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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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font
     
    doubler sa
quatrième année. Ça a pas d'allure ! décréta-t-elle, les mains plantées sur les
hanches.
     
    Le père de
famille étudia longuement le bulletin scolaire de son fils avant de donner son
opinion.
     
    — Il y a rien à
dire. Presque toutes ses notes sont en bas de soixante pour cent. C'est normal
qu'ils le fassent doubler. Il passe pas.
     
    — Mais verrat, il
a fait son possible toute l'année !
     
    — Ben oui, mais
faut croire que c'était pas assez, laissa tomber sèchement son mari en lui
remettant les relevés de notes.
     
    — Évidemment,
toi, ça te fait rien que ton garçon perde une année et qu'il se ramasse dans
une classe de niaiseux l'année prochaine, dit-elle, l'air mauvais.
     
    — Veux-tu ben
arrêter, taboire ! s'emporta Gérard, à son tour. T'es toujours là derrière lui
à le minoucher et à lui dire qu'il est le plus beau et le plus fin. Ben,
réveille-toi ! Il est peut-être pas laid, mais c'est pas une lumière.
     
    — On dirait que
tu l'aimes pas, l'accusa sa femme.
     
    — Ça a rien à
voir pantoute avec ce qui lui arrive. Ouvre tes yeux, Laurette ! lui
ordonna-t-il. Notre gars a de la misère à l'école, même si t'as passé toutes
tes soirées à lui pousser dans le dos. Il a pas eu soixante pour cent, c'est
normal qu'ils lui fassent doubler son année.
     
    — Je suis sûre
que c'est parce que son professeur l'aimait pas, avança-t-elle, vindicative.
     
    — Tant que tu vas
penser comme ça, il va en arracher encore plus à l'école. C'est pas en
critiquant les professeurs qu'il va devenir meilleur. Ça va juste être pire
parce qu'ils vont le prendre en grippe, ajouta son mari sur un ton raisonnable.
Essaye de te souvenir quand t'allais à l'école. Je suis certain que ton père ou
ta mère ont jamais critiqué les sœurs.
     
    Apparemment
domptée, Laurette lui tourna le dos pour poursuivre la préparation de son
souper.
     
    Une semaine plus
tard, le premier ministre Adélard Godbout annonça la tenue d'élections
générales le 8 août. Pour la première fois dans l'histoire de la province, la
lutte allait se faire à trois. André Laurendeau, le chef du Bloc populaire
provincial, promettait une bataille serrée contre les deux vieux partis qui
avaient permis que King impose la conscription dans une province où on l'avait
très majoritairement rejetée.
     
    — Là, on va avoir
un été plate à mon goût, déclara Laurette avec humeur quand elle apprit la
nouvelle. On n'a pas fini de les entendre se dire des bêtises tous les jours à
la radio. Avec ça, on va manquer un paquet de nos bons programmes. Moi, leur
maudite politique, je trouve ça tellement ennuyant. Ils sont tous pareils.
     
    — C'est parce que
tu comprends rien à ça, répéta encore une fois son mari en arborant une mine
satisfaite. Attends d'entendre Duplessis, tu vas voir comment il va te les
arranger, Godbout et Laurendeau.
     
    Au fil des
semaines, cet été-là, Gérard suivit avec attention les débats alors que les
nerfs de la mère de famille étaient mis à rude épreuve avec cinq enfants
turbulents qui ne pouvaient aller plus loin que le balcon arrière à cause
d'averses incessantes.
     
    Au début du mois
d'août, Annette vint rendre visite à sa fille un lundi matin, au moment où elle
commençait son lavage. À son arrivée, le parquet de la cuisine était jonché de
vêtements que la ménagère avait répartis selon leur couleur. Les enfants se
précipitèrent vers leur grand-mère, qui s'empressa de tous les embrasser.
     
    — Mon Dieu,
m'man, vous êtes de bonne heure à matin
     
    pour faire vos
visites ! s'écria Laurette en invitant sa mère à s'asseoir.
     
    — On a eu de la
visite rare hier après-midi après que vous soyez partis, dit Annette. Ton oncle
Adrien et ta tante Rose sont arrêtés en passant.
     
    — Qu'est-ce
qu'ils venaient faire en ville ?
     
    — Ils s'en
allaient à Rawdon. Une sœur de ta tante est morte vendredi passé. Ils avaient
l'intention de rester à Rawdon jusqu'à demain matin pour aller aux funérailles.
Ils sont supposés arrêter en revenant..
     
    — Qu'est-ce
qu'ils avaient de nouveau ?
     
    — Pas
grand-chose. Ils sont comme nous, ils vieillissent. Comme ils ont pas d'enfant,
ils s'ennuient un peu, tout seuls sur leur terre.
     
    Laurette se leva
un moment pour éteindre le poêle à huile sur lequel elle avait mis de l'eau à
bouillir.
     
    — Sais-tu que
j'ai pensé à toi en écoutant parler ton oncle et ta

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