les semaines
suivantes ne firent que confirmer la première impression de Jean-Louis: il
détestait l'école. L'apprentissage de l'écriture et de la lecture lui
paraissait particulièrement difficile et sa mère devait passer deux bonnes
heures chaque soir à ses côtés pour le faire étudier.
     
    Cet hiver-là,
Laurette dut aller rencontrer à deux reprises madame Clément pour discuter des
résultats scolaires de son fils. Ses notes n'étaient pas fameuses, mais, à
chacune de ses visites, elle s'entendit dire que son Jean-Louis était sage
comme une image en classe, ce qui suffisait à la rassurer.
     
    La jeune mère de
famille avait alors une autre raison de se réjouir. Elle venait de découvrir
qu'elle était enceinte de nouveau et espérait, cette fois, avoir une fille.
     
    — Ça va être ma
dernière, si c'est une fille, déclara-t-elle à sa mère après lui avoir appris
la bonne nouvelle.
     
    — Tu peux pas
savoir.
     
    — Oui, moi, je le
sais, prétendit-elle avec une assurance surprenante. Je suis ben décidée à
prendre les moyens pour que ça s'arrête là. J'ai pas l'intention d'élever toute
une tribu, bonyeu ! Il me semble que cinq, c'est un chiffre pas mal
raisonnable.
     
    — Attends que
monsieur le curé se rende compte que t'empêches la famille, fit sa mère, l'air
sévère.
     
    — Ça le regarde
pas pantoute, lui, s'insurgea Laurette. C'est pas lui qui les nourrit et les
habille, ces enfants-là. C'est nous autres.
     
    — Il va refuser
de te donner l'absolution, prédit Annette.
     
    — En v’là une
affaire !
     
    — Laurette, fais
attention à ce que tu vas dire! la prévint sa mère, près de se fâcher. As-tu
envie d'aller en enfer ?
     
    — Ayez pas peur,
j'irai pas m'en vanter, conclut sa fille sur un ton sans appel.
     
    — T'as pas peur que
le bon Dieu te punisse en te faisant perdre le bébé que tu portes ?
     
    — Voyons donc,
m'man ! Pensez-vous qu'il comprend pas, lui ?
     
    Annette se
résolut à changer de sujet de conversation. C'était la seule chose qu'elle
pouvait faire. Elle connaissait assez l'entêtement de sa fille pour savoir
qu'elle n'arriverait pas à la faire changer

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