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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pâle.
     
    — Qu'est-ce que
tu fais là? Tu travaillais pas aujourd'hui?
     
    — Oui, se
contenta-t-il de répondre en enlevant ses couvre-chaussures. J'ai été obligé de
lâcher la^ pour aller à l'hôpital.
     
    Laurette mit
quelques secondes avant de réaliser ce que son frère venait de lui dire.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe ? Pourquoi t'es allé là ?
     
    — P'pa est mort à
midi, laissa tomber Armand tout à trac.
     
    — Ben voyons
donc, maudit verrat, ça se peut pas! s'insurgea Laurette en vacillant
légèrement. Je l'ai vu hier après-midi, il allait mieux.
     
    — C'est vrai
qu'il avait l'air pas mal mieux hier. Je suis allé le voir avec Pauline, il
avait même l'air de respirer plus facilement.
     
    Laurette se mit à
pleurer, une main serrée sur son cœur, comme si elle craignait qu'il éclate.
     
    — Viens t'asseoir
une minute, parvint-elle à dire à son frère entre deux sanglots en l'entraînant
vers la cuisine.
     
    — A l'hôpital, le
docteur m'a dit que c'est son cœur qui a lâché, précisa Armand d'une voix douce
en s'assoyant. Il paraît qu'il y avait plus rien à faire. Quand la garde-malade
est entrée dans sa chambre, il respirait plus.
     
    À cette seule
évocation, de nouveaux sanglots firent suffoquer Laurette.
     

— Là, je suis
venu te chercher parce que m'man le sait pas encore.
     
    — Bernard?
     
    — Bernard est
déjà à l'hôpital. J'ai téléphoné à sa job. Il est arrivé avec Marie-Ange
presque tout de suite. Si tu te sens pas capable de venir avertir m'man avec
moi, je vais y aller tout seul.
     
    — Non. Donne-moi
une minute pour laisser Carole à madame Gravel, au-dessus, fit Laurette en
s'essuyant les yeux. Elle va s'en occuper jusqu'à ce que Denise revienne de
l'école.
     
    Quelques minutes
plus tard, le frère et la sœur quittèrent ensemble l'appartement de la rue
Emmett en direction de la rue Champagne. Laurette avait garni les poches de son
large manteau de mouchoirs.
     
    — J'espère juste
une affaire, dit-elle. J'espère que m'man est pas partie toute seule voir p'pa
à l'hôpital. Tu t'imagines le choc.
     
    — C'est pour ça
que j'ai demandé à Bernard et à Marie-Ange d'attendre que je revienne. Si elle
va à l'hôpital, ils vont être là pour lui annoncer la mauvaise nouvelle.
     
    Au moment de
sonner à la porte du logement de ses parents, Laurette souhaita en son for
intérieur que sa mère soit déjà partie à l'hôpital pour échapper à l'obligation
de lui apprendre la mort de son père. Malheureusement, Annette était à la
maison.
     
    — Qu'est-ce que
vous faites tous les deux ensemble? leur demanda-t-elle en leur ouvrant la
porte.
     
    Puis, elle sembla
réaliser toute l'étrangeté de la situation.
     
    — Votre père va
pas plus mal, j'espère? demanda-t-elle, soudain alarmée.
     
    Laurette ne put
se retenir plus longtemps et éclata en sanglots en prenant sa mère dans ses
bras. Annette se rebella et repoussa sa fille.
     
    — Allez-vous
finir par me dire ce qui se passe à la fin ? dit-elle en élevant la voix.
Qu'est-ce qu'il y a ?
     
    — Le cœur de p'pa
a lâché, m'man, annonça Armand d'une voix éteinte.
     
    — Comment ça,
lâché ?
     
    — La garde-malade
l'a trouvé mort dans son lit, à midi. Il paraît qu'il a pas souffert pantoute.
     
    — Mort ! Mais ça
a pas d'allure une affaire de même ! Il peut pas être mort! Il peut pas m'avoir
fait ça! s'écria Annette. Un homme aussi fort que votre père peut pas être
parti comme ça.
     
    Annette éclata en
sanglots convulsifs. Laurette et Armand l'entraînèrent vers la cuisine où ils
lui firent boire un verre d'eau pour l'aider à se remettre. Laurette lui tendit
un mouchoir.
     
    — On est venus
vous chercher pour aller le voir à l'hôpital, m'man, fit-elle tout bas. Bernard
est déjà là-bas.
     
    — Il est mort
sans recevoir l'extrême-onction, dit sa mère, comme si elle n'avait pas
entendu.
     
    — Il l'a reçue,
m'man, affirma Armand. Je l'ai demandé à la sœur avant de partir.
     
    — Bon. Donnez-moi
une minute pour me préparer, quémanda Annette en essayant vainement d'arrêter
de pleurer.
     
    — Prenez votre
temps, m'man, lui conseilla Armand. Je vais aller chercher un taxi sur
Sainte-Catherine pendant que vous vous préparez.
     
    Quelques minutes
plus tard, Annette pénétra dans l'hôpital, encadrée par ses deux enfants.
     
    — L'heure des
visites est finie, s'interposa un préposé.
     
    — Mon père vient
de mourir.

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