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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tante ?
     
    — Comment ça ?
     
    — J'ai pensé que
tu pourrais peut-être envoyer ton Jean-Louis rester chez eux pendant le mois
d'août. Le grand air lui ferait du bien à ce garçon-là, et toi, ça te ferait un
enfant de moins à endurer.
     
    — Vous savez,
m'man, c'est pas le plus tannant de la gang.
     
    — Peut-être, mais
à part Denise, les autres sont trop jeunes pour aller là. Qu'est-ce que t'en
penses ?
     
    — Mon oncle et ma
tante accepteraient de le prendre ?
     
    — Je leur en ai
parlé. Ils sont pas contre l'idée. Ils m'ont dit que si vous vouliez laisser
partir votre gars, ils le prendraient chez nous en passant demain après-midi.
     
    De toute évidence,
Laurette était un peu tourmentée à l'idée de laisser partir son fils à
Saint-Guillaume. Elle se
     
    souvenait encore
à quel point ses frères Armand et Bernard se plaignaient de la quantité de
travail qu'ils avaient à faire quand ils s'y rendaient durant les étés de la
crise. Elle était surprise de constater que l'idée venait de sa mère, elle qui
avait toujours eu beaucoup de difficultés à voir partir Bernard et Armand, à
l'époque.
     
    — Vous pensez pas
qu'ils vont me l'éreinter à force de le faire travailler ? demanda-t-elle,
inquiète, à sa mère.
     
    — Ben non, la
rassura Annette. Ils sont pas fous. Et puis Adrien a changé en vieillissant. Il
sait ben qu'il peut pas demander la lune à un petit gars de dix ans.
     
    — Si c'est comme
ça, je vais en parler à Gérard quand il va revenir de l'ouvrage. S'il veut que
Jean-Louis y aille, je vais vous l'amener demain matin.
     
    Consulté dès son
arrivée à la maison, Gérard accepta de laisser partir son fils aîné, même si ce
dernier ne manifestait aucun enthousiasme à l'idée de s'éloigner de la maison
durant une aussi longue période.
     
    — C'est une
chance que t'as, cherchait à le raisonner sa mère. Il y a ben des enfants du
coin qui aimeraient ça aller passer un mois à la campagne.
     
    — Moi, ça me
tente pas pantoute, geignait Jean-Louis. Je les connais même pas.
     
    — Tu vas voir.
Ils sont pas mal fins.
     
    Le lendemain,
Laurette fit preuve de beaucoup de patience en écoutant les jérémiades de
Jean-Louis pendant qu'elle préparait les effets dont il aurait besoin. Un peu avant
midi, elle confia les plus jeunes à Denise et prit la direction de la rue
Champagne en compagnie de son fils, dont la mine boudeuse disait assez le peu
de goût qu'il avait de quitter les siens.
     
    Une heure plus
tard, ce dernier monta tout de même dans la vieille camionnette Fargo que les
Parent avaient achetée quelques mois auparavant. Tassé entre son grand-
     
    oncle et sa
grande-tante, le gamin disparut sur un dernier signe de la main. Le cœur lourd,
Laurette rentra rapidement chez elle retrouver le reste de sa marmaille.
     
    Le samedi
avant-midi suivant, Gérard était occupé à garder ses enfants quand un coup de
sonnette le tira de la lecture de son journal.
     
    — Denise, va donc
répondre, cria-t-il à sa fille en train d'amuser sa sœur Carole dans sa chambre.
     
    La fillette alla
ouvrir à un inconnu qui demanda à parler à sa mère ou à son père. Gérard quitta
à regret sa chaise berçante pour aller voir de quoi il s'agissait.
     
    — Je suis ben
chez les Morin? lui demanda un gros homme à l'air débonnaire.
     
    — Oui, répondit
Gérard, intrigué.
     
    — Je vous ramène
un petit gars qui s'ennuie de sa mère et de son père, dit l'étranger en
s'écartant pour laisser passer devant lui un Jean-Louis qui fixait le sol,
incertain de la réaction que son retour allait susciter.
     
    — Bon,
voulez-vous entrer boire quelque chose ?
     
    — Ce sera pour
une autre fois, dit l'autre. J'ai encore un paquet de commissions à faire avant
de rentrer chez nous. Je viens de Saint-Guillaume. J'ai rencontré Adrien hier
après-midi et il m'a demandé si ça me dérangerait pas de laisser chez vous
votre gars quand je lui ai dit que j'avais affaire à Montréal.
     
    — Qu'est-ce que
je vous dois pour votre dérangement, offrit Gérard en tirant son porte-monnaie
de l'une des poches de son pantalon.
     
    — Rien pantoute.
Ça a pas été un dérangement, dit l'homme avant de tourner les talons sur un
dernier sourire.
     
    Gérard le
remercia encore une fois avant de refermer la porte.
     
    — Veux-tu ben me
dire ce qui s'est passé ? demanda-t-il à son fils qui n'avait pas bougé du
couloir depuis son entrée dans

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