Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
vous, madame, ajouta-t-il à l'adresse de Laurette, plantée aux côtés
de sa voisine, je vous remercie ben gros d'avoir dépris mon chum. Il y a pas à
dire, vous êtes solide en maudit pour avoir été capable de lever une affaire
aussi pesante.
     
    Laurette se
contenta de sourire, l'homme monta à bord de son camion et démarra.
     
    A son arrivée à
bord du taxi Vétéran qu'il conduisait depuis quelques mois, Charles Gravel
découvrit le réfrigérateur un peu bosselé au pied de son escalier. Le grand
homme à la calvitie avancée souleva sa casquette pour se gratter la tête. De la
fenêtre, à l'étage, sa femme lui raconta l'accident.
     
    — Pour moi, il
marchera plus, lui dit-il. Dans ce cas-là, ça vaut pas la peine de forcer comme
des bœufs pour le monter en haut.
     
    — Ça se peut
qu'il marche encore, intervint Bernard Bélanger, qui venait de sortir sur le
pas de sa porte.
     
    — C'est ben
possible, ajouta Gérard en apparaissant à son tour à l'extérieur.
     
    Charles Gravel
n'eut pas à chercher de l'aide. Ses deux voisins unirent leurs efforts aux
siens pour hisser le lourd appareil jusqu'à sa cuisine où il fut aussitôt
branché. Instantanément, un ronronnement rassurant se fit entendre.
     
    — Ah ben
sacrifice, il marche ! s'exclama le voisin avec bonne humeur. Je pensais ben
être pris pour faire une croix sur mon héritage de la tante, mais non ! Il faut
fêter ça ! Prendriez-vous quelque chose à boire ?
     
    Une dizaine de
jours plus tard, les vacances scolaires débutèrent. Ce vendredi matin-là,
Jean-Louis et Denise avaient quitté l'appartement tout excités à la perspective
de revenir à la maison avant la fin de l'avant-midi pour toute la durée de
l'été.
     
    — Sœur
Sainte-Rose nous a dit qu'on aurait des prix, dit Denise à sa mère, pendant que
cette dernière peignait avec soin les cheveux de Jean-Louis.
     
    — Nous autres
aussi, on va en avoir, affirma le gamin.
     
    — C'est correct.
C'est correct, répéta Laurette, impatiente. Vous allez être en retard. Il a
commencé à mouiller. Prenez les vieux parapluies dans le fond du garde-robe et
oubliez pas de les rapporter.
     
    Les deux enfants
filèrent, légers comme le vent. Un peu avant onze heures, Denise revint la
première à la maison, en affichant un air un peu piteux.
     
    — J'ai rien eu,
dit-elle à sa mère-en déposant son parapluie dans l'entrée. C'est pas juste !
Colette Gravel en a eu deux, elle.
     
    — Il me semble
que t'aurais pu avoir au moins le prix d'assiduité, dit sa mère. T'as pas
manqué une journée de l'année.
     
    — On était quatre
à pas avoir manqué. La sœur a fait tirer le prix et je l'ai pas gagné, expliqua
la fillette en lui tendant son bulletin.
     
    Cette dernière
consulta brièvement le document et le referma en réprimant un soupir de
soulagement.
     
    — Au moins t'as
passé ton année avec soixante-deux pour cent. C'est pas fort, mais l'année
prochaine, tu vas être en sixième. Là, va te changer pour pas te salir.
     
    Le bruit de la
porte d'entrée annonça l'arrivée de Jean-Louis. Sans un mot, il tendit, lui
aussi, son bulletin à sa mère.
     
    — C'est pas vrai
! s'écria Laurette. Ah ben, bonyeu ! Comment ça se fait qu'il te fait doubler
ton année ?
     
    — Je sais pas,
m'man. Coutu m'a rien dit.
     
    — Il va entendre
parler de moi, lui ! Il viendra pas me faire croire que t'as travaillé comme un
fou pour rien toute l'année.
     
    i
     
    — Vous pourrez
pas lui parler aujourd'hui, m'man. Il nous a dit qu'il partait en vacances en
même temps que nous autres.
     
    — J'en reviens
pas ! Qu'est-ce que tu vas aller faire dans une classe auxiliaire ? C'est une
place pour les queues de classe...
     
    Durant tout le
reste de la journée, Laurette remâcha sa colère et son dépit, incapable de
comprendre la décision de Léon Coutu, l'instituteur de quatrième année de
l'école Champlain qu'elle était allée rencontrer à trois reprises durant
l'année scolaire.
     
    Lorsque Gérard
rentra de la Dominion Rubber, elle déposa devant lui les relevés de notes de
leurs enfants.
     
    — Va faire un
tour dans ta chambre, dit-elle à Jean-Louis qui venait d'entrer dans la maison
derrière son père.
     
    — Bon. Qu'est-ce
qui est encore arrivé? demanda ce dernier, qui n'aspirait qu'à lire son journal
en toute quiétude.
     
    — Denise passe,
mais ils veulent mettre Jean-Louis dans une classe auxiliaire l'année
prochaine. Ils lui

Weitere Kostenlose Bücher