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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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l'appartement.
     
    — Ben, c'était
plate, p'pa. Tous les jours, j'étais obligé d'aller aux bleuets avec ma tante.
Il fallait tout le temps travailler.
     
    — T'es même pas
resté là une semaine, lui fit remarquer son père avec humeur. Travailler, c'est
normal. T'es rendu à dix ans, cybole ! T'as plus l'âge de passer toutes tes
journées à jouer comme un bébé. .
     
    Jean-Louis ne
répondit pas. Il avait l'air misérable avec son grand sac déposé à ses pieds.
     
    — Bon. Va placer
ton linge dans tes tiroirs et mets ton linge sale dans la laveuse, lui ordonna
son père avant de retourner à son journal.
     
    Quand Laurette
revint de son lèche-vitrine hebdomadaire, elle sursauta en apercevant son fils
aîné assis dans la cuisine en train de lire les bandes dessinées de La Patrie.
     
    — Qu'est-ce que
tu fais là, toi? lui demanda-t-elle en déposant sa bourse sur la table de
cuisine.
     
    — Je m'ennuyais
trop, m'man. Un voisin de mon oncle m'a ramené.
     
    — Où sont tes
affaires ?
     
    — Je les ai replacées
dans mes tiroirs.
     
    — Bon. C'est
correct. Viens m'embrasser. Jean-Louis se leva et alla déposer un baiser sur la
joue
     
    rebondie de sa
mère, tout heureuse de l'avoir de nouveau à la maison. Après s'être enquis des
autres enfants auprès de Denise, elle vint rejoindre son mari sur le balcon
arrière.
     
    — Il est pas
resté longtemps, lui fit-il remarquer en parlant de Jean-Louis.
     
    — Il s'ennuyait.
Ça se comprend. Il est pas habitué d'être loin de nous autres.
     
    — Cybole,
Laurette ! Sors-le d'en dessous de tes jupes, cet enfant-là ! C'est pas normal
pantoute qu'il passe son temps dans la maison. Si au moins il allait jouer avec
des chums...
     
    — C'est ça!
s'emporta sa femme. T'aimerais mieux qu'il devienne un bum à traîner partout.
Tu devrais en être fier, c'est un bon petit gars ben tranquille.
     
    Gérard renonça à
poursuivre cette discussion inutile. Il se contenta de secouer la tête et se
replongea dans la lecture de son journal.
     
    Le lundi suivant,
Maurice Duplessis remporta haut la main les élections générales dans la
province, pour la plus grande joie de Gérard. Les observateurs furent stupéfiés
quand ils s'aperçurent que le député de Trois-Rivières était parvenu à faire
élire quarante-huit députés contre trente-sept pour les libéraux. De l'avis
unanime, le grand perdant fut le Bloc populaire d'André Laurendeau avec quatre
élus.
     
    — Ça apprendra
aux rouges à venir rire du monde. Ils ont voulu nous mentir en pleine face avec
la conscription en 1939, tant pis pour eux autres, déclara-t-il, rancunier.
     
    — T'es même pas
allé voter, lui fit remarquer Laurette, acide.
     
    — Toi non plus,
rétorqua-t-il.
     
    — Je comprends
rien là-dedans et ça m'intéresse pas pantoute. Toi, par exemple, t'as pas
arrêté de parler pour Duplessis pendant des semaines, puis tu lui as même pas
donné ton vote, dit-elle, sarcastique.
     
    — Tu sauras que
Duplessis en avait pas besoin, affirma son mari sur un ton péremptoire.
     
    — Une chance que
tout le monde dit pas la même chose que toi, se moqua sa femme. En tout cas,
là,
     
    c'est fini. On va
au moins pouvoir écouter nos programmes tranquilles, le soir, ajouta-t-elle en
affichant un air satisfait.
     
    ti
     
    ¦
     
    r
     
    Chapitre 25
     
    Richard
     
    L'année se
termina sur des nouvelles encourageantes. Le débarquement en Normandie était un
succès. Les armées alliées progressaient à travers la France et l'Italie,
laissant ainsi espérer une fin prochaine d'un conflit qui allait entrer bientôt
dans sa sixième année. Par ailleurs, si seulement Laurette avait su ! Mais
comment prévoir que Gérard se passionnerait autant, dès le début de l'automne,
pour la nouvelle saison du Canadien de Montréal? Assis près de la radio, il ne
ratait aucun match disputé par son idole, Maurice Richard, même si la voix du
commentateur, Michel Normandin, avait le don d'énerver sa femme.
     
    — C'est un jeu
niaiseux, ne cessait-elle de répéter avec humeur. Pourquoi ils donnent pas une
rondelle à chacun ? Comme ça, ils arrêteraient de tous courir après la même,
ces innocents-là !
     
    Gérard faisait
alors la sourde oreille, se contentant de hausser les épaules. Lorsque le père
de famille n'écoutait pas la retransmission des matchs de hockey, il lisait son
journal, surveillant toujours de près les premières décisions du gouvernement
Duplessis.

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