Des rêves plein la tête
familiales.
— Ça va être
juste, mais on va être corrects, conclut sa femme.
Elle vint prendre
place au bout de la table autour de laquelle Denise, Jean-Louis, Gilles et
Richard étaient assis.
Gilles fut le
premier à lui tendre son livre de catéchisme pour qu'elle l'interroge sur la
matière qu'il avait à étudier.
— Tes devoirs
sont déjà finis ?
— Oui.
Voulez-vous les voir ? demanda le petit garçon en se penchant déjà sur son sac
d'école.
Il en extirpa un
cahier, l'ouvrit à la bonne page et le tendit à sa mère qui le consulta
brièvement avant de le lui remettre.
— C'est correct.
C'est propre. T'as juste oublié d'écrire ton JMJ dans la marge, au commencement
de ton devoir, lui fit-elle remarquer.
— Moi aussi, j'ai
fini, annonça Denise quelques minutes plus tard. J'ai pas de catéchisme à
apprendre à soir.
— Si c'est comme
ça, regarde les lettres faites par Richard dans son cahier et fais-lui
recommencer celles qui sont mal faites, lui demanda sa mère. Toi, Jean-Louis,
as-tu fini ton devoir ?
— J'achève,
m'man.
— Dépêche-toi que
je passe pas ma soirée à jouer à la maîtresse d'école, le prévint sa mère en
allumant la cigarette qu'elle venait de tirer de son étui.
Un peu après huit
heures, tous les travaux scolaires étaient terminés et les leçons apprises.
Laurette avait retenu de sa visite effectuée à la fin du mois de novembre aux
écoles Sainte-Catherine et Champlain que trois de ses quatre enfants risquaient
de redoubler leur classe s'ils ne se montraient pas plus travailleurs. Seul
Gilles avait obtenu quelques timides éloges de son institutrice, mademoiselle
Mercier. Depuis, la mère de famille s'était montrée intraitable. Chaque soir,
elle vérifiait soigneusement les travaux scolaires et les leçons de chacun.
Dès que les
enfants furent couchés, Gérard et Laurette allumèrent la radio pour écouter
Métropole, l'une de leurs
émissions
radiophoniques préférées. Ils syntonisèrent ensuite CKAC pour se laisser bercer
par un récital du soldat Lebrun.
Un peu avant onze
heures, ils allaient éteindre la radio quand quelqu'un vint frapper à leur
porte.
— Veux-tu ben me
dire qui vient nous déranger aussi tard ? demanda Laurette, surprise.
Gérard ne se
donna pas la peine de lui répondre. Il alla ouvrir et revint dans la cuisine en
compagnie de son beau-frère Armand.
— Armand !
Qu'est-ce qui se passe ? demanda Laurette, stupéfaite de découvrir son frère.
Qu'est-ce que tu fais dehors aussi tard ?
— J'ai pas sonné
pour pas réveiller les enfants, dit-il en évitant de répondre à sa question.
— Est-ce que
c'est Pauline qui est malade ?
— Non. C'est
p'pa.
— Comment ça,
p'pa ? Qu'est-ce qu'il a ?
— Après le
souper, je suis arrêté voir p'pa et m'man une minute. P'pa était blanc comme un
drap. Il avait pas l'air dans son assiette pantoute. M'man était inquiète. Il
paraît que depuis deux jours, même s'il faisait de la fièvre, il est allé
travailler pareil. M'man voulait qu'il reste à la maison, mais tu le connais, il
a pas voulu l'écouter. Ça fait qu'à soir, il toussait comme un perdu et il
étouffait.
— Puis?
— Il pouvait pas
rester comme ça. Quand j'ai parlé d'hôpital, il a d'abord rien voulu savoir. Il
a fallu que m'man le supplie presque à genoux pour qu'il accepte de venir avec
nous autres à Notre-Dame. On a pris un taxi et on a fini par y aller. T'aurais
dû voir la tête de p'pa. C'était comme si on l'avait conduit à l'échafaud.
— Je comprends,
fit Laurette. Il a jamais été malade de sa vie.
— Ben là, il
l'est, reprit son frère. Sa grippe, c'est une bonne pneumonie. Ça a pas pris de
temps que les sœurs l'ont installé dans une chambre en dessous d'une tente à
oxygène. Il voulait pas rester là pantoute. Il voulait s'en venir avec nous
autres quand la sœur nous a demandé de partir.
— Une
pneumonie... C'est grave! fit remarquer Laurette, soudain très inquiète.
— C'est grave,
mais ça se soigne d'après le docteur Paradis, dit son frère pour la rassurer.
— Quand est-ce
qu'on peut aller le voir ?
— Aux heures de
visites. De deux heures à quatre heures, l'après-midi, et le soir, de sept à
neuf.
— Et m'man ?
— J'ai voulu
qu'elle s'en vienne coucher chez nous pour pas qu'elle reste toute seule dans
l'appartement. Elle a
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