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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Laurette se précipitait vers la porte arrière et
l'ouvrait pour crier à son fils de rentrer tout de suite. Elle ne le vit pas
dans la cour. Le cherchant des yeux, elle entendit un bruit au-dessus de sa
tête et vit quelque chose dévaler l'escalier abrupt qui conduisait à l'étage
supérieur. Parvenu presque à la clôture, Richard se releva, tout content de sa
descente. Il ramassa son bout de carton et se tourna" vers sa mère.
     
    — Arrive ici, toi
! lui ordonna-t-elle. Dépêche !
     
    Le gamin revint
vers la maison sans grand entrain et laissa son carton sur le balcon. Au moment
où il se présentait devant la porte, cette dernière s'ouvrit et Laurette
l'attrapa par un bras et le fit entrer dans la cuisine beaucoup plus rapidement
qu'il ne l'aurait fait sans aide.
     
    — Ote ton manteau
et tes bottes, lui ordonna-t-elle. Richard obéit.
     
    — Qu'est-ce que
je t'avais dit de faire avant de t'envoyer jouer dehors, toi ? lui
demanda-t-elle en se plantant devant lui.
     
    — Faire un
bonhomme de neige, mais ça me tentait pas, m'man.
     
    — Maudit
sans-dessein ! T'es pas capable de comprendre que c'est dangereux de glisser
comme ça dans un escalier ?
     
    — C'est le fun.
     
    — C'est le fun!
Est-ce que ça, c'est l’fun ? lui demanda sa mère en lui flanquant une tape
retentissante sur les fesses. Quand madame Gravel t'a dit d'arrêter, est-ce que
t'as arrêté? Non. Ben, celles-là, c'est pour t'apprendre à obéir, espèce de
tête de cochon.
     
    Ce disant,
Laurette lui administra deux autres tapes bien senties au même endroit.
L'enfant se mit à pleurer, mais elle n'en tint aucun compte.
     
    — A cette heure,
va te coucher jusqu'au dîner.
     
    La correction
n'eut cependant pas un effet prolongé sur l'enfant hyperactif, qui éprouvait un
besoin incoercible de bouger.
     
    Trois jours plus
tard, Laurette fut alertée par un bruit fracassant suivi par les cris et les
pleurs de Carole. Elle lâcha son fer à repasser et se rendit hâtivement dans sa
chambre, où était installé le petit lit de la fillette.
     
    — Bonyeu, des
plans pour l'estropier ! s'exclama-t-elle en apercevant le lit renversé sur le
côté et l'enfant par terre, pleurant à fendre l'âme.
     
    L'air piteux,
Richard était coincé entre le lit de sa sœur et le pied du lit de ses parents.
De toute évidence, il avait tenté d'enjamber l'un des côtés du petit meuble que
sa mère maintenait relevé pour empêcher la petite fille de tomber.
     
    — Qu'est-ce que
t'as encore fait là? lui cria Laurette en s'empressant de prendre Carole dans
ses bras pour s'assurer qu'elle n'avait rien de brisé.
     
    — Rien, m'man.
J'ai juste voulu aller jouer avec elle dans son lit.
     
    Ce fut plus fort
qu'elle. Sa main droite assena une solide taloche à son fils.
     
    — Sors d'ici et
va te mettre à genoux dans la cuisine, lui ordonna-t-elle en se penchant pour
relever le petit lit.
     
    Le garçon alla
s'agenouiller dans un coin de la cuisine, face au mur. Depuis, quelques semaines,
sa mère, à bout de ressources, avait trouvé cette méthode pour le punir quand
il devenait insupportable. Annette la lui avait conseillée plutôt que de battre
l'enfant qui semblait s'endurcir. Laurette, qui se contentait rarement de
demi-mesures, avait fini par adopter les deux méthodes à la fois. Elle giflait
d'abord puis envoyait Richard s'agenouiller dans la cuisine, durant une
vingtaine de minutes.
     
    — Pendant qu'il
est là, disait-elle à Gérard, je sais au moins qu'il est pas en train de me
faire un autre mauvais coup.
     
    Le printemps 1945
fut hâtif, ce qui soulagea d'autant plus les Morin qu'ils purent faire des
économies de frais de chauffage. Dès le début du mois d'avril, toute trace de
neige avait disparu dans le quartier. Bien sûr, on n'en était pas encore à
enlever les contre-fenêtres pour les remplacer par les persiennes, mais ce
n'était plus qu'une question de jours.
     
    Un jeudi matin,
Honoré s'arrêta chez sa fille, comme il le faisait trois ou quatre fois par
semaine, pour lui laisser un bloc de glace. Pendant que son grand-père buvait
une tasse de thé en compagnie de sa mère, Richard vint demander la permission
d'aller jouer avec le petit André Lévesque qui l'appelait de l'autre côté de la
clôture. Laurette accepta, soulagée de ne pas avoir à le surveiller durant une
heure ou deux.
     
    Depuis trois
semaines, les deux enfants jouaient de plus en plus souvent ensemble. André
Lévesque demeurait

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